Dans le cadre de son IPO, la biotech Pharnext espère lever environ 36,4 millions d’euros sur le marché d’Alternext Paris, afin de mettre au point des pléomédicaments. Ces combinaisons de médicaments déjà existants visent à mieux traiter les maladies neurodégénératives, à commencer par celles de Charcot-Marie-Tooth et d’Alzheimer.
Un concept innovant pour trouver des remèdes aux maladies neurodégénératives ne bénéficiant pas de traitement efficace. C’est ainsi que Daniel Cohen présente la pléothérapie. Le fondateur et directeur général de Pharnext mise sur la Bourse pour permettre à la société biopharmaceutique de développer ses produits. Il escompte lever entre 36,4 et 48,2 millions d’euros, grâce à l’augmentation de capital effectuée à l’occasion de l’introduction en Bourse de l’entreprise sur le marché d’Alternext Paris.
L’argent frais doit servir à mettre au point deux pléothérapies. Cette approche « combine à faible dose des médicaments déjà existants pour d’autres maladies, repositionnés dans de nouvelles indications », explique Pharnext dans un communiqué. Autrement dit, la biotech se base sur des médicaments déjà utilisés dans le traitement d’autres pathologies pour développer de nouveaux remèdes destinés à lutter contre des maladies neurodégénératives. Une pratique qui permettrait un gain de temps de cinq ans pour élaborer de nouvelles thérapies. Grâce aux faibles doses retenues, ces pléomédicaments seraient qui plus est beaucoup moins toxiques que les médicaments traditionnels.
Deux maladies ciblées : Charcot-Marie-Tooth et Alzheimer
La société cible en premier lieu la maladie de Charcot-Marie-Tooth de type 1A (CMT1A), caractérisée notamment par une atrophie musculaire pouvant entraîner une déformation des pieds et des mains. Environ 65% des fonds tirés de l’augmentation de capital vont financer les coûts liés à l’étude de phase 3 d’un pléomédicament chez l’adulte, lancée fin 2015 et préalable à une demande de mise sur le marché du produit. Ils permettront également le lancement d’une étude pédiatrique.
Le traitement consisterait en une solution buvable administrée deux fois par jour, qui combinerait « à faible dose » baclofène* et naltrexone, précise Pharnext. Le groupe estime qu’un traitement approuvé pour cette maladie « pourrait générer annuellement au pic des ventes plus d’un milliard de dollars de revenus en Europe et Amérique du Nord ».
Pharnext compte aussi utiliser environ 15% des sommes levées pour préparer et lancer une nouvelle phase 2, prévue au second semestre 2017, pour un pléomédicament destiné à lutter contre Alzheimer. Cette maladie pourrait toucher entre 70 et 100 millions de personnes dans le monde d’ici 2050, selon les estimations du « World Alzheimer Report 2015 » et du « 2015 Alzheimer’s Disease Facts and Figures » citées par la biotech.
D’importants engagements de souscription et de conservation
Enfin, l’entreprise va consacrer autour de 20% de l’argent levé au renforcement de sa structure financière et au remboursement de ses dettes. L’endettement financier net de Pharnext s’élève à 27,5 millions d’euros au 30 avril 2016. Ne dégageant aucun chiffre d’affaires depuis sa création en 2007, la biotech a notamment bénéficié de subventions et de crédits d’impôt pour financer sa recherche. Elle a également réalisé des emprunts obligataires auprès de ses actionnaires historiques.
Parmi eux, la société de gestion Truffle Capital s’est déjà engagée à souscrire une partie de l’offre proposée dans le cadre de l’augmentation de capital. Elle doit rester l’actionnaire principal de la biotech à l’issue de l’opération, avec une participation légèrement supérieure à 28%. Au total, Pharnext a reçu des engagements de souscription représentant 63% de l’offre, de la part d’actionnaires existants, comme la société pharmaceutique Ipsen et l’ingénieur et homme d’affaires Pierre Bastid via son fonds Zaka, ainsi que de nouveaux investisseurs comme l’Institut Mérieux et le Groupe Dassault.
Preuve de la confiance accordée au projet du professeur Daniel Cohen, un des pionniers de la génomique moderne, l’engagement de conservation des actions émises s’étale sur 180 jours pour 100% des titres souscrits par ces investisseurs et sur 540 jours pour 50% d’entre eux. Le fondateur de Pharnext ne manque pas de souligner le potentiel de son approche thérapeutique, déclinable à toutes les maladies neurodégénératives selon lui. Et de rappeler quels éminents spécialistes, dont trois prix Nobel de chimie, composent le conseil scientifique de son entreprise.
Pas de revenus avant 2020
La biotech ne devrait engendrer ses premiers revenus, tirés de la vente de ses produits, qu’en 2020. Les résultats des études cliniques de ses deux pléomédicaments sont attendus au second semestre 2018 pour la phase 3 du traitement concernant la maladie de Charco-Marie-Tooth de type A1 et à l’horizon 2019-2020 pour la maladie d’Alzheimer. Le premier produit devrait être développé en propre par Pharnext jusqu’à sa commercialisation, quand le second pourrait faire l’objet d’un partenariat industriel au-delà de la phase 2.
Selon l’analyste financier et teneur de livre Gilbert Dupont, le coût annuel de la thérapie pour la maladie CMTA1 sera de l’ordre de 7.000 euros en Europe et de 25.000 euros en Amérique du Nord par patient, des prix inférieurs à ceux des produits actuellement commercialisés. Les ventes liées à ce traitement devraient rapporter 20,2 millions d’euros en 2020. Les revenus générés grâce au pléomédicament doubleraient ensuite chaque année jusqu’en 2023.
Le traitement contre la maladie d’Alzheimer devrait quant à lui représenter un coût en ligne avec le prix des thérapies actuelles. Selon Gilbert Dupont, il permettra de réaliser 6,3 millions d’euros de ventes en 2021. Un chiffre là encore amené à doubler chaque année.
* Médicament utilisé contre les contractures musculaires involontaires d’origine cérébrale ou neurologique.
* Composé chimique utilisé dans le cadre du traitement des dépendances à l’alcool et aux opioïdes (composés de synthèse aux effets semblables à ceux de l’opium).
Pharnext : modalités de l’introduction en Bourse
Marché de cotation
Alternext Paris
Codes de l’action
Mnémonique : ALPHA
Code ISIN : FR0011191287
Fourchette de prix indicative
10,82 – 13,20 euros par action (prix médian : 12,01 euros)
Nature de l’opération
Augmentation de capital (36,4 M€ en milieu de fourchette)
Nombre de titres émis
Entre 3.036.044 et un maximum de 4.015.167 actions ordinaires nouvelles à émettre
Eligibilité des titres
PEA-PME et Tepa ISF
Calendrier de l’IPO
Vendredi 24 juin 2016 : visa du l’AMF sur le prospectus
Lundi 27 juin 2016 : ouverture de l’offre
Mardi 12 juillet 2016 : clôture de l’offre pour les particuliers à 17 heures
Mercredi 13 juillet 2016 : résultat de l’offre, exercice éventuel de la clause d’extension
Vendredi 15 juillet 2016 : règlement-livraison des actions
Lundi 18 juillet 2016 : début des négociations