La biotech fondée en 2012 s’introduit sur Euronext Paris pour financer le développement de deux candidats médicaments, dont un en phase III, ciblant des maladies neurodégénératives de la rétine. L’augmentation de capital en cours, d’au moins 40 millions d’euros, s’achèvera le 12 juillet 2016.
« Six millions de patients sont atteints de cécité en Europe et en Amérique du Nord ». Bernard Gilly, le directeur général et cofondateur de Gensight, rappelle ce chiffre pour mieux souligner l’importance des thérapies géniques que sa société souhaite commercialiser. Ce type de traitement consiste en l’injection d’un gène dans les cellules pour corriger une anomalie ou remplacer un gène défectueux à l’origine d’une pathologie. Pour financer le développement de ses produits, l’entreprise biopharmaceutique espère lever entre 40 et 46 millions d’euros à l’occasion de son introduction en Bourse (IPO), sur le marché d’Euronext Paris.
Gensight veut mettre au point un premier candidat médicament, le GS010, pour lequel deux études de phase III, préalable à une demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM), sont déjà engagées aux Etats-Unis et en Europe. Ce produit doit permettre de traiter la neuropathie héréditaire de Leber (NOHL), une maladie de transmission maternelle caractérisée par une dégénérescence des cellules ganglionnaires de la rétine et provoquant une perte soudaine et irréversible de la vision, souvent jusqu’à la cécité.
Un traitement sur le marché dès fin 2018 ?
Cette pathologie, qui affecte généralement de jeunes adultes entre 18 et 35 ans, touche d’abord un œil, avec une forte baisse de la vision en moins d’une semaine, avant de gagner l’autre, parfois après plusieurs mois. Le GS010 a vocation à améliorer l’acuité visuelle des patients diagnostiqués. Les premiers résultats des phases III en cours sont attendus au premier trimestre 2018, pour une mise sur le marché espérée dès la fin de cette même année.
Bénéficiant du statut de médicament orphelin, en Europe comme aux Etats-Unis, en tant que traitement pour une maladie rare, le GS010 devrait obtenir en six mois au lieu de neuf une autorisation pour sa commercialisation. La NOHL affecterait entre 1.400 et 1.500 nouveaux patients chaque année des deux côtés de l’Atlantique, selon Gensight. La biotech prévoit d’allouer les deux tiers des fonds levés au développement de sa thérapie.
Un potentiel de ventes élevé
Le tiers restant servira à initier le développement clinique d’un deuxième traitement, le GS030, au travers d’un essai de phase I/II. Ce candidat médicament vise à traiter les rétinopathies pigmentaires (RP), une autre maladie dégénérative de la rétine qui représenterait « la cause héréditaire de cécité la plus répandue en Europe et en Amérique du Nord, avec une prévalence d’environ 300.000 à 400.000 patients », indique la société.
Gensight, qui emploie 27 personnes à ce jour, a déjà levé deux fois des fonds depuis sa création en 2012 pour financer sa recherche, dont environ 20 millions d’euros en 2013 et 32 millions en juillet 2015. L’entreprise, spin-off issu de l’Institut de la vision, disposait d’une trésorerie de plus de 20 millions d’euros au 31 avril 2016.
Le potentiel de ventes de son traitement le plus avancé, le GS010, s’élève à 400 millions d’euros dès 2019, estime l’analyste Oddo. La banque d’investissement précise que la biotech devrait commercialiser seule le produit. Si les tests sont probants pour le deuxième candidat-médicament, le GS030, les ventes devraient cette fois-ci être réalisées avec un partenaire industriel, avec un potentiel de plus de 600 millions d’euros. L’activité de Gensight deviendrait rentable à partir de 2020, toujours selon Oddo qui valorise l’entreprise entre 181 et 234 millions d’euros.
Des engagements de souscription pour 29 millions d’euros
Les actionnaires historiques (Novartis Pharma AG, Abingworth, Versant Ventures, Vitavest…) semblent maintenir leur confiance dans la biotech, dans la mesure où ils se sont engagés à soutenir l’introduction en Bourse à hauteur de 17 millions d’euros. Un fonds d’investissement géré par Bpifrance doit quant à lui souscrire un montant de 12 millions d’euros. Au total, les engagements de souscription atteignent 73% de l’offre de Gensight, soit environ 29 millions d’euros.
Après un essai infructueux d’introduction sur le Nasdaq, aux Etats-Unis, à l’automne 2015, l’entreprise a tout fait pour s’assurer le succès de son IPO sur Euronext Paris et devenir « la première société de thérapie génique cotée en Europe », précise Bernard Gilly. Le prix de l’action, compris entre 7,8 et 9,2 euros, a même été revu à la baisse. Une opportunité à saisir pour les petits porteurs.
Gensight : modalités de l’introduction en Bourse
Marché de cotation
Euronext Paris – Compartiment C
Codes de l’action
Mnémonique : SIGHT
Code ISIN : FR0013183985
Fourchette de prix indicative
7,8 – 9,2 euros par action (prix médian : 8,5 euros)
Nature de l’opération
Augmentation de capital (43,6 M€ en milieu de fourchette)
Nombre de titres émis
Entre 5.128.205 et un maximum de 5.897.435 actions ordinaires nouvelles à émettre
Eligibilité des titres
PEA, PEA-PME
Calendrier de l’IPO
Lundi 4 juillet 2016 : visa du l’AMF sur le prospectus
Mardi 5 juillet 2016 : ouverture de l’offre
Lundi 11 juillet 2016 : clôture de l’offre pour les particuliers à 17h aux guichets et 20h sur Internet
Mardi 12 juillet 2016 : résultat de l’offre, exercice éventuel de la clause d’extension
Jeudi 14 juillet 2016 : règlement-livraison des actions
Vendredi 15 juillet 2016 : début des négociations