Acticor Biotech : succès de l’introduction en Bourse,levée de fonds de 15,5M€

Par Olivier Brunet

Acticor Biotech, spin-off de l’Inserm, a bouclé une levée de fonds de 15,5 millions d’euros à l’occasion de son introduction en Bourse, destinée à financer la poursuite du développement clinique de glenzocimab, son candidat-médicament dans le traitement d’urgence des AVC les plus courants.

Acticor Biotech : introduction en Bourse réussie sur Euronext Growth Paris

Acticor Biotech a bouclé avec succès son introduction en Bourse sur Euronext Growth Paris, le compartiment des valeurs de la cote parisienne dédié aux PME-ETI de croissance. À cette occasion, la société de biotechnologies a levé 15,5 millions d’euros, soit un peu moins que l’enveloppe la fourchette comprise entre 17 et 23 millions d’euros envisagée sur la base de l’offre initiale de titres. Les deux rallonges (clause d’extension et option de surallocation) n’ont pas été exercées.

Aucune cession de titres n’est intervenue.

La levée de fonds vise principalement à financer les efforts de recherche et développement (R&D) d’Acticor Biotech, en particulier la poursuite du développement clinique de son candidat-médicament glenzocimab dans le traitement de l’accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique.

La société avait  reçu des engagements de souscription de la part de ses actionnaires historiques pour un montant total de 10,3 million d’euro, soit plus de la moitié de l’offre, dont :

  • 1,85 million d’euros d’argent frais
  • et 8,45 millions d’euros par compensation de créances (conversion de dette en capital, NDLR), incluant 5,94 millions d’euros issus d’une émission d’obligations simples émises le 16 septembre 2021

Le prospectus d’introduction en Bourse a été approuvé le 14 octobre 2021 sous le numéro 21-446 par l’Autorité des marchés financiers (AMF).

L’opération doit notamment son succès aux particuliers : 294.224 actions allouées au public, soit 13,5% du nombre total des actions nouvelles émises.

Prix de l’action Acticor Biotech (ALACT, FR0014005OJ5)

Le prix de l’action Acticor Biotech a été fixé à 7,12 euros par action, soit le être fixé entre 7,12 et 9,62 euros, soit un prix médian de 8,37 euros, selon le communiqué de presse et la note d’opération. La fourchette de prix est assez large, les bornes de prix étant supérieures et inférieures de 14,9% au prix médian.

La capitalisation post-opération atteint 75,1 millions d’euros, sur la base du prix de l’introduction en Bourse.

Acticor Biotech développe l’antithrombotique glenzocimab pour le traitement des AVC

Issue de travaux de recherche de l’Inserm, Acticor Biotech est une société de biotechnologies, qui développe pour l’heure un seul candidat médicament, le glenzocimab, un fragment d’anticorps monoclonal humanisé, obtenu en culture cellulaire à partir de la séquence génétique de l’anticorps recherché, dans le traitement d’urgence de l’AVC ischémique (par occlusion de l’artère cérébrale), qui représente 85% des AVC.

Glenzocimab est un antithrombotique dit « first in class » : son mécanisme d’action n’a jamais été utilisé auparavant.

La stratégie Acticor Biotech consiste à développer son candidat médicament sur plusieurs indications majeures :

  • AVC : 2 études cliniques en cours (phase 2a et phase 2/3) et un autre en préparation financé par l’Agence Nationale de Recherche (ANR) qui va débuter fin 2021
  • Covid-19 : étude clinique de phase 2 en cours dans le syndrome de détresse respiratoire aiguë
  • embolie pulmonaire : projet de lancement d’une étude clinique de phase 2 exploratoire
  • infarctus du myocarde : étude de phase 2b dont le démarrage est prévu au premier semestre 2022

Acticor Biotech indique qu’elle recherchera « un ou plusieurs partenaires pharmaceutiques susceptibles d’assurer sa commercialisation ».

Levée de fonds pour poursuivre le développement du glenzocimab

Le produit de la levée de fonds lancée par Acticor Biotech, à l’occasion de son introduction en Bourse, doit être affecté de la façon suivante :

  • pour 62% des fonds levés : poursuite du développement clinique du glenzocimab ;
  • à hauteur de 20% : production, développement pharmaceutique et non clinique du glenzocimab ;
  • à raison de 18% : dépenses de fonctionnement, frais généraux et dépenses de propriété industrielle.

La société prévoit « d’accroître encore ses pertes d’exploitation dans un futur proche » (source note d’opération), ce qui est assez classique pour une société de biotechnologies à ce stade de développement.

Gilles Avenard, directeur général de la société, estime que la société sera en mesure de couvrir ses besoins de financement jusqu’à mi-octobre 2022, sans la présente levée de capitaux.

Interview : Gilles Avenard, directeur général d’Acticor Biotech

Qu’est-ce qu’un AVC ischémique aigu et comment est-il traité actuellement ?

Les AVC ischémiques aigus sont la forme la plus courante d’AVC avec 80 à 85% des cas, résultant de l’obstruction d’une artère cérébrale par un caillot. L’objectif principal des traitements est de la déboucher le plus vite possible pour restaurer le flux sanguin pour limiter au maximum les séquelles possibles, car plus la privation d’oxygène et de nutriments subie par le cerveau est longue, plus le risque de dommages permanents est élevé. Tout se joue dans les premières heures suivant le déclenchement de l’AVC.

Aujourd’hui, le seul traitement existant est un thrombolytique, l’Altéplase, développé il y a plus de 20 ans par Genentech, dont l’action consiste à dissoudre le caillot, avec une efficacité relative, de 30 à 40%. Il en présente en outre l’inconvénient de ne pouvoir être administré que pendant une fenêtre très courte, dans les 4h30 suivant l’établissement du diagnostic. Or on estime qu’en France, seulement 15 à 20% des AVC sont pris en charge dans de tels délais. Au-delà, il existe un risque de transformation de l’AVC en hémorragie cérébrale.

Quelle est la spécificité de l’approche du candidat-médicament Glenzocimab d’Acticor Biotech dans le traitement de ce type d’AVC ?

Le Glenzocimab est un fragment d’anticorps monoclonal ciblant un récepteur des plaquettes sanguines, lesquelles s’accrochent au caillot dans une artère bouchée. Le rôle de Glenzocimab consiste à empêcher les plaquettes de s’agréger et à améliorer l’efficacité du traitement par dissolution du caillot, en inhibant la glycoprotéine plaquettaire VI, sans provoquer d’hémorragie, à l’inverse de tous médicaments connus. En somme, Glenzocimab est le seul médicament au monde que l’on va pouvoir donner aux patients à cette phase de la pathologie, sans ce risque hémorragique. L’objectif est de diminuer le nombre de patients avec handicap ou avec handicap sévère.

Quelle est l’ampleur du besoin médical et la taille de marché associée ?

On recense chaque année 150.000 AVC en France, 4 millions dans le monde. C’est la première cause de handicap acquis chez l’adulte et la seconde cause de décès dans le monde. Moins d’un tiers des patients ne gardent aucune séquelle et les handicaps peuvent être lourds : aphasie, hémiplégie, paralysie d’un membre, etc. Le problème de santé publique est majeur, l’invalidité induite par l’AVC représentant une charge pour la société et une perte de productivité pour l’économie, estimée respectivement à 60 milliards d’euros en 2017 en Europe et à 103,5 milliards de dollars en 2016 aux États-Unis.

Le potentiel de Glenzocimab est supérieur au milliard de dollars, sur la base des taux de remboursement du traitement de référence, sachant que nous irons chercher un enregistrement pour l’indication AVC, alors que l’Altéplase avait été approuvé, il y a une vingtaine d’années, pour le traitement de l’infarctus myocarde, un marché plus compétitif.

Pouvez-vous détailler le programme de développement clinique de Glenzocimab ?

Nous avons engagé une étude « Actisave » de phase 2/3 en Europe et aux États-Unis avec le Glenzocimab en complément du traitement de référence dans les 4h30 suivant un AVC, afin d’évaluer son efficacité, en vue de son enregistrement à l’échelle mondiale en 2027. L’objectif principal de cet essai sera la réduction du nombre de patients avec un handicap sévère et l’augmentation du nombre de patients sans séquelles à 3 mois et l’objectif secondaire d’augmenter les données d’innocuité et de qualité de vie des patients.

Le recrutement du premier patient est intervenu en Europe fin septembre. L’inclusion du dernier patient de cette phase initiale, qui en comptera 200, est prévue au premier trimestre 2023, avant une analyse intérimaire attendue au deuxième trimestre 2023.

L’extension de l’utilisation du Glenzocimab sera étudiée en impliquant les ambulances équipées d’un scanner embarqué, dédiées à la prise en charge en urgence de l’AVC dès l’établissement du diagnostic, avant d’arriver à l’hôpital, un dispositif connu aux États-Unis sous le nom de « Mobile Stroke Units ».

Par ailleurs, nous avons finalisé un essai clinique de phase 2 « Actimis » afin d’évaluer la tolérance Glenzocimab dans l’AVC ischémique. 160 patients ont été recrutés dans 6 pays européens et les résultats sont attendus au premier trimestre 2022. Nous savons déjà que le produit est bien toléré, qu’il n’engendre pas plus d’hémorragie cérébrale que le traitement standard, ce qui nous a permis de demander l’autorisation aux agences de santé de démarrer dès maintenant notre étude de  phase 2/3Actisave).

Un deuxième essai clinique de phase 2/3, l’étude « Green », va démarrer au quatrième trimestre de cette année afin d’évaluer l’efficacité du Glenzocimab en association avec la thrombectomie mécanique, qui consiste retirer physiquement le caillot à l’aide d’un cathéter monté dans l’artère cérébrale bouchée. Acticor Biotech participe à cette étude sur 400 patients sponsorisée par l’AP-HP dans le cadre du consortium Booster, financée par l’Agence Nationale de la Recherche. Cette technique permettrait d’élargir la fenêtre de prise en charge jusqu’à 24 heures après la survenance de l’AVC. Les résultats de l’analyse intérimaire sur 120 patients sont attendus au deuxième trimestre 2023.

Glenzocimab fait aussi l’objet d’essais cliniques sur d’autres indications…

L’action du Glenzocimab est étudiée dans le traitement du Covid-19 avec syndrome de détresse respiratoire aiguë. Nous avons inclus le dernier patient en juin 2021 dans le cadre d’un essai de phase 2 (étude « Garden ») en France et au Brésil, dont les résultats sont prévus au premier trimestre 2022. L’objectif est de limiter la contribution des plaquettes à l’inflammation pulmonaire incontrôlée et de prévenir les complications. Si nous obtenons un signal d’efficacité, nous rechercherons un partenaire pharmaceutique ou un financement public pour conduire des études additionnelles.

Nous souhaitons également démarrer une étude de phase 2 fin 2022 pour évaluer l’efficacité du Glenzocimab dans le traitement de l’embolie pulmonaire, afin de mettre au point des traitements capables d’accélérer la dissolution du caillot obstruant les artères pulmonaires. Enfin, les cardiologues anglais nous ont convaincus de l’intérêt de développer notre produit administré à un stade très précoce pour diminuer la taille de l’infarctus du myocarde. La taille de l’étude envisagée est de 200 patients à recruter pour des résultats attendus fin 2024.

Quelle est votre stratégie de création de valeur ?

Notre stratégie repose sur la conclusion de partenariats à différents stades ; nous n’avons pas vocation à commercialiser le produit nous-mêmes. Nous allons chercher un ou plusieurs partenaires industriels pour l’Europe et les États-Unis. Nous avons déjà cédé les droits de Glenzocimab pour la Chine et certains pays d’Asie (hors Inde et Japon) à notre partenaire industriel chinois, China Medical System (CMS), qui sera en charge du développement, de l’enregistrement et de l’exploitation du Glenzocimab dans ces territoires.

Pour illustrer le potentiel de Glenzocimab, nous avons pu observer que Biogen a acquis récemment, pour 325 millions de dollars, une société de biotechnologies japonaise qui développe la molécule TMS-007, un thrombolytique en phase 2a, un stade plus précoce que celui auquel se trouve Glenzocimab.

Comment les capitaux de la levée de fonds vont-ils être utilisés ?

62% des fonds seront alloués à la poursuite du développement clinique du Glenzocimab, dont la grande majorité financera le coût clinique de l’étude « Actisave », qui constitue la première grande étude d’enregistrement sponsorisée par Acticor Biotech.

La part du produit de la levée de fonds consacrée à la production et au développement pharmaceutique du Glenzocimab vise à changer d’échelle, en vue d’approvisionner le produit pour la poursuite des essais cliniques et de préparer sa future commercialisation ou futur partenariat. Il s’agit d’augmenter la taille des lots (200 litres aujourd’hui), ce qui permettra de diminuer les coûts de production.

La levée de fonds nous donnera un horizon de financement de 2 ans, jusqu’à fin 2023. Cette période inclut deux milestones (jalons, NDLR) intermédiaires importantes pour les actionnaires, les résultats de la première partie de l’étude « Actisave » dans le traitement de l’AVC et ceux de l’analyse intérimaire de l’étude GREEN, également dans l’AVC. L’atteinte de ces jalons permettra d’obtenir une validation de l’efficacité du produit et ouvrira la porte à des partenariats créateurs de valeur.

IPO Acticor Biotech : modalités, dates, code ISIN

Modalités de l’introduction en Bourse de la société Acticor Biotech

  • Marché de cotation : Euronext Growth Paris
  • Code mnémonique de l’action : ALACT
  • Code ISIN : FR0014005OJ5
  • Prix d’introduction : 7,12 euros (pour une fourchette indicative entre 7,12 et 9,62 euros par action, soit un prix médian de 8,37 euros)
  • Nature de l’opération : augmentation de capital
  • Nombre de titres offerts : 2.178.176 actions nouvelles
  • Éligibilité des titres : PEA, PEA-PME, compte-titres ordinaire (CTO), réduction d’impôt IR-PME

Calendrier de l’IPO

Le calendrier indicatif de l’IPO d’Acticor Biotech est le suivant :

  • 14 octobre 2021 : approbation du prospectus par l’AMF
  • 15 octobre 2021 : ouverture de la période de souscription
  • 26 octobre 2021 : clôture de l’offre à prix ferme (OPF) à 17 heures pour les souscriptions au guichet de banque et à 20 heures pour les ordres passés en ligne
  • 27 octobre 2021 : annonce du résultat de l’offre (7,12 €/action)
  • 29 octobre 2021 : règlement-livraison des titres
  • 1er novembre 2021 : début des négociations des actions sur Euronext Growth

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