Suppression de l’ISF : « J’aurais dû aller au bout », regrette Nicolas Sarkozy

Par Olivier Brunet

Nicolas Sarkozy fait acte de contrition dans son livre « La France pour la vie » où il regrette de ne pas avoir saisi l’opportunité d’abolir l’ISF, qui s’est présentée à lui à deux reprises. Appelant sans ambiguïté à supprimer l’ISF, l’ex-président de la République fait savoir qu’on ne l’y reprendra plus.  

« La France pour la vie », par Nicolas Sarkozy

Des regrets qu’il n’espère pas éternels. Dans son livre « La France pour la vie » à paraître lundi 25 janvier 2016, Nicolas Sarkozy fait son mea culpa sur nombre de sujets politiques et économiques, où le sujet du maintien de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) figure en bonne place. « Je regrette d’avoir retardé des réformes qui auraient dû être engagées dès les premiers jours, confesse l’ancien président de la République. […] Au fond, les mesures fiscales votées au début de mon quinquennat auraient dû être différentes dans leur dosage. […] J’aurais également dû aller au bout de deux sujets, plutôt que de les contourner : les 35 heures et l’ISF. »

« Pas d’alternative crédible, il faut donc supprimer l’ISF »

Au lieu d’abolir purement et simplement l’ISF, l’ex-chef de l’Etat décide en 2007 d’instaurer une limitation de l’ISF sous la forme d’un bouclier fiscal, abrogé par sa propre majorité en 2011, ainsi qu’une réduction d’ISF en contrepartie d’un investissement au capital de petites et moyennes entreprises (dispositif appelé ISF-PME, réformé en 2016). « Le bouclier fiscal, pour habile qu’il fût d’un point de vue technique, m’a exposé à un coût politique, sans faire suffisamment rentrer les personnes parties vivre à l’étranger pour des raisons fiscales, qui ont continué de craindre, à juste titre, sa remise en cause », s’excuse Nicolas Sarkozy. En 2011, à l’occasion d’une réforme de la fiscalité du patrimoine, Nicolas Sarkozy s’offre une seconde occasion de supprimer l’ISF, avant de renoncer.

Mais la prochaine sera la bonne, suggère-t-il dans son livre publié chez Plon. « Il n’y a pas d’alternative crédible, il faut donc supprimer l’ISF, assène l’ex-chef de l’Etat. […] C’est le seul moyen de conjurer la fuite des capitaux et des familles plus aisées dont notre économie a un impérieux besoin pour développer sa croissance et continuer d’investir dans l’avenir. »

« Ce sera l’ISF sans l’Europe ou bien l’Europe sans l’ISF »

Dans un long extrait dévoilé par Le Figaro, Nicolas Sarkozy estime que mettre fin à l’ISF permettra de contribuer à la restauration de la compétitive des entreprises françaises. « La bonne fiscalité sera celle qui permettra à nos entreprises de gagner des parts de marchés, de réaliser des profits et de créer des emplois. Au lieu de nous lancer des noms d’oiseaux autour du sempiternel débat sur le « cadeau aux riches », il nous faut considérer où se trouve le marché essentiel pour nos entreprises. En l’occurrence, c’est l’Europe, et il faut donc se fixer comme objectif central que notre fiscalité n’excède jamais, dans le pire des cas, la fiscalité moyenne de nos partenaires et concurrents européens. (…) Ainsi du fameux ISF. On peut tout à fait défendre son principe, mais on ne peut le faire en même temps que l’on clame son attachement à l’Europe. Ce sera donc l’ISF sans l’Europe ou bien l’Europe sans l’ISF. »

Hasard du calendrier, la sortie du livre du président des Républicains intervient juste après la présentation par Louis Gallois, président du conseil de surveillance de PSA et co-président du cercle de réflexion La Fabrique de l’Industrie, d’une alternative à la suppression de l’ISF via une exonération des actions.

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