Inondations et assurance : « Il faut fournir un maximum de preuves »

Par Solenne Dimofski

Après une crue ou une inondation vient l’heure de déclarer le sinistre auprès de son assureur. Christophe Triquet, directeur général du comparateur MeilleureAssurance.com, rappelle les démarches à effectuer pour les assurés.  

Christophe Triquet revient sur les démarches à entreprendre auprès de son assureur après une catastrophe naturelle.

 Toutsurmesfinances.com : En cas d’inondations ou de crue, quels sont les réflexes de base à avoir ?

Christophe Triquet : Le chemin des bons réflexes est relativement balisé. Le premier à avoir, c’est de protéger l’habitation de dégâts supplémentaires et sauver un maximum de biens pour être ensuite en mesure de montrer à l’assureur que vous avez tout fait pour minimiser le sinistre. Si l’assureur peut prouver que vous avez laissé le sinistre empirer et que vous n’avez pas pris les mesures de précaution « de bon père de famille » pour protéger votre habitation, il pourrait moins bien vous indemniser. Le fait d’être assuré ne vous empêche pas de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour protéger votre maison de dégâts supplémentaires.

Ensuite, il faut prévenir son assureur le plus tôt possible. Plus vous déclarez tôt votre sinistre, plus le délai de gestion sera moindre.

Quelles sont précisément les démarches à entreprendre auprès de son assureur ?

Dans un cas tout à fait exceptionnel, les assureurs ont annoncé que les déclarations de sinistre pourront être faites par tous moyens : Internet, téléphone ou même avec une lettre simple. Il faut être le plus exhaustif possible dans sa déclaration de sinistre, c’est-à-dire fournir un descriptif détaillé et produire une liste de tous les biens qui ont été endommagés, logement compris. Cette liste doit être chiffrée et accompagnée de tous les justificatifs en votre possession : cela peut être des factures d’achat, des photos, des contrats de location, des actes notariés ou encore des témoignages également acceptés comme preuve. Il faut essayer de réunir un maximum de pièces.

Et en termes de délai ?

Normalement, sur ce type de sinistre, le délai est de 10 jours pour envoyer sa déclaration à son assureur à compter de la publication de l’arrêté de catastrophe naturelle par le gouvernement. Mais dans certains cas exceptionnels, les assureurs s’accordent et acceptent les déclarations de sinistre plus longtemps.

J’ai tout perdu dans le sinistre : plus de contrat, plus de photo de mes biens… Que faire ?

Ce sera plus compliqué pour l’indemnisation, c’est sûr. Vous pouvez toujours essayer d’obtenir des photos via des connaissances, ou si vous n’avez pas de factures, essayer d’aller voir le commerçant à qui vous avez acheté tel bien pour qu’il vous édite une nouvelle facture. Il faut partir à la recherche de justificatifs et y passer du temps. Les assureurs font également preuve de davantage de souplesse dans ce genre de sinistre.
En prévention, il faut savoir que les assureurs développent de plus en plus de coffres-forts électroniques qui vous permettent de stocker informatiquement vos factures et justificatifs. Comme ça si votre ordinateur personnel a été endommagé, vos documents seront également à l’abri.

« La garantie catastrophe naturelle est présente dans chaque contrat habitation »


Comment savoir si je possède une garantie catastrophe naturelle ?

Cette garantie n’est présente que lorsque vous êtes assuré en dommage. Si vous êtes couvert par un contrat multirisques habitation (MRH), la garantie catastrophe naturelle y est forcément incluse. Celle-ci ne s’enclenche qu’à la suite de la publication d’un arrêté par le gouvernement. Toutes les personnes habitant dans les communes figurant sur cette liste sont alors couvertes.

Que couvre-t-elle ?

Elle couvre tous les dommages matériels directs : sur l’habitation (fondations, clôtures, murs, portes, fenêtres…), ceux liés à l’humidité ou à la condensation, ou sur le mobilier et les objets personnels comme des bijoux ou encore des vêtements. Si le bien doit être détruit car il est devenu inhabitable, les frais de démolition sont pris en charge, de même que la reconstruction. Les frais de pompage, de nettoyage, de désinfection également.
Une franchise fixe de 380 euros est systématiquement à payer par l’assuré quel que soit le montant du sinistre. La garantie catastrophe naturelle joue également quel que soit le montant du sinistre.

Qu’est-ce qui n’est pas pris en charge ?

Essentiellement, tout ce qui est à l’extérieur : les terrains, les arbres, les parkings… Les garanties pour un éventuel vol ou les pertes de vivres dans le congélateur ne sont pas incluses d’office mais peuvent être présentes dans le contrat. Il faut se renseigner auprès de son assureur.

Attention, si votre voiture est assurée sur le minimum obligatoire, à savoir en responsabilité civile, la garantie catastrophe naturelle n’est pas incluse dans votre contrat. Vous ne serez donc pas remboursé par votre assureur. Il faut au minimum une garantie dommage.

Enfin, il faut être vigilant aux plafonds propres à chaque bien. S’il n’existe pas de plafond global sur l’indemnisation du sinistre, il peut y en avoir pour les biens.

Si je ne peux plus vivre chez moi, mon assurance prend-t-elle en charge les frais de relogement ?

Si votre logement est inhabitable, il faut se rapprocher le plus vite possible de son assureur afin de savoir si votre contrat prend en charge les frais de relogement et les frais de garde du logement sinistré car l’on n’est pas à l’abri de pillages, surtout si les ouvertures sont abîmées.

« Déclarez tous les dégâts, ne jetez rien avant l’arrivée de l’expert »


Que puis-je faire pour assurer mes chances d’être indemnisé correctement ?

Estimez tous les dégâts. Il faut être attentif à tout ce qui se passe et ne rien oublier : par exemple, si vous constatez de l’humidité dans votre logement, il ne faut pas vous dire que cela va sécher. Mieux vaut déclarer un maximum d’éléments anormaux tout de suite à votre assureur, plutôt que de revenir ensuite vers lui. Il pourrait en effet vous refuser une indemnisation. Il faut également être proactif dans ce genre de situation : envoyez tout de suite tous les éléments nécessaires à l’évaluation du sinistre (tout en conservant des doubles) à votre assureur.

Surtout, il faut conserver tous les objets détériorés et ne rien jeter. Cela constituera des preuves pour l’assureur. Il faut donc attendre l’expert mandaté par l’assurance avant de faire quoi que ce soit afin qu’il constate tous les dégâts et qu’il puisse les évaluer correctement. Mieux vaut ne pas forcément essayer de réparer certains bien endommagés. Après si vous avez besoin de faire des réparations urgentes de manière autonome, il faut absolument garder tous les justificatifs d’achats de matériaux ou de frais de réparation que vous auriez pu avoir afin de les fournir à l’expert et d’être remboursé.

Le passage d’un expert est-il systématique ?

Non, cela dépend de l’urgence de la situation et du montant du sinistre. Un petit sinistre (moins de 3.000 euros, Ndlr) pourra être réglé de gré à gré, mais dès que le sinistre devient important, il y a forcément nomination d’un expert pour évaluer le montant des dégâts. Le délai de son passage va dépendre surtout de l’intensité du sinistre : certains sinistrés auront forcément des délais plus longs que d’autres.

Quels sont les délais d’indemnisation ?

Les assureurs ont trois mois pour vous rembourser dans le cadre d’une catastrophe naturelle. Par ailleurs, ils sont obligés de vous verser une avance s’ils ne vous ont pas versé d’indemnisation dans les deux mois suivant la déclaration de sinistre dans le cadre de la garantie catastrophe naturelle.

Propos recueillis par Solenne Dimofski

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