DBT : émission d’obligations convertibles en actions annulée

Par Olivier Brunet

DBT, fabricant de bornes de recharge via sa filiale DBT CEV, n’est pas parvenu à lever les 7,6 millions d’euros par émission d’obligations convertibles en actions réservée aux actionnaires existants. Il s’agissait d’offrir un produit financier attractif aux porteurs de parts et d’accompagner la réorientation stratégique décidée en juillet 2020.

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DBT : caducité de la levée de fonds de 7,6 millions d’euros par émission d’obligations convertibles en actions

DBT, fabricant de bornes de recharge électrique via sa filiale DBT CEV, de distribution d’électricité et de contrôle d’accès, n’est pas parvenue à boucler avec succès son emprunt obligataire d’une durée de 5 ans, par l’émission d’obligations convertibles en actions (OCA) pour un montant maximum de 7,6 millions d’euros. La société est cotée en Bourse sur Euronext Growth depuis le 23 décembre 2015.

DBT a annoncé le 2 août  2021 la caducité de son émission d’obligations convertibles en actions de 7,6M€ lancée le 12 juillet 2021 faut d’avoir rencontré le succès escompté. Au terme de la période de souscription, le seuil de 75% de souscriptions n’a pas été atteint. Les souscriptions versées ont été restituées à la date prévue pour le règlement-livraison, soit le 5 août 2021.

L’opération visait à la fois à :

  • accompagner la reprise de l’activité en 2021
  • financer la diversification de DBT dans l’installation de bornes de recharge et le lancement de l’activité d’opérateur de bornes de recharge
  • associer les actionnaires actuels au retournement anticipé de l’entreprise, via une rémunération au taux annuel de 7% et la faculté de convertir les obligations en actions à tout moment

Consciente d’un parcours boursier qui n’a pas été à la hauteur des attentes des actionnaires, la direction souhaitait leur offrir un mécanisme devant plus que compenser la dilution induite par le financement en fonds propres de 200 millions d’euros annoncé récemment (voir plus loin). Introduite en décembre au prix de 6,46 euros par titre, l’action cote actuellement un peu plus de 0,05 euro.

 

Diversification dans l’installation et la gestion de bornes de recharge pour compte de tiers

Concepteur et fabricant de bornes de recharges pour véhicules électriques made in France à destination des collectivités et des entreprises via sa filiale DBT CEV depuis 1992, le groupe DBT a engagé une double diversification en 2020-2021 :

  • dans l’installation de bornes
  • dans une activité d’opérateur de bornes pour le compte de clients, DBT demeurant propriétaire de l’installation

Parallèlement, l’entreprise a adapté son modèle commercial en s’adressant en direct aux marchés privés, au lieu de passer par l’intermédiaire d’installateurs.

« Notre business model consistait à vendre du hardware à des opérateurs ou des installateurs. Le marché industriel nécessite de multiplier les ventes one shot pour générer du chiffre d’affaires et de repartir de zéro au 1er janvier de chaque année, mais ne permettait pas de vendre des prestations de services ni de créer une récurrence de revenus. Notre diversification entamée vers les métiers d’installateur et d’opérateur favorise la génération de revenus récurrents », explique Alexandre Borgoltz, directeur général de DBT, qui a pris seul la direction opérationnelle de l’entreprise en juillet 2020 et initié cette réorientation stratégique.

Pour se rapprocher des utilisateurs finaux, l’entreprise a renforcé ses équipes commerciales pour commercialiser ses offres dédiées aux entreprises, aux flottes et parkings privés, et engagé une politique de croissance externe en direction d’installateurs.

DBT est ainsi entré en négociation exclusive pour l’acquisition d’une participation dans Greenspot (Eysines, près de Bordeaux), installateur à destination des parkings de grandes surfaces, de l’habitat collectif, des locaux professionnels et de sièges d’entreprises. L’opération porte sur 20% du capital et la majorité à terme, au travers de la conversion future d’obligations convertibles en actions (OCA), auxquelles DBT s’est engagé à souscrire dans les 12 prochains mois.

Stratégie de croissance externe engagée

Forte du contrat de financement en fonds propres d’un montant maximum de 200 millions d’euros sur 5 ans conclu auprès de Park Capital annoncé en mars dernier, par tranches de 1 à 4 millions d’euros, l’entreprise a donc amorcé une stratégie volontariste de croissance externe dans deux directions :

  1. cibles à forte composante technologique pour augmenter la récurrence de l’activité via des services associés (logiciels, supervision des bornes de recharge, etc.)
  2. sociétés permettant d’accélérer le développement commercial (installateurs).

À l’horizon 2025, DBT vise un chiffre d’affaires d’environ 100 millions d’euros, devant provenir pour 50 à 60 millions d’euros des acquisitions de sociétés.

Outre Greenspot, DBT veut s’implanter dans d’autres zones afin de proposer à terme une offre de service globale à l’échelle nationale, en intégrant tous les métiers, de la conception des bornes à leur maintenance, en passant par la fabrication, l’installation et la supervision.

Sur le plan technologique, DBT a annoncé en juin la signature d’un protocole d’accord en vue de prendre une participation dans la start-up Delmonicos, qui développe une solution logicielle intégrée aux bornes de recharge qui facilite et sécurise la supervision, l’interopérabilité et le paiement des sessions de recharge à partir d’une technologie blockchain. DBT pourrait détenir jusqu’à 25% du capital, une place au conseil d’administration et un droit d’accès prioritaire et préférentiel à la technologie de Delmonicos. L’objectif est d’intégrer des services de supervision des bornes de recharge début 2022.

Activité déficitaire, retour aux bénéfices attendu en 2022

La société, qui n’est jamais parvenue à extérioriser un résultat bénéficiaire depuis son introduction en Bourse, a souffert en 2020 de la conjugaison de la crise sanitaire et de suites de la fin de son contrat en 2019 avec Nissan, son principal client historique. L’an dernier, son chiffre d’affaires a reculé de 42,4% sur une base proforma à 3,96 millions d’euros, pour une perte d’exploitation de 6,2 millions d’euros et une perte nette de 6,8 millions d’euros.

« Nous avons fait le choix de conserver nos effectifs pour bénéficier pleinement de la reprise de l’activité en 2021 et notre litige avec Nissan a entraîne une perte exceptionnelle de 1 million d’euros pour créance irrécouvrable », explique Alexandre Borgoltz.

Toutefois, la structure financière de l’entreprise demeure solide, grâce à l’opération de financement en fonds propres réalisée en février 2020 à hauteur de 10,25 millions d’euros. À fin 2020, DBT dispose de 7 millions d’euros de capitaux propres, malgré la perte nette de l’exercice, pour un endettement net ramené à 0,2 million d’euros contre 3,3 millions d’euros à fin 2019.

Alexandre Borgoltz affiche sa confiance dans la capacité de l’entreprise à renouer avec la croissance dès 2021, et avec l’équilibre financier (au niveau du résultat net) début 2022. La société a d’ailleurs annoncé le 19 juillet la signature de plusieurs contrats et appels d’offres, signés avec le SDEC (Syndicat d’électrification du Calvados), le Syndicat Mixte du Haut-Jura et l’usine d’électricité de Metz, pour un chiffre d’affaires cumulé autour de 700 Keuros la première année, « avec une possibilité d’extension les années suivantes ». Le groupe indique avoir également été retenu par une chaine de restauration (3 millions d’euros sur 2 ans) et un syndicat en région parisienne (500 Keuros sur 2 ans). La société fait savoir que ces succès commerciaux vont apporter du chiffre d’affaires additionnel dès le second semestre 2021.

À plus long terme, DBT espère atteindre 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2025, dont 30 à 40 millions d’euros par croissance interne (incluant une large part à l’export, de l’ordre de 40%) pour une rentabilité brute d’exploitation (Ebitda) de 25%.

Pour ce faire, outre sa stratégie de croissance externe, DBT entend pleinement profiter de la poursuite du plan de déploiement de 100.000 points de recharge ouverts au public en France. Le parc est passé de 32.700 unités à fin 2020 à 43.700 mi-2021, a annoncé le gouvernement.

Modalités et calendrier de souscription de l’OCA DBT 7%

Obligations convertibles en actions DBT avec maintien du DPS

Le projet d’’emprunt obligataire lancé par DBT portait sur l’émission, avec maintien du droit préférentiel de souscription des actionnaires (DPS), d’un nombre maximum de 304.236 obligations convertibles en actions (OCA) d’une valeur nominale de 25 euros chacune. L’opération était donc ouverte de façon préférentielle aux actionnaires existants et aux acquéreurs de DPS.

Le montant minimum de souscription était fixé à 2.500 euros, soit 100 OCA, toute souscription au-delà devant être un multiple de 2.500 euros, à raison de 100 OCA pour 100.000 actions existantes détenues.

Cette condition impliquait, pour arriver à ces chiffres ronds, d’acquérir ou céder des DPS en conséquence pendant la période de négociation de ces droits.

Chaque OCA devait donner lieu à la création de 125 actions nouvelles de la société.

Toutes les modalités détaillées sont disponibles sur le site Internet de la société www.dbt.fr/oca/

Calendrier de l’opération

La souscription des OCA était ouverte du 16 juillet 2021 inclus au 29 juillet 2021 inclus et la négociation des DPS du 14 juillet 2021 inclus au 27 juillet 2021 inclus.

  • 14 juillet 2021 : détachement des DPS, début des négociations des DPS
  • 16 juillet 2021 : ouverture de la période de souscription des OCA
  • 27 juillet 2021 : fin de la cotation des DPS
  • 29 juillet 2021 : clôture de la période de souscription des OCA
  • 3 août 2021 : annonce du résultat de l’opération
  • 5 août 2021 : restitution des souscriptions
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