Quelles actions françaises et européennes acheter en ce moment et comment les choisir ? Méthode, processus de sélection de gérants de portefeuille, leurs meilleures idées… Les informations à connaître pour investir dans des dossiers porteurs de plus-values potentielles.
Actions en Bourse à acheter en ce moment : les meilleures idées des gérants de portefeuille

Comment choisir les actions à acheter en ce moment ?
Quels critères de choix avant d’investir en actions ?
Identifier les secteurs les plus recherchés sur les marchés
Certains secteurs d’activité sont à privilégier ou à laisser de côté, selon la période. Ainsi, les valeurs technologiques sont plutôt à la peine depuis le début de l’année 2022, le scenario de remontée des taux d’intérêt des banques centrales pour juguler l’inflation étant défavorable au calcul de leur valorisation par l’actualisation de leur flux de trésorerie. De même, le secteur des énergies renouvelables, plébiscité en 2020, est l’un de ceux qui ont le plus souffert en Bourse en 2021. Les marchés actions n’échappent pas aux effets de mode. Il faut être attentif à ce que l’on appelle les rotations sectorielles : le passage d’un ou plusieurs secteurs d’activité qui attirent l’attention à d’autres. Pourquoi acheter un titre si son secteur dans son ensemble est abandonné par les plus grands investisseurs ?
Depuis quelques mois, les investisseurs professionnels s’attachent à privilégier les titres qui profitent du renchérissement des matières premières ou qui ont démontré leur capacité à préserver leur rentabilité en répercutant leurs hausses de coûts (matériaux, énergie, logistique, salaires) dans leurs prix de vente, ce que l’on appelle le pricing power.
Privilégier les cours de Bourse à tendance haussière
« La probabilité de gain sur un titre haussier de qualité sera toujours supérieure à celle sur un titre baissier ». Nicolas Chéron, analyste boursier, ne cesse de répéter ce message sur les réseaux sociaux et dans les médias. En d’autres termes, il faut résister à l’envie d’acheter un titre qui baisse en espérant un renversement de tendance. Il est préférable d’attendre que le courant acheteur soit suffisamment manifeste pour investir. On peut identifier les tendances haussières en analysant les graphiques boursiers (titres qui évoluent au-dessus de leur moyenne mobile à 50, 100 et 200 jours [moyenne des prix sur la période considérée]) et l’importance des volumes de transaction, qui sont le plus souvent portés par des flux d’actualités (ou newsflow) positifs.
Analyser les fondamentaux des sociétés cotées
Pour identifier les meilleures opportunités d’investissement en Bourse, il vaut mieux éviter les dossiers qui ont historiquement déçu et privilégier ceux qui sont structurellement sains. Pour ce faire, il convient d’analyser un ensemble de critères, parmi les suivants (liste non exhaustive) :
- historique de croissance du chiffre d’affaires et des profits : analyse des comptes historiques, au niveau du compte de résultats, du bilan (absence d’endettement excessif ou situation de trésorerie nette excédentaire) et des flux de trésorerie sur le dernier exercice et sur longue période
- pertinence de l’offre de produits et de services : succès commerciaux qui ne se démentent pas, offre qui supplante celle de la concurrence, capacité à accroître les prix de vente quel que soit le contexte, etc.
- qualité du modèle économique : activité rentable, génératrice de trésorerie
- aptitudes du management : vision stratégique, utilisation du cash-flow, capacité à garder le capital humain par des conditions de travail et une politique de rémunération attractives, maîtrise des fusions-acquisitions, respect des actionnaires minoritaires…
- perspectives futures : contexte macro-économique et/ou sectoriel favorable à la croissance future, relais de croissance, solidité du bilan qui permet de réaliser des acquisitions de sociétés, évolution favorable des prévisions de bénéfices des analystes financiers, etc.
Processus de sélection de titres des gérants de portefeuille
Processus de sélection de titres de Sycomore AM
par Cyril Charlot, associé fondateur et co-directeur de la gestion de Sycomore AM
« Notre processus de sélection de titres repose sur notre modèle d’analyse fondamentale des sociétés cotées à 360 degrés, baptisé SPICE, qui prend en compte près de 100 critères, qualitatifs ou quantitatifs, financiers et extrafinanciers, organisés autour de 5 piliers : Suppliers, Society & State (enjeux sociétaux, gestion de la chaîne d’approvisionnement), People (cadre de travail agréable et stimulant), Investors (création valeur pour l’investisseur, intégrant notamment la qualité du management), Clients (produits et services se différenciant par la qualité, la satisfaction client), Environment (performance environnementale). À chaque pilier correspond une note sur une échelle de 1 à 5 et leur moyenne pondérée constitue la note SPICE de l’entreprise. En complément et indépendamment de notre approche, la labellisation des fonds peut induire des exclusions sectorielles. Selon les fonds, le poids de la note S, P ou E a plus ou moins d’importance dans la note globale, la note I comptant toujours pour 50% ».
Méthode de sélection de titres de Portzamparc Gestion
par Bertrand Lamielle, directeur général de Portzamparc Gestion
« Notre approche repose sur les travaux de recherche issus de la finance comportementale, selon laquelle les investisseurs sont, par principe, tout sauf rationnels. Pour supprimer toute subjectivité dans le choix de valeurs, notre processus de sélection repose d’abord sur l’identification des titres disposant de la meilleure tendance boursière, sachant que statistiquement, une tendance a toujours plus de chance de se poursuivre que de s’interrompre. Un titre passe par quatre phases : la baisse, la controverse (arrêt de la baisse), l’accélération et la pause. Notre outil cartographie 1.500 valeurs européennes et 500 valeurs américaines afin de restituer leur état de forme en absolu et par rapport au marché, au travers d’une note. L’étape suivante utilise des filtres quantitatifs pour affiner la sélection. Une fois ce filtrage effectué, nous passons à l’analyse fondamentale des sociétés cotées en vue de procéder ou non à leur sélection. Celle-ci se fonde sur nos rencontres des dirigeants de sociétés en one-to-one et l’accès à la recherche des analyses financiers ».
Actions françaises à acheter en ce moment : les convictions des gérants
Saint-Gobain : profil de croissance amélioré et valorisation sous la moyenne historique
Saint-Gobain, le groupe de matériaux de construction, a subi une baisse de 25,7% de son cours de Bourse au mois de juin, dans le sillage de craintes d’une détérioration de la demande, évoquée par son concurrent irlandais Kingspan, spécialisé dans l’isolation.
« Saint-Gobain se retrouve à des multiples de valorisation très faibles, avec un PE (ratio cours/bénéfices) de 7 contre une moyenne historique de 10 et un ratio de VE/Ebit (valeur d’entreprise ramenée au résultat opérationnel) autour de 6 pour une moyenne historique comprise entre 9 et 10. Le rendement du dividende est, au niveaux actuels, de l’ordre de 4,5%.
Pourtant, le rythme de croissance de ses ventes devrait s’accélérer au cours des prochaines années entre 3 et 5% sur fond d’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments, responsables de 40% des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Cet enjeu passe par de nombreux produits de Saint-Gobain, tant en matière de construction légère que de rénovation thermique. Son pricing lui permet pour l’instant de résister à la hausse des coûts des matières premières.
On notera par ailleurs que son mix-activités est très différent de celui de Kingspan, dépendant à 70% de la construction neuve dans le non-résidentiel, contre 20% pour Saint-Gobain.
La phase actuelle de hausse des taux nous invite à regarder la solidité du bilan. Avec un ratio de dette sur EBE de 1, le levier de Saint-Gobain apparaît raisonnable.
L’organisation du groupe a été simplifiée et tournée vers l’échelon local depuis l’arrivée de Benoit Bazin à la tête du groupe, en juillet 2021, qui a permis à Saint-Gobain de gagner en rapidité de prise de décision et en efficacité.
Globalement, le titre affiche une décote très forte, notamment vis-à-vis de ses pairs cotés sur d’autres places ».
Cyril Charlot, associé fondateur et co-directeur de la gestion de Sycomore AM
Trigano : thématique porteuse à moyen terme et faibles multiples de valorisation
Le titre Trigano, leader européen de la fabrication de camping-car, a perdu près de la moitié de sa valeur depuis son plus haut annuel en début d’année (189,90 euros le 7 janvier en séance).
« Pour l’instant, le newsflow reste convenable, le principal problème résidant dans l’approvisionnement en composants, en particulier en bases roulantes (châssis motorisés). L’activité du second semestre, clôturé à fin août, sera en décroissance faute de produits suffisants à livrer face à une demande qui reste robuste malgré la hausse des prix des carburants. Le camping-car répond à des aspirations sociétales de liberté et de bulle sanitaire qui ont permis d’élargir le public au-delà des séniors, qui constituaient le cœur de clientèle du groupe. La thématique est porteuse à moyen terme, la société est très bien gérée et la direction, forte d’une trésorerie nette supérieure à 250 millions d’euros, a démontré par le passé sa capacité à réaliser des acquisitions structurantes en bas de cycle.
Le titre se négocie à des niveaux de valorisation particulièrement faibles avec un PE inférieur à 7 et un multiple VE/Ebit de 4, contre respectivement 15 et plus de 10 historiquement ».
Cyril Charlot, associé fondateur et co-directeur de la gestion de Sycomore AM
Atos : décote significative par rapport à la somme des parties
Atos a déçu beaucoup d’investisseurs sur fonds de performances financières en retrait et de défiance vis-à-vis de la gouvernance du groupe de services informatiques, dont le titre a perdu plus de 70% depuis le début de l’année à l’heure où nous écrivons ces lignes.
« Dans un secteur où la plupart des acteurs affichent une croissance interne comprise entre 5 et 10% avec une rentabilité opérationnelle proche de 10%, voire supérieure, Atos a enregistré en 2021 une baisse de son chiffre d’affaires de 4,3% en organique et une marge opérationnelle 3,5%.
Indépendamment de l’option stratégique privilégiée par le conseil d’administration de séparer le groupe en deux entités cotées, nous estimons que l’ensemble des actifs d’Atos pris séparément valent largement plus que sa capitalisation boursière actuelle (1,2 milliard d’euros autour de 11 euros par action).
Des valorisations comprises entre 2,5 et 3 milliards d’euros ont été citées rien que pour l’activité Big Data et Sécurité (BDS) d’Atos, la pépite du groupe, qui représente 13% de son chiffre d’affaires. Cependant, s’agissant d’une activité stratégique, il ne faut pas négliger le souhait de l’État de conserver ce périmètre en France, ce qui diminue le nombre d’acquéreur potentiels et la valorisation induite.
L’activité Digital doit pouvoir valoir entre 3 et 4 milliards d’euros.
Le reste du périmètre, représentant 5,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires, en décroissance, pour une rentabilité opérationnelle négative, qui comprend notamment les activités d’infogérance et de business process outsourcing (BPO), doit être redressé dans les années qui viennent ; la gouvernance actuelle ayant failli dans l’adaptation nécessaire et constante des ressources (collaborateurs et sous-traitants) au niveau d’activité.
Nous pensons que d’autres options que le plan de scission présenté en juin peuvent être considérées. Le projet envisagé et la réorganisation préalable présentent à notre sens des risques d’exécution importants. Toutefois, la somme des parties doit pouvoir valoir largement le triple de la capitalisation boursière actuelle ».
Cyril Charlot, associé fondateur et co-directeur de la gestion de Sycomore AM
GTT : bénéficiaire du nouveau contexte énergétique en Europe
« L’invasion de l’Ukraine entraîne un bouleversement de l’approvisionnement énergétique européen, se traduisant par avec un recours accru au gaz naturel liquéfié (GNL), pour lequel GTT propose des systèmes de confinement pour les cuves de méthaniers et les réservoirs de GNL, et de stockage terrestre. Le groupe dispose d’un carnet de commandes record et le cours de GTT est en phase d’accélération ».
Bertrand Lamielle, directeur général de Portzamparc Gestion
Sanofi : une valeur défensive
« Le profil plutôt défensif du secteur de la santé, et tout particulièrement des big pharma se caractérisant par des taux de croissance modérés et des niveaux de valorisation faibles, nous semble adapté au contexte de relèvement des taux d’intérêt et de révision en baisse des prévisions de croissance économique. Sanofi correspond bien à cette logique, de même que son homologue danois Novo Nordisk ».
Bertrand Lamielle, directeur général de Portzamparc Gestion
Actions européennes à acheter en ce moment : les idées des gérants
Equinor : profite des prix élevés du gaz naturel
« Dans le contexte de diminution de l’approvisionnement européen en gaz naturel russe, le groupe norvégien Equinor, spécialisé dans l’extraction de pétrole et de gaz, bénéficie pleinement des prix élevés du gaz, sachant que cet hydrocarbure représente aujourd’hui 45% de sa production contre 30% en moyenne pour le secteur. Grâce d’importants flux de trésorerie, le groupe s’est en outre très rapidement désendetté et ses perspectives sont prometteuses, avec une hausse de la production attendue cette année ».
Bertrand Lamielle, directeur général de Portzamparc Gestion
Solaria : retour sur la thématique des énergies renouvelables
« Solaria, société espagnole qui développe des fermes solaires photovoltaïques, fait partie de ces titres du secteur des énergies renouvelables massacrés en 2021, sans pour autant avoir abandonné toute la hausse de 2020, alors que la toile de fond est totalement inchangée : il s’agit de réduire la dépendance aux énergies fossiles, notamment par la production d’électricité décarbonée, qui fait l’objet d’un vaste plan d’investissement au niveau européen. Pure player du solaire, Solaria commence à se diversifier en implantant des éoliennes au milieu de fermes solaires, ce qui augmente leur taux de charge. Le groupe bénéficie d’un foncier moins cher que dans d’autres pays européens, et la croissance anticipée de sa capacité de production va favoriser l’amélioration de sa rentabilité grâce aux économies d’échelle. Le titre est l’un des premiers du secteur à être achetés quand celui-ci se comporte un peu mieux ».
Bertrand Lamielle, directeur général de Portzamparc Gestion
K+S : résultats 2022 de haut de cycle et groupe désendetté
« L’action du groupe allemand K+S demeure largement sous-évaluée alors que l’exercice 2022 marque un nouveau haut de cycle après celui de 2022. Le groupe profite de la forte hausse des cours des engrais, notamment des prix de la potasse. Sa situation financière s’est considérablement assainie après la vente en 2021 de ses activités liées au sel aux États-Unis et au Chili pour 3,2 millions de dollars ».
Bertrand Lamielle, directeur général de Portzamparc Gestion
Nos offres sélectionnées pour vous :