Avant de se lancer en bourse, l’information, passage obligé
En Bourse, l’information est le nerf de la guerre. Un investisseur particulier peut parfaitement investir dans une action sur une intuition et empocher une belle plus-value. Le scénario peut se répéter une fois, deux fois par chance, mais pas à l’infini. Même si ce n’est pas une garantie de succès, investir sans connaissance sur une valeur est le meilleur moyen de perdre une bonne partie de sa mise.
Il existe plusieurs niveaux d’information pour s’informer avant d’effectuer un investissement boursier.
Cours de Bourse de A à Z et palmarès
Pour surveiller une valeur en particulier ou pour analyser l’évolution des cours de Bourse des entreprises du CAC 40 ou de taille plus petite (petites et moyennes valeurs), en direct d’un point de vue historique, consulter la cotation des actions est la base de toute information boursière. Les sites boursiers utilisés en France pour consulter les cours de A à Z sont Boursorama, Les Echos Bourse – Investir, Bourse Direct, ZoneBourse, ABC Bourse pour ne citer que les principaux. Pour suivre plus finement un portefeuille fictif ou ses idées d’investissement du moment, il est recommandé de se constituer une ou plusieurs listes de valeurs, ce qui permet d’avoir accès aux cotations de plusieurs actions sur un seul écran. Pour un suivi des titres entrant dans la composition d’un indice boursier, la consultation des palmarès peut suffire.
L’accès à des outils plus pointus comme la plateforme d’outils graphiques et d’aide à la décision ProRealTime permet d’approfondir. C’est un excellent moyen pour suivre un portefeuille (création d’alertes, de listes de valeurs sous surveillance, de palmarès thématiques, etc.).
Communiqués de presse et rapports annuels
Lorsqu’elle est cotée en Bourse sur un marché réglementé comme Euronext, une société s’engage à communiquer avec ses actionnaires au travers de communiqués financiers, d’un rapport annuel et semestriel. C’est même une obligation pour une société émettrice, de même que celle de rendre publique au plus tôt toute information privilégiée qui la concerne. Cette communication financière est disponible en ligne, sur le site internet des sociétés cotées, dans l’espace actionnaires, parfois appelé « Finance », ou « informations réglementées ». C’est le meilleur moyen d’accéder à une information de première main, en particulier la publication des comptes annuels et semestriels dont la lecture attentive permet de se faire une idée sur la santé financière de l’entreprise.
Attention ! Une société a tout intérêt à présenter une annonce financière sous un jour favorable, même s’il s’agit d’une mauvaise nouvelle. L’interprétation d’un communiqué financier n’est pas toujours évidente et peut nécessiter un éclairage extérieur pour se forger un avis et éviter les biais. C’est toute la différence entre « la com » et « l’info ».
Presse financière, sites d’info bourse en temps réel, forums et réseaux sociaux
Rien n’oblige un actionnaire à lire la presse économique et financière, papier ou en ligne. C’est tout de même préférable pour croiser les sources, lire une annonce financière sous un autre angle. C’est en confrontant différents constats et analyses que l’on se forge un avis sur un titre. La presse sert aussi à identifier des opportunités. Il faut en revanche se méfier des « pépites », de « la bonne affaire de l’année » et autres « opportunités à ne pas rater » apparaissant sur les forums boursiers ou les réseaux sociaux comme Twitter : il est souvent impossible de déterminer l’identité de l’auteur, susceptible d’être juge et partie en vue d’influencer l’évolution d’un cours de Bourse à son avantage.
Ceci dit, certains spécialistes reconnus pour leur discours pédagogique et bienveillant méritent un détour sur Twitter, comme Nicolas Chéron, stratégiste boursier, ou MasterBourse, spécialiste de l’analyse fondamentale.
La diversification du portefeuille, pour éviter de le risque de concentration
Les bases de la diversification d’un portefeuille boursier
Le risque le plus important d’un investissement en Bourse est celui d’une perte en capital. Se contenter d’acheter des actions d’une seule société revient à s’exposer à une baisse de son cours de Bourse, sans possibilité de compenser cette moins-value. Devenir actionnaire d’une seule entreprise peut dans le pire des cas aboutir à une perte totale en cas de faillite. C’est ce que l’on appelle le risque de concentration du portefeuille. Pour éviter de telles déconvenues (ce qui ne protège pas des marchés baissiers, soyons clairs), la première règle au moment d’investir en Bourse, que l’on soit débutant ou un trader avisé, est de répartir ses risques sur plusieurs actions. Un portefeuille de 5 à 15 actions est une bonne base, détenir une vingtaine de 20 valeurs offre évidemment une diversification plus poussée, ce qui exige naturellement un suivi plus fastidieux et un portefeuille d’une taille conséquente. Une façon de mettre en pratique un vieil adage selon lequel il ne faut pas mettre tous ses œufs dans même panier.
> Plus de détails : Diversification d’un portefeuille boursier : comment diversifier en Bourse
Mais quelles actions acheter pour y parvenir ? Cette diversification peut être sectorielle, en vue de ne pas être exposé à un seul secteur d’activité, ou géographique, en se positionnant sur des sociétés réalisant leur chiffre d’affaires dans des zones différentes les unes des autres. On peut aussi imaginer une allocation beaucoup plus fine, en ciblant des valeurs sensibles aux cours des matières premières, à la conjoncture économique (on les appelle valeurs cycliques) et d’autres liées à des facteurs de croissance structurels, en répartissant son investissement sur des entreprises soumises à une saisonnalité différente de leur activité ou à diverses devises. Pour jouer sur différents tableaux, on peut aussi se constituer un portefeuille réparti entre grandes valeurs d’une part, petites et moyennes capitalisations (les small et mid caps) d’autre part.
Pour une diversification maximale, on peut utiliser les ETF ou trackers, des fonds à frais réduits qui ont vocation à répliquer la performance d’un indice boursier comme le CAC 40, le DAX (indice de la Bourse de Francfort), le S&P 500 (grandes valeurs américaines) ou le MSCI World (actions du monde entier). Pour quelle raison ? Parce qu’un indice est mathématiquement soumis à une moindre volatilité (variations moins importantes, NDLR) que chacune des actions qui entrent dans sa composition : les hausses et les baisses se neutralisent, et la forte dévalorisation d’un titre pour une raison conjoncturelle n’est pas forcément synonyme de recul de l’indice dans son ensemble. Autre solution, opter pour les Sicav et FCP gérés par les meilleurs gérants qui, sur certaines thématiques (comme les petites et moyennes valeurs françaises et européennes) font régulièrement mieux que les indices de référence.
Quelle part de son patrimoine ou de ses placements investir en Bourse ?
Une gestion en « bon père de famille » exige de ne pas mettre tout son argent en Bourse. La diversification doit donc être pensée à l’intérieur du portefeuille d’actions mais aussi à l’échelle du patrimoine et des revenus dans leur ensemble. Cela pose la question de la part de son épargne qu’il est conseillé de placer en Bourse. Il n’y a pas de réponse toute faite ! De nombreux paramètres entrent en ligne de compte :
- l’âge
- l’horizon de détention
- la capacité d’épargne
- le montant de la mise de départ
- le niveau de risque que l’on est prêt à prendre.
Seule certitude, il ne faut placer en Bourse que de l’argent dont on n’a pas besoin à court terme. Cela suppose de faire la part des choses entre épargne de précaution, à déposer sur des placements sûrs pour gérer les dépenses immédiates et épargne de long terme, où il est acceptable de prendre des risques.
> Lire aussi : Comment investir en bourse simplement : étapes et mode d’emploi
Définir une stratégie, pour savoir quelles actions acheter en Bourse
Quelles actions acheter pour gagner en Bourse ? Si tout le monde le savait, tous les Français disposeraient d’un portefeuille d’actions et tous seraient devenus riches ! Il n’y a pas une façon d’investir en Bourse, l’enjeu est plutôt d’apprendre quel est le style qui vous convient.
Avant de commencer en Bourse, il donc faut définir une stratégie d’investissement. Est-ce que je recherche les plus-values ? Ou les dividendes en priorité ? Mon placement boursier est-il destiné à me constituer un complément de retraite ou un capital pour un projet particulier ? Si oui, de quel montant aurai-je besoin ? Y a-t-il des secteurs que je souhaite privilégier et d’autres éviter absolument ? Jusqu’à quel seuil suis-je prêt à accepter une perte sur une valeur ou sur mon portefeuille ? Quelle est mon espérance de gain ? Combien de temps puis-je consacrer à mes investissements ?
Répondre à ces questions permet de définir une stratégie d’investissement, que l’on décline ensuite en achetant telle ou telle valeur pour constituer un portefeuille.
Savoir prendre du recul pour surmonter ses émotions
Une fois que la stratégie est définie, il faut s’y tenir. Placer de l’argent dans des actions requiert rigueur, sang-froid et persévérance. Pourquoi ? Parce que le plus difficile en Bourse est peut-être de gérer ses émotions : se laisser griser par un gain ou céder à la panique après une forte baisse d’un cours en passant un ordre de vente sans réfléchir… C’est en raison de la grande place occupée par la psychologie dans le comportement de chaque investisseur en Bourse que des méthodes de construction et de gestion de portefeuille ont vu le jour pour diminuer son risque et d’améliorer vos espérances de gains. L’une des plus connues s’appelle le money management, utilisée par bon nombre d’adeptes du trading.
Le principe ? Il est simple : le money management consiste à s’appliquer une méthode et à la respecter avec discipline, sans y déroger. Pour s’affranchir, autant que faire se peut, de ses émotions, il faut prendre des décisions et ne pas revenir dessus au moindre imprévu. Le plus simple pour y parvenir est de penser au pire et de passer des ordres en conséquence qui seront exécutés automatiquement : ainsi, placer un ordre de vente de type stop (souvent appelé stop loss ou limitation des moins-values) permet de protéger une position en fonction d’une limite de perte de capital que l’on s’est fixée sur telle ou telle valeur. Si le scénario de baisse se concrétise et que l’ordre de vente est mis à exécution, l’investisseur n’a pas de regret à avoir, il peut se satisfaire d’avoir limité sa moins-value et évité de perdre davantage ! Cela démontre que pour investir en Bourse, il faut faire preuve de persévérance et d’une force de caractère puisqu’il faut être prêt à encaisser un certain nombre de pertes pour espérer gagner de l’argent.
DCA : investir régulièrement pour lisser ses performances dans le temps
Il y a une diversification dont peu d’investisseurs en Bourse ont conscience, la diversification dans le temps. Il s’agit d’investir régulièrement, au travers de versements mensuels ou programmés, ce que l’on nomme aussi la méthode DCA (qui signifie dollar cost average). C’est l’assurance d’éviter d’investir systématiquement lors des points hauts du marché, et de profiter des périodes où le prix des actions est plus bas, par exemple après la chute des cours de bourse intervenue au premier trimestre 2020. Bref d’entrer à différents moments du cycle boursier, ce qui permet d’atténuer les risques de perte et d’adapter ses investissements au contexte de marché. Et pourquoi pas de profiter d’opportunités en phase avec la stratégie définie.
Acheter des actions en Bourse au fil de l’eau est aussi un moyen d’éviter les comportements moutonniers. Les petits porteurs français ont la réputation d’investir quand les actions ont monté et de vendre après la baisse…
Enfin, investir au fil de l’eau quelques dizaines d’euros par mois avec la méthode DCA est peut-être le seul moyen de constituer un portefeuille lorsqu’on n’a pas beaucoup d’argent à investir.
Inconvénient, cette pratique de l’investissement programmé peut amener à faire des achats lorsque les marchés sont chers, et donc à amenuiser la performance globale au terme. L’idéal est donc d’arrêter son programme d’investissement programmé en haut de cycle.
Placer des stop loss ou ordres stop pour limiter les pertes
Le stop loss ou ordre stop est un ordre de bourse intelligent qui permet à l’investisseur de limiter ses pertes. On parle aussi de limitation des moins-values. Placer un ordre stop sur un titre est donc un gage de sécurité : il fixe la limite de perte maximale que l’on est prêt à accepter. Il évite d’être contraint de devoir conserver un titre pendant des mois ou des années suivant l’adage « pas vendu, pas perdu » en attendant sa remontée.
Une fois que l’ordre stop est exécuté, la moins-value est certes actée, mais le capital restant peut être réinvesti sur une autre opportunité. Dans l’idéal, un ordre stop doit être adressé au courtier en même temps que l’ordre d’achat.
L’ordre stop présente un autre avantage : il permet de sécuriser des gains. Lorsqu’un titre passe en plus-value puis poursuit son ascension, le cours de l’ordre stop peut être remonté progressivement jusqu’à l’atteinte de son prix de revient et au-delà. Ainsi, en cas de baisse ultérieure, l’investisseur finira par sortir forcément gagnant.
Disposer de liquidités pour profiter d’une baisse des cours de Bourse
Avoir la conviction qu’un titre va remonter, ne pas avoir assez de cash pour investir, et observer que la remontée a bel et bien eu lieu !
Quel investisseur n’a pas déjà éprouvé cette extrême frustration de devoir laisser une hausse profiter à d’autres parce qu’il ne disposait pas des liquidités nécessaires pour exploiter sa conviction ?
D’où l’intérêt, pour saisir un maximum d’opportunités, de disposer en permanence d’un matelas de trésorerie.
Comment constituer cette réserve de cash pour ne pas passez à côté des bonnes occasions ? Plusieurs solutions :
- Pourquoi pas en mettant de côté les dividendes perçus qui, patiemment accumulés, peuvent représenter une somme rondelette.
- Autre possibilité, réaliser des cessions dans son portefeuilles de valeurs ayant épuisé leur potentiel de hausse et ne réinvestir le produit de cession que quand les conditions de marché sont propices, sur le marché en général et/ou sur un titre en particulier.
- Tout simplement en effectuant un virement de son compte courant vers son compte-titres ordinaire et/ou son PEA.
Bourse en ligne, pour payer moins cher ses frais de transactions
Sans ambiguïté, il vaut mieux faire une infidélité à sa banque pour investir en Bourse. Pour quelle raison ? Parce que passer des ordres et détenir des actions est beaucoup moins cher ailleurs ! Les banques et courtiers en ligne (on parle aussi de brokers en ligne ou de sites de courtage) offrent des tarifs plus compétitifs que les banques de réseau traditionnelles : le coût total annuel de gestion et de détention varie du simple au triple.
Cette différence s’explique d’abord par l’absence de droits de garde dans les établissements 100% en ligne contre plus d’un tiers des frais annuels dans une banque de réseau (73 euros en moyenne pour un portefeuille de 10.000 euros réparti sur 10 lignes, selon les tarifs relevés par l’AMF au 1er janvier 2023). Autre explication : des frais moyens d’achat et de vente jusqu’à quatre moins élevés chez les acteurs en ligne pour un particulier qui investit en direct en actions cotées sur Euronext Paris par rapport à une banque traditionnelle.
Parmi les banques en ligne, on peut citer BoursoBank et Fortuneo.
Les principaux courtiers en ligne se nomment Bourse Direct, Saxo Banque (qui a absorbé Binckbank en 2020), Trade Republic et IG.
PEA ou compte titres ?
Sans hésiter, le PEA (plan d’épargne en actions) est l’enveloppe idéale pour investir dans les actions françaises et européennes. Dans un PEA, aucune taxe n’est prélevée sur les dividendes et les plus-values tant que l’on ne sort pas du plan. En d’autres termes, c’est un moyen de gérer un portefeuille d’actions en franchise d’impôt. Autre avantage fiscal, au bout de 5 ans de détention, on peut en sortir de son PEA sans impôt sur le revenu ; seuls les prélèvements sociaux (CSG, CRDS, etc.) sont retenus à la source sur le montant total des gains.
Inconvénient, le PEA est plafonné : on peut y effectuer des versements dans la limite de 150.000 euros. De plus, contrairement au compte-titres, le PEA ne permet pas de compenser les pertes et les gains d’un point de vue fiscal. Autre désagrément, impossible de détenir directement des actions Nvidia, Tesla, Amazon, Apple, Google ou Facebook/Meta dans un PEA ! Il n’est en effet pas permis d’investir sur des marchés financiers plus lointains, comme les actions américaines, japonaises ou chinoises. Si l’on souhaite investir en direct sur des actions de sociétés cotées à Wall Street, il faut opter pour le compte titres ordinaire (CTO). D’autant plus que depuis l’entrée en vigueur en 2018 de la flat tax (prélèvement forfaitaire unique à 30% sur les revenus du capital), les allers-retours au sein d’un portefeuille géré en compte-titres sont moins taxés qu’auparavant pour les contribuables imposables.
Autre solution, l’assurance vie ou le plan d’épargne retraite (PER). De plus en plus de contrats permettent d’investir dans des titres vifs (actions en direct), dans les grandes valeurs essentiellement. Inconvénient, le souscripteur est soumis aux frais de gestion annuels du contrat. Avantage : en cas d’arbitrage, il est possible de placer ses gains sur un fonds euros à capital garanti (rémunération variable d’un contrat et d’un assureur à l’autre) alors que les liquidités non investies d’un PEA ou d’un compte-titres ne rapportent rien.
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