PEA ou compte-titres ordinaire (CTO) : quel compte pour investir en Bourse ?

Par Olivier Brunet

PEA et compte-titres ordinaire (CTO) sont deux comptes d’investissement permettant d’acheter et de vendre des titres sur les marchés financiers. La fiscalité du PEA offre un avantage incomparable, alors que la liberté d’action du CTO est très appréciable. Différences, tableau comparatif, avis sur le PEA et le CTO, FAQ.

PEA ou CTO pour investir en Bourse : tableau comparatif

PEA vs CTOPEACompte-titres ordinaire
Univers d'investissementActions de l’Union Européenne (hors foncières cotées), fonds actions investis à 75% en actions éligibles, trackers (ETF) sans contrainte géographique Actions du monde envier (foncières cotées incluses), obligations, fonds (FCP, Sicav) et ETF sans aucune contrainte géographique
ETFOui, si éligibles au PEAOui, sans limitation
Obligations en directNon éligiblesÉligibles
NombreUn PEA maximum par titulaire majeur
Cumul possible avec le PEA PME
Illimité
Plafond de versements150.000 € (PEA)
225.000 € (PEA PME)
20.000 € (PEA jeune)
Aucun (versements illimités)
TitulairePersonne physique majeurePersonne physique, personne morale
Enfant mineurNonOui (géré par le représentant légal)
RetraitsLibres après 5 ans, clôture du PEA avant 5 ansLibres, à tout moment
FiscalitéDe 0 à 5 ans, PFU sur les gains (12,8%)
Au-delà de 5 ans, gains exonérés d'impôt
PFU sur les gains (12,8%), imposition au barème de l'impôt sur option
Prélèvements sociaux17,2% sur les gains, uniquement en cas de retrait ou de clôture17,2%, sur tous les gains (dividendes, plus-values, coupons d'obligations)
SuccessionClôture, transfert des titres sur un compte-titres succession dans l’actif successoralPortefeuille intégré dans l’actif successoral

Le tableau ci-dessus présente les principales différences existant entre le plan d’épargne en actions (PEA) et le compte-titres ordinaire (CTO), pour un investisseur souhaitant gérer activement son portefeuille.

Comme il ne comporte pas d’avantage fiscal particulier (contrairement au PEA), le CTO offre davantage de souplesse que le PEA, tant en matière de conditions de détention qu’au niveau de l’univers d’investissement accessible. Cependant, l’absence d’imposition sur les plus-values en l’absence de retrait pendant toute la durée du plan, et spécifiquement au-delà de 5 ans en cas de retrait, offre un avantage indéniable au PEA pour investir.

Avantages du PEA, inconvénients du compte-titres ordinaire (CTO)

Le PEA bénéficie des avantages associés aux enveloppes de capitalisation (pas de taxation en l’absence de retrait) :

  • exonération d’impôt et de prélèvements sociaux sur les dividendes lors de leur perception
  • exonération d’impôt et de prélèvements sociaux sur les plus-values lors de leur encaissement

Ces exonérations sont définitivement acquises au titre de l’impôt sur le revenu, à l’expiration d’une durée de 5 ans après l’ouverture du PEA.

À l’opposé, les principaux inconvénients du compte-titres ordinaire sont également de nature fiscale : chaque perception de dividende ou de plus-value est taxable dès l’année de leur encaissement et le premier euro de gain. On ne peut donc pas réinvestir la totalité de ses gains, puisqu’une partie est rognée chaque année par la pression fiscale, contrairement au PEA.

Avantages du compte-titres ordinaire (CTO), inconvénients du PEA

Pourquoi ouvrir un CTO plutôt qu’un PEA ? En contrepartie d’une fiscalité moins avantageuse, la liberté d’action est plus grande dans un compte-titres ordinaire :

  • titres éligibles : le compte-titres permet d’investir librement dans toutes les classes d’actifs (actions, obligations, monétaire, supports diversifiés, immobilier…) et dans toutes les zones géographiques, sans restriction
  • pas de plafond de versements sur un compte-titres
  • multidétention : possibilité de détenir plusieurs comptes titres par personne
  • pertes et droits de garde fiscalement déductibles

Le PEA est en revanche soumis à plusieurs limites :

  • plafond de versements : montant maximum de 150.000 euros par personne
  • limitation à 2 PEA par foyer fiscal (+ PEA jeune d’un enfant majeur rattaché fiscalement) et à 1 PEA par personne
  • titres éligibles limitées aux actions françaises et européennes, ainsi qu’au fonds investis à 75% minimum dans ces classes d’actifs (sauf cas particuliers des ETF ou fonds indiciel cotés à réplication synthétique qui permettent de reproduire la performance d’un indice boursier international par des mécanismes d’échange de performance).
    ⛔Le PEA ne permet pas d’investir en direct dans les actions américaines, telles quel Tesla, Nvidia, Microsoft ou Alphabet (maison-mère de Google).

Peut-on avoir un PEA et un compte-titres ordinaire (CTO) simultanément ?

Détenir un PEA et un compte-titres en même temps est autorisé : rien n’empêche un seul individu de posséder ces deux types de comptes simultanément. Un investisseur peut détenir un PEA et un CTO dans le même établissement, ou chacun des comptes dans deux établissements financiers différents.

La limitation du nombre de comptes à un seul par personne ne concerne que le PEA, pas le CTO. Il est ainsi possible de détenir autant de comptes-titres que l’on souhaite.

Cumuler la détention d’un PEA et d’un CTO permet de bénéficier à la fois :

  • des avantages fiscaux du PEA
  • et de l’absence de contraintes du CTO (pas de plafond, pas de limitation de l’univers d’investissement)

Investir en ETF :  PEA ou compte-titres ordinaire (CTO) ?

Le principe d’un ETF ou tracker (fonds indiciel coté en Bourse comme une action) est de suivre la performance d’un indice boursier et de délivrer au porteur de parts de l’ETF une performance la plus proche possible de celle de l’indice de référence.

On peut investir en ETF, tant au travers d’un PEA que dans le cadre d’un compte-titres ordinaire.

Cependant, le choix d’ETF accessibles est beaucoup plus vaste dans un compte-titres, puisque celui-ci peut recueillir des investissements sans aucune contrainte, quelle que soit la zone géographique ou la catégorie d’actifs.

En revanche, le PEA est en principe limité aux actions européennes (dont les actions françaises) et aux fonds investis à 75% minimum en actions européennes, ce qui est également valable pour les ETF. Seuls les ETF permettant de s’exposer aux valeurs européennes (hors Suisse et Grande-Bretagne) sont donc en principe éligibles au PEA.

Toutefois, au travers de mécanismes d’échange de performances, les sociétés de gestion proposant des ETF ont conçu des ETF éligibles au PEA en offrant une exposition aux actions mondiales, américaines, asiatiques ou à d’autres catégories d’actifs (marché monétaire, par exemple). Techniquement, ces trackers sont appelés ETF à réplication synthétique (par opposition aux ETF à réplication physique, qui détiennent effectivement les titres éligibles sous-jacents).

Un investisseur a donc tout intérêt à privilégier le PEA et ses avantages fiscaux pour investir en ETF, que ce soit en actions françaises et européennes, ou en actions internationales, jusqu’à l’atteinte du plafond de versements de 150.000 euros.

S’il souhaite investir sur des ETF en DCA (dollar cost averaging), une méthode qui permet d’investir régulièrement, y compris pour des petits montants, l’investisseur doit pour le moment se contenter du CTO.

L’assurance vie, une alternative à considérer avant le PEA et le CTO

Comme le PEA, l’assurance vie est une enveloppe dite de capitalisation : tant que l’on n’effectue aucun retrait, l’épargne investie sur des fonds et des supports d’investissement performants se valorise sans ponction fiscale.

En effet, en cas d’arbitrage (changement dans la composition du contrat), les gains sont réinvestis à 100%, en plus du capital initial, sur le nouveau support sur lequel l’argent est affecté. L’effet boule de neige joue donc à plein, puisque les gains sont réinvestis en vue d’en générer d’autres, sans prélèvement du moindre impôt.

Comme le compte-titres, l’assurance vie permet d’investir dans toutes les catégories d’actifs (et, en prime, sur le fonds en euros, à capital garanti), à condition de bien choisir son contrat. Celui-ci doit offrir un vaste choix de véhicules d’investissement (fonds, ETF, placements cotés ou non cotés, actions en direct), de gérants, de catégories d’actifs (actions, obligations, monétaire, immobilier, matières premières), le tout avec une tarification raisonnable, en particulier au niveau des frais sur encours sur la partie dite en unités de compte (placements non garantis). Les contrats d’assurance vie les plus compétitifs présentent des frais de gestion annuels inférieurs ou égaux à 0,5%.

L’assurance vie est un bon compromis entre PEA et CTO, avec une fiscalité privilégiée (abattement fiscal sur les gains au-delà de 8 ans de détention).

Comparatif PEA vs compte-titres ordinaire (CTO) : l’avis de la rédaction

Le PEA est un véhicule à privilégier pour investir dans les actions françaises ou européennes, pour des raisons fiscales et sur un horizon à moyen-long terme, le délai de 5 ans de détention du plan permettant, en l’absence de retrait, de ne pas être soumis à l’impôt sur le revenu sur les gains.

Le PEA peut aussi être utilisé pour exposer son portefeuille à d’autres catégories ou classes d’actifs (placements monétaires, actions internationales) au travers d’ETF (fonds indiciels cotés comme des actions) qui reproduisent la performance d’un indice ou d’un sous-jacent autre que les actions européennes.

Le compte-titres est utile pour diversifier davantage un portefeuille de titres, sans aucune contrainte.

Le CTO peut ainsi servir à investir directement ou indirectement (via des fonds ou des ETF) sur des actions américaines, telles que les 7 magnifiques (Alphabet/Google, Apple, Facebook/Meta, Amazon, Microsoft, Nvidia et Tesla) et autres grandes valeurs de croissance américaines, sur des actions suisses (comme Nestlé, Novartis, Richemont) ou sur toute autre Bourse autre que les marchés européens hors zone euro + pays de l’Espace économique européen (UE 27 + Islande, Norvège et Liechtenstein).

Le CTO est aussi le seul moyen d’investir en direct dans des obligations (ce type de titres n’étant pas éligible au PEA).

Pour l’heure, les plateformes de type neo-brokers, permettant d’effectuer simplement des investissements programmés (méthode appelée DCA, pour « dollar cost averaging ») à intervalles réguliers, par exemple mensuels, ne permettent pas d’investir via un PEA : seul le compte-titres est proposé par ces acteurs.

Le CTO peut aussi être utilisé pour faire un coup (investissement de type « one shot » ou « Lump sum »), en cas de conviction forte sur une valeur sous-évaluée, afin de pouvoir profiter de l’éventuelle plus-value dès son encaissement (déduction faite, bien sûr, de la fiscalité applicable).

FAQ sur le PEA et le compte-titres ordinaire (CTO)

Quelle est la différence entre un CTO et un PEA ?

On peut distinguer trois différences principales entre le PEA et le CTO :

  1. fiscalité :
    CTO : flat tax par défaut à 30% (12,8% au titre de l’impôt sur le revenu + 17,2% de prélèvements sociaux) ou imposition au barème de l’impôt sur option, pour tout gain généré (dividendes, plus-value, coupons d’obligations)
    PEA : gains exonérés d’impôt sur le revenu en cas de retrait 5 ans après l’ouverture du plan (seuls les prélèvements sociaux sont à payer, soit 17,2%), absence de toute imposition en cas d’arbitrage (mouvement au sein du portefeuille)
  2. univers d’investissement :
    CTO : toutes classes d’actifs (actions, obligations, monétaire, immobilier) en direct et via des fonds (Sicav, FCP, ETF) et toutes zones géographiques
    PEA : actions françaises et européennes (UE 27 + Islande, Norvège et Liechtenstein), fonds investis à 75% minimum en actions éligibles, ETF éligibles au PEA
  3. plafond de versements :
    CTO : aucun
    PEA : 150.000 euros (ou 225.000 euros en cas de cumul avec un PEA-PME, dont 150.000 euros maximum pour le PEA classique)

Quels sont les avantages fiscaux du PEA par rapport au CTO ?

Le PEA confère en cas de retrait, après cinq ans de détention du plan, une exonération d’impôt sur le revenu sur les gains, ceux-ci étant uniquement soumis aux prélèvements sociaux (17,2%). Quel que soit l’âge du PEA, les gains peuvent être réinvestis en franchise d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux. Autrement dit, le PEA permet, pour un même somme investie au départ, de faire fructifier davantage d’argent que le CTO.

Les gains au sein d’un CTO sont, quant à eux, soumis à l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux dès le premier euro, au taux global de 30% (12,8% de prélèvement forfaitaire unique ou PFU et 17,2% de prélèvements sociaux).

Quels sont les frais associés au PEA et au CTO ?

PEA et CTO ont la même structure de frais. Les coûts associés peuvent être classés parmi les trois catégories suivantes :

  • frais liés à la gestion du portefeuille, sur les opérations d’achat et de vente
  • frais récurrents liés à la détention du compte, prélevés chaque année
  • frais annexes : frais administratifs à l’ouverture, à la clôture ou au transfert, frais liés à la souscription de services complémentaires

En pratique, les principaux frais constatés sur les CTO et les PEA sont les suivants :

  • frais de transaction : frais sur les ordres de Bourse (ou frais de courtage), taxe sur les transactions financières (TTF) pour certaines valeurs, commission de change pour les ordres sur un titre libellé en devise autre que l’euro
    ➡️ Généralement, les coûts sont dégressifs : plus le montant de l’ordre passé est important, moins le pourcentage de frais prélevé est élevé
  • frais administratifs, qui n’existent que dans les banques traditionnelles : droits de garde prélevés au titre de la conservation des actions (en fonction de la valeur du portefeuille au 31 décembre et/ou du nombre de lignes en portefeuille) et frais de tenue de compte
    ➡️ Ces frais n’existent pas dans les banques en ligne et les « néobrokers »

Selon la dernière enquête de l’Autorité des marchés financiers (AMF) publiée en avril 2024, pour un ordre de Bourse de 1.000 euros passé sur une action cotée à Paris, le montant des frais se monte :

  • dans les banques traditionnelles : à 0,49% en moyenne sur les PEA et à 0,68% sur les CTO
  • chez un acteur en ligne : à 0,28% en moyenne

Depuis le 1er juillet 2020, les frais du PEA sont plafonnés :

  • à 10 euros de frais de dossier à l’ouverture
  • à 0,4% de la valeur des titres détenus au titre de la tenue de compte et des frais de garde (5 euros maximum par ligne et 25 euros par ligne de titres non cotés)
  • à 0,5% sur les transactions réalisées en ligne
  • à 1,2% sur les transactions réalisées au guichet ou par téléphone

PEA ou compte-titres ordinaire (CTO) : comment choisir ?

Quelques critères ou stratégies d’investissement pour choisir entre PEA et CTO, en vue d’acheter et vendre des titres ou parts de fonds sur les marchés :

  • pour investir en direct en actions françaises ou européennes : sans hésiter, privilégier le PEA
  • pour investir en direct en actions américaines : le CTO
  • pour investir en DCA (investissement programmés) : plus simple avec certains CTO (chez les néo-brokers)
  • pour investir en ETF : plus large choix avec un CTO, mais possible via le PEA
  • pour investir en obligations d’entreprises : le CTO (impossible dans un PEA)
  • PEA au plafond : le CTO s’impose pour faire fructifier de nouveaux versements, sauf quand on veut investir dans les PME-ETI cotées françaises ou européennes (les « small et mid caps ») ; dans ce cas, on peut ouvrir un PEA-PME (cumulable avec le PEA, dans la limite de 225.000 euros versés sur les deux plans)
  • pour investir la somme reçue d’un héritage : cela dépend du montant perçu et de la façon dont on veut affecter son argent ; saturer son PEA en y versant 150.000 euros apparaît évident.

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