Le prix de la consultation chez le médecin fixé à 25 euros

Par Solenne Dimofski

Après la bataille du tiers-payant généralisé, celle sur le prix de la consultation chez un médecin généraliste s’est soldée par un succès pour les professionnels de la santé. Depuis le 1er mai 2017, le tarif d’une consultation chez son généraliste est passé de 23 à 25 euros après que plusieurs syndicats ont approuvé la nouvelle convention négociée avec l’Assurance maladie.

Depuis le 1er mai 2017, le prix de la consultation chez un médecin généraliste a augmenté de 2 euros. Un patient règle 25 euros à son généraliste conventionné en secteur 1, à savoir sans dépassement d’honoraires. De son côté, la Sécurité sociale continue de rembourser 70% sur 25 euros (soit 17,50 euros) auquel il faut retrancher un euro de franchise. Le remboursement de l’Assurance maladie est donc de 16,50 euros, la mutuelle santé du patient prenant en charge le reste (7,50 euros).

Cette augmentation a été actée le 21 août 2016, après que la majorité des adhérents de la Fédération des médecins de France (FMF) ont voté la convention négociée avec l’Assurance maladie. Pour les enfants de moins de 6 ans, elle a été portée à 30 euros, contre auparavant 26 euros pour les 2-6 ans et 28 euros pour les 0-2 ans. Parallèlement de nouveaux tarifs ont été mis en place depuis novembre 2017 pour des consultations dites plus complexes.

Une revalorisation espérée de longue date par la majorité des professionnels de santé au travers des principaux syndicats de médecins. Jusqu’ici, le prix de la consultation était fixé à 23 euros, un tarif qui n’avait pas évolué depuis 2011, date des dernières négociations entre l’Assurance maladie et les médecins libéraux (généralistes et spécialistes). « Ce n’est donc pas une augmentation tarifaire mais un léger rattrapage après six ans et demi de blocage… Surtout que ces deux euros supplémentaires ne concernent qu’une petite partie des médecins libéraux du pays (environ 40%) », rétorque de son côté le président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), Jean-Paul Ortiz. Les médecins spécialistes ont toutefois obtenu le relèvement du tarif d’un avis ponctuel sur demande du médecin traitant de 46 à 48 euros. Une première hausse de 46 à 48 euros est intervenue en octobre 2017. Une seconde à 50 euros est entrée en vigueur en juin 2018.

Des professionnels (toujours) pas satisfaits

Dans les mois précédant l’augmentation du prix de la consultation, les médecins n’avaient cessé de plaider en faveur d’une revalorisation de leurs honoraires, parmi les plus bas d’Europe, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). De nouvelles négociations pour déterminer la feuille de route des cinq prochaines années avaient débuté le 24 février 2016 entre les médecins libéraux et l’Assurance maladie. Des débats pour le moins tendus : non seulement, les professionnels de santé avaient encore en travers de la gorge la généralisation du tiers-payant votée à la fin 2015 dans le cadre de la loi santé, mais en plus, l’Assurance maladie possède très peu de marge de manœuvre budgétaire pour satisfaire l’ensemble des revendications portées sur sa table.

Au final, ce pas en avant a semblé satisfaire le syndicat MG France comme le prouve cette réaction sur le réseau social Twitter :

Même son de cloche du côté du syndicat des chirurgiens, le Bloc.

À l’inverse de la CSMF (généralistes et spécialistes) qui, malgré ce « geste » du gouvernement sortant, restait sceptique comme le montrent ces réactions sur le réseau social Twitter :

46 et 60 euros pour les consultations complexes et très complexes

Parmi les autres propositions de l’Assurance maladie entérinées par l’accord, le montant des consultations « complexes » (dépistage de mélanome, première consultation de contraception, les trois consultations obligatoires du nourrisson) a été porté à 46 euros et à 60 euros pour celles jugées « très complexes » (mise en place d’une stratégie thérapeutique pour les patients atteints d’un cancer, prise en charge en cas d’infection par le VIH…) depuis le 1er novembre 2017.

Lorsque votre médecin traitant vous adresse à un spécialiste, le tarif de la consultation s’élève désormais à 30 euros.

L’historique des négociations

Les attentes tarifaires des médecins variaient selon les principaux syndicats de la profession. Le syndicat des médecins généralistes, MG France, revendiquait une consultation revue à 25 euros, afin de s’aligner sur le tarif de base des autres spécialistes. De son côté, la CSMF réclamait une hausse du prix de la consultation « pour l’ensemble des médecins » à 30 euros. Afin d’appuyer cette requête, la CSMF avait appelé les professionnels « à pratiquer la désobéissance tarifaire en augmentant le tarif de la consultation et en pratiquant des dépassements d’honoraires en fonction du contenu et des actes ».

Davantage dans le symbolique, le président de la Fédération des médecins de France Jean-Paul Hamon, invité sur le plateau de LCI le 18 février 2017, avait alors plaidé en faveur d’« un plan Marshall sur la médecine libérale ». « Il faut que l’exercice libéral se déroule dans de bonnes conditions et cela passe par une revalorisation de la consultation. Il faut une véritable réforme et non des mesurettes. » Les syndicats souhaitaient également rehausser le montant des consultations longues et complexes, autour de 40 euros, et disposer d’une somme forfaitaire afin de pouvoir engager du personnel en commun et se consacrer ainsi davantage à l’exercice médical. Ils ont là encore obtenu gain de cause, la convention prévoyant la création de deux nouvelles consultations longues et complexes, à 46 et 60 euros.

Si le bras de fer entre Marisol Touraine, la ministre de la Santé de l’époque, et les professionnels de santé s’était poursuivi sur le tiers-payant, sans qu’aucun des deux camps ne cède, la ministre de la Santé s’est montrée davantage ouverte à une revalorisation. Invitée du grand jury RTL / Le Figaro / LCI le 21 février, Marisol Touraine avait réaffirmé « que la rémunération des médecins sera augmentée ». Pour la ministre, la question était davantage de savoir sous quelle forme et de quelle manière. « Il y a le prix de la consultation et tout ce qui l’accompagne et que l’on n’a pas toujours à l’esprit : chaque fois qu’un médecin reçoit un patient et qu’il l’incite à se faire vacciner, ou une personne âgée avec qui il va passer davantage de temps (5 euros pour les plus de 80 ans, Ndlr), l’Assurance maladie lui paie une certaine somme en plus du prix de la consultation. » Avant d’ajouter qu’elle souhaitait que « l’on valorise les médecins qui sont fortement engagés dans la lutte contre le tabac » via une rémunération complémentaire.

Après cinq mois de négociations entre les médecins libéraux (généralistes et spécialistes) et l’Assurance maladie, la convention des cinq prochaines années a donc été ratifiée.

Alors qu’après plusieurs rencontres les deux parties ne parvenaient toujours pas à se mettre d’accord, l’Assurance maladie avait fait un pas en avant, proposant d’augmenter le tarif de la consultation chez un généraliste de 23 à 25 euros en une seule fois, au 1er mai 2017.

Or, au départ, cette revalorisation avait été mise sur la table en deux temps : un euro supplémentaire en avril 2017, et un autre en avril 2018. Principale raison évoquée : les difficultés budgétaires auxquelles doit faire face l’organisme.

Une solution loin de convenir aux principaux intéressés. « Inacceptable », avaient crié en chœur les syndicats qui ont déjà trop attendu, le prix de la consultation étant bloqué depuis 2011. « Nous voulons une consultation à 25 euros aujourd’hui », avait ainsi clamé le président de MG France Claude Leicher à l’AFP.

L’enveloppe totale sur la table (à terme, en 2019) selon les syndicats de médecins aurait ainsi été portée à 1,3 milliard d’euro en comptant la part des complémentaires santé, soit un effort supplémentaire de 40 millions d’euros de la part de l’Assurance maladie. Ici également, les syndicats ont obtenu gain de cause.

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