Service national universel, c’est quoi ?
Au cours de la campagne à l’élection présidentielle de 2017, Emmanuel Macron a promis le rétablissement d’un « service national obligatoire et universel » dans le but d’accroître la mixité sociale et la cohésion républicaine des jeunes Français avant leur entrée dans la vie active.
Arrivé à l’Élysée, le chef de l’État a demandé à un groupe de travail d’examiner les conditions dans lesquelles pourrait être mis en place le dispositif, rebaptisé « service national universel » ou SNU. Ce groupe, présidé par le général de brigade Daniel Ménaouine et constitué de six personnalités (*), a remis fin avril 2018 un rapport au gouvernement.
Sur la base de ce document, le premier ministre de l’époque, Édouard Philippe, a présenté les grands contours du SNU lors du Conseil des ministres du 27 juin 2018. Le service national universel comprend deux phases.
Première phase obligatoire
Une première phase obligatoire d’un mois est effectuée durant les vacances scolaires au plus tôt à la fin de la classe de troisième et au plus tard avant l’entrée en première. Cette phase est elle-même divisée en deux temps : une période « de cohésion » de 15 jours en hébergement collectif qui permettra le « brassage social » et le « partage des valeurs de la République », suivie d’une autre période de 12 jours consécutifs (ou 84 heures réparties au cours de l’année) de « mission d’intérêt général » réalisée en petits groupes et pas forcément en internat.
Les jeunes portent une tenue SNU, dont le design est issu d’un concours organisé auprès de lycées. Les activités sont organisées autour de sept thématiques : défense, sécurité et résilience nationales ; citoyenneté et institutions nationales et européennes ; autonomie, connaissance des services publics et accès aux droits ; développement durable et transition écologique ; activités physiques et sportives et de cohésion ; culture et patrimoine ; découverte de l’engagement.
La journée commence par un levée de drapeau au chant de la Marseillaise. La matinée et l’après-midi sont consacrées aux activités collectives. Les jeunes sont notamment formés aux gestes qui sauvent, aux réactions à avoir en cas d’attentat ou de catastrophe naturelle et recevront des modules sur l’environnement ou les valeurs de la République. Un module de self-défense et d’auto-défense est proposé aux jeunes filles.
Un programme d’accompagnement à l’insertion sociale et professionnelle est proposé à travers un dépistage de l’illettrisme, un bilan de santé et un bilan de compétences. Un temps libre est prévu en fin de journée, ainsi qu’un moment « de démocratie interne » (échanges). Le coucher est fixé à 22h30.
Les jeunes sont accompagnés par des éducateurs spécialisés, des militaires réservistes ou retraités, des professeurs missionnés pour le SNU, disposant a minima du brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA) ou d’un diplôme équivalent. Le taux d’encadrement est d’un adulte pour 6 jeunes en moyenne. Au total, 450 cadres devraient évoluer en permanence dans les centres SNU.
Seconde phase facultative
Une seconde phase facultative d’une durée de 3 à 12 mois peut être effectuée avant l’âge de 25 ans. Cette période d’engagement, qui peut être réalisée dans le cadre des dispositifs de volontariat existants (dont le service civique), doit porter, au choix du volontaire, sur :
- la défense et la sécurité (engagement volontaire dans la gendarmerie, les pompiers, la sécurité civile)
- l’accompagnement des personnes (âgées, handicapées, illettrées…)
- la préservation du patrimoine
- la protection de l’environnement
- le tutorat
Cette liste ne se veut pas exhaustive : d’autres thèmes pourront être ajoutés par la suite. C’est le jeune qui choisit son organisme accueillant qui peut être un service public, une collectivité, une association, la gendarmerie ou les pompiers.
À l’issue du programme, le volontaire se voit offrir une première inscription au code de la route. Un certificat de participation au SNU lui est remis lors d’une cérémonie en préfecture.
Le SNU, pour qui ?
Le service national universel concerne les jeunes de 17 à 25 ans. Il s’adresse aussi bien aux garçons qu’aux filles, aux jeunes scolarisés et non scolarisés (la scolarité n’est plus obligatoire après 16 ans). Le SNU s’applique ainsi aux élèves de classe de troisième, de seconde quelle que soit la filière (générale, technologique, professionnelle), en brevet d’études professionnelles (BEP), en certificat d’aptitude professionnelle (CAP), aux apprentis, mais aussi aux « décrocheurs » sortis du système scolaire.
L’objectif du SNU est justement de faire se rencontrer l’ensemble des jeunes de la même génération issus de tous les milieux sociaux, de toutes les origines ethniques et/ou religieuses et de tous les niveaux scolaires. À terme, le dispositif a vocation à toucher environ 800.000 appelés par an.
Selon le ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse, 40.000 volontaires (dont 55,9% de filles, 5,7% de jeunes issus des quartiers prioritaires de la ville et 2,7% de jeunes en situation de handicap) répartis dans 121 centres ont pris part à la campagne 2022 (3.000 pour le séjour de février, 17.000 pour celui de juin et 20.000 pour celui de juillet). Pour la première fois, le nombre de places ne sera plus limité pour la campagne 2023.
Le SNU, à quel âge ?
La phase obligatoire du futur service national universel est effectuée aux alentours de 16 ans. La phase facultative est, elle, accessible jusqu’au 25ème anniversaire du jeune.
Le SNU est-il obligatoire ?
Seule la première phase du service national universel est obligatoire. À l’image de l’actuelle journée défense et citoyenneté (JDC) effectuée vers l’âge de 16 ans, la présentation d’un certificat de participation à la phase I du SNU pourrait être exigée pour pouvoir passer les épreuves du baccalauréat, du BEP, du permis de conduire et s’inscrire aux concours administratifs. La phase II du SNU n’est, quant à elle, pas obligatoire.
Le SNU devrait devenir obligatoire à l’horizon 2026. Une date qui « n’est pas consolidée et nécessitera un projet de loi », a indiqué Sarah El Haïry, secrétaire d’État à la Jeunesse et à l’Engagement, début janvier 2021 dans une interview au Parisien.
Insciption SNU 2023
La plateforme moncompte.SNU permet de s’inscrire en ligne. Un appel au volontariat est organisé dans les lycées, les centres de formation des apprentis (CFA), les missions locales pour toucher les décrocheurs scolaires et les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) pour recruter des jeunes en situation de handicap. Pour s’inscrire, le jeune doit disposer d’une pièce d’identité (carte nationale d’identité ou passeport) et, s’il est mineur, de l’accord d’au moins un de ses représentants légaux (parents, tuteur…).
Pour la campagne 2023, les inscriptions sont ouvertes depuis le 19 octobre 2022. Trois séjours de cohésion sont proposés :
Premier séjour 2023
- du 19 février au 3 mars 2023, pour la zone C (académies de Créteil, Montpellier, Paris, Toulouse et Versailles)
- du 9 au 21 avril 2023 pour la zone A (académies de Besançon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Limoges, Lyon et Poitiers)
- du 16 au 28 avril 2023 pour la zone B (académies d’Aix-Marseille, Amiens, Caen, Lille, Nancy-Metz, Nantes, Nice, Orléans-Tours, Reims, Rennes, Rouen et Strasbourg.
Les jeunes non scolarisés, en apprentissage, en emploi ou dans d’autres situations sont concernés par l’ensemble des trois sessions.
Deuxième séjour 2023
- du 11 au 23 juin 2023 pour les zones A, B et C
Troisième séjour 2023
- du 4 au 16 juillet 2023 pour les zones A, B et C
(*) L’ancienne secrétaire d’État aux victimes Juliette Méadel, le conseiller d’État Thierry Tuot, le préfet Kléber Arhoul, la déléguée générale de la Fédération de la formation professionnelle Emmanuelle Pérès, la présidente de l’association CitizenCorps Marion Chapulut et le consultant en ressources humaines Guy Lavocat.