SNU : tout savoir sur le service national universel

Par Jean-Philippe Dubosc

Instauré en 2019, le service national universel est un dispositif visant à favoriser le « brassage social » et le partage des « valeurs républicaines » chez les jeunes. En 2024, 80.000 volontaires de 17 à 25 ans ont participé à l’un des quatre séjours de cohésion organisés hors temps scolaire. Le président Emmanuel Macron s’est prononcé, en mars 2025, pour une « grande refonte du SNU ».

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Service national universel, c’est quoi ?

Au cours de la campagne à l’élection présidentielle de 2017, Emmanuel Macron a promis le rétablissement d’un « service national obligatoire et universel » dans le but d’accroître la mixité sociale et la cohésion républicaine des jeunes Français avant leur entrée dans la vie active.

Arrivé à l’Élysée, le chef de l’État a demandé à un groupe de travail d’examiner les conditions dans lesquelles pourrait être mis en place le dispositif, rebaptisé « service national universel » ou SNU. Ce groupe, présidé par le général de brigade Daniel Ménaouine et constitué de six personnalités (*), a remis fin avril 2018 un rapport au gouvernement.

Sur la base de ce document, le premier ministre de l’époque, Édouard Philippe, a présenté les grands contours du SNU lors du Conseil des ministres du 27 juin 2018. Le service national universel comprend deux phases.

Première phase obligatoire

Une première phase obligatoire d’un mois est effectuée durant les vacances scolaires au plus tôt à la fin de la classe de troisième et au plus tard avant l’entrée en première. Cette phase est elle-même divisée en deux temps : une période « de cohésion » de 15 jours en hébergement collectif qui permettra le « brassage social » et le « partage des valeurs de la République », suivie d’une autre période de 12 jours consécutifs (ou 84 heures réparties au cours de l’année) de « mission d’intérêt général » réalisée en petits groupes et pas forcément en internat.

Les jeunes portent une tenue SNU, dont le design est issu d’un concours organisé auprès de lycées. Les activités sont organisées autour de sept thématiques : défense, sécurité et résilience nationales ; citoyenneté et institutions nationales et européennes ; autonomie, connaissance des services publics et accès aux droits ; développement durable et transition écologique ; activités physiques et sportives et de cohésion ; culture et patrimoine ; découverte de l’engagement.

La journée commence par un levée de drapeau au chant de la Marseillaise. La matinée et l’après-midi sont consacrées aux activités collectives. Les jeunes sont notamment formés aux gestes qui sauvent, aux réactions à avoir en cas d’attentat ou de catastrophe naturelle et recevront des modules sur l’environnement ou les valeurs de la République. Un module de self-défense et d’auto-défense est proposé aux jeunes filles.

Un programme d’accompagnement à l’insertion sociale et professionnelle est proposé à travers un dépistage de l’illettrisme, un bilan de santé et un bilan de compétences. Un temps libre est prévu en fin de journée, ainsi qu’un moment « de démocratie interne » (échanges). Le coucher est fixé à 22h30.

Les jeunes sont accompagnés par des éducateurs spécialisés, des militaires réservistes ou retraités, des professeurs missionnés pour le SNU, disposant a minima du brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA) ou d’un diplôme équivalent. Le taux d’encadrement est d’un adulte pour 6 jeunes en moyenne. Au total, 450 cadres devraient évoluer en permanence dans les centres SNU.

Seconde phase facultative

Une seconde phase facultative d’une durée de 3 à 12 mois peut être effectuée avant l’âge de 25 ans. Cette période d’engagement, qui peut être réalisée dans le cadre des dispositifs de volontariat existants (dont le service civique), doit porter, au choix du volontaire, sur quatre thématiques pour la campagne 2024:

  • sports et Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP)
  • défense et mémoire
  • environnement
  • résilience et prévention des risques.

C’est le jeune qui choisit son organisme accueillant qui peut être un service public, une collectivité, une association, la gendarmerie ou les pompiers.

À l’issue du programme, le volontaire se voit offrir une première inscription au code de la route. Un certificat de participation au SNU lui est remis lors d’une cérémonie en préfecture.

Le SNU, pour qui ?

Le service national universel concerne les jeunes de 17 à 25 ans. Il s’adresse aussi bien aux garçons qu’aux filles, aux jeunes scolarisés et non scolarisés (la scolarité n’est plus obligatoire après 16 ans). Le SNU s’applique ainsi aux élèves de classe de troisième, de seconde quelle que soit la filière (générale, technologique, professionnelle), en brevet d’études professionnelles (BEP), en certificat d’aptitude professionnelle (CAP), aux apprentis, mais aussi aux « décrocheurs » sortis du système scolaire.

L’objectif du SNU est justement de faire se rencontrer l’ensemble des jeunes de la même génération issus de tous les milieux sociaux, de toutes les origines ethniques et/ou religieuses et de tous les niveaux scolaires. À terme, le dispositif a vocation à toucher environ 800.000 appelés par an (soit une génération).

Selon le ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse, 40.000 volontaires ont participé au SNU en 2023. Leur nombre a atteint 80.000 jeunes en 2024, d’après le ministère.

La phase obligatoire du futur service national universel est effectuée aux alentours de 16 ans. La phase facultative est, elle, accessible jusqu’au 25ème anniversaire du jeune.

Le SNU est-il obligatoire ?

Seule la première phase du service national universel est obligatoire. À l’image de l’actuelle journée défense et citoyenneté (JDC) effectuée vers l’âge de 16 ans, la présentation d’un certificat de participation à la phase I du SNU pourrait être exigée pour pouvoir passer les épreuves du baccalauréat, du BEP, du permis de conduire et s’inscrire aux concours administratifs. La phase II du SNU n’est, quant à elle, pas obligatoire.

Lors de la campagne présidentielle de 2022, Emmanuel Macron avait promis une généralisation aux 800.000 jeunes d’une génération. Finalement, le gouvernement avait décidé en juin 2023 l’organisation de séjours sur le temps scolaire, en seconde, pour des classes « volontaires ». En août 2023, Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale, avait déclaré que les élèves de seconde pourrait effectuer un SNU à la fin de juin 2024, sur la période de stage qu’il a instaurée.

Dans son discours de politique générale, Gabriel Attal, devenu alors premier ministre, avait annoncé, le 30 janvier 2024, le lancement le lancement des « travaux » en vue d’une généralisation SNU « à la rentrée 2026 ». Quinze jours auparavant (le 16 janvier 2024), Emmanuel Macron avait annoncé une généralisation du service national universel en classe de seconde, sans préciser de date d’entrée en vigueur de la mesure.

Mais dans un rapport rendu public le 13 septembre 2024, la Cour des comptes adressé un bilan sévère du Service national universel. Le texte épingle « un dispositif sans pilotage budgétaire » et dont le coût est « largement sous-estimé ». Selon le rapport, le coût de fonctionnement du dispositif généralisé est estimé entre 3,5 et 5 milliards d’euros par an. Un rapport de la Commission des Finances du Sénat, rendu public le 8 mars 2023, avait, de son côté, estimé que rendre le SNU obligatoire nécessiterait le recrutement de 15.000 à 50.000 encadrants et coûterait plus de 2 milliards d’euros par an.

Le 15 mars 2025, Emmanuel Macron a annoncé, dans un entretien accordé à la presse régionale, une prochaine « grande refonte » du service national universel, pour lui de « correspondre aux besoins de la nation et aux priorités identifiées ». Le chef de l’État, défavorable à un retour du service militaire obligatoire, juge que le SNU pourrait être réorienté pour mieux répondre aux enjeux de défense et de souveraineté nationale, dans un contexte de crises géopolitiques internationales.

Inscription SNU 2025

La plateforme moncompte.SNU permet de s’inscrire en ligne. Un appel au volontariat est organisé dans les lycées, les centres de formation des apprentis (CFA), les missions locales pour toucher les décrocheurs scolaires et les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) pour recruter des jeunes en situation de handicap. Pour s’inscrire, le jeune doit disposer d’une pièce d’identité (carte nationale d’identité ou passeport) et, s’il est mineur, de l’accord d’au moins un de ses représentants légaux (parents, tuteur…).

Pour la campagne 2025, les inscriptions sont ouvertes depuis le 6 novembre 2024. Quatre séjours de cohésion sont proposés (au lieu de trois les autres années), hors temps scolaires :

Premier séjour 2025

  • vacances d’hiver 2025 (selon la zone de congés scolaires) :
    – du lundi 10 février au vendredi 21 février pour la zone B
    – du lundi 17 février au vendredi 28 février pour la zone C
    – du lundi 24 février au vendredi 7 mars pour la zone A

Deuxième séjour 2025

  • vacances de printemps 2025 (selon la zone de congés scolaires) :
    – du lundi 7 avril au vendredi 18 avril pour la zone B
    – u lundi 14 avril au vendredi 25 avril pour la zone C
    – du mardi 22 avril au vendredi 2 mai pour la zone A

Troisième séjour 2025

  • du 16 au 27 juin 2025 (toutes zones confondues)

Quatrième séjour 2025

  • du 4 au 15 juillet 2025 (toutes zones confondues)

À noter : les jeunes non scolarisés, en apprentissage, en emploi ou dans d’autres situations sont également concernés par ces quatre sessions.

(*) L’ancienne secrétaire d’État aux victimes Juliette Méadel, le conseiller d’État Thierry Tuot, le préfet Kléber Arhoul, la déléguée générale de la Fédération de la formation professionnelle Emmanuelle Pérès, la présidente de l’association CitizenCorps Marion Chapulut et le consultant en ressources humaines Guy Lavocat.

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