Arnaque au crédit : les clés pour ne pas me faire escroquer

Par Thibault Lamy

De nombreuses offres de crédit à des taux défiant toute concurrence prolifèrent sur Internet. Attention, derrière une promesse alléchante se cache souvent un escroc… et une perte parfois très élevée pour l’emprunteur.  

Les fausses plateformes de crédit se multiplient

On connaissait l’arnaque aux placements, voici l’escroquerie au crédit. Cette technique, qui consiste à contacter un internaute pour lui proposer une offre de prêt à des conditions imbattables, se développe à grande échelle selon l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR).

Des plateformes mal intentionnées ou parfois des particuliers suivent un schéma désormais bien connu dans l’univers des placements. Sur le marché des changes non régulé (Forex) et les options binaires, les investisseurs pensent placer leur argent avec l’espoir d’obtenir un rendement alléchant en retour. Et dans de nombreux cas, les économies de l’internaute ne sont jamais investies et les chances de récupérer sa mise sont quasiment nulles.

Pour l’arnaque au crédit, le mécanisme est simplement inversé. « On quitte l’épargne pour aller vers des publics qui ont besoin d’argent », avertit Olivier Fliche, Directeur du contrôle des pratiques commerciales à l’ACPR. Lors d’un point commun organisé le 30 mars 2016 avec l’Autorité des marchés financiers (AMF), la répression des fraudes (DGCCRF) et le parquet de Paris, le régulateur de la banque et de l’assurance a émis une nouvelle mise en garde sur des acteurs peu scrupuleux et le risque encouru par le grand public.

Des frais pour débloquer les fonds

Une durée de prêt longue, des taux bas souvent limités à 2 ou 3%, aucune demande de justificatifs pour un emprunt de plusieurs centaines de milliers d’euros, voire plus… Les escrocs ne manquent pas d’argument pour attirer les internautes dans leurs filets. « Ils se présentent comme des banques ou à l’inverse jouent sur l’atmosphère anti-banque », prévient Olivier Fliche.

Une fois la prise de contact établie, notamment par l’envoi de mails, les arnaqueurs demandent à leurs victimes de verser des frais pour se voir octroyer un crédit immobilier ou à la consommation, un prêt automobile ou même procéder à un rachat de crédit. « Les victimes contactent souvent l’ACPR avant de procéder à un virement, concède le Directeur du contrôle des pratiques commerciales qui rappelle que la règlementation interdit à un établissement de demander des frais en amont d’un prêt. Pour les autres, les pertes peuvent monter jusqu’à 100.000 euros. »

Des prêts entre particuliers

La menace qui guette les internautes en mal de financement ne provient pas exclusivement des plateformes en ligne. L’UFC-Que Choisir, dans un article publié sur son site internet le 7 avril 2016, alerte également les emprunteurs sur le danger des prêts entre particuliers. « Un intermédiaire en ligne, qui se résume souvent à une simple adresse mail, sans site Web, propose un crédit à des conditions avantageuses », avertit l’association de consommateurs. Les escrocs jouent ici sur l’essor du financement participatif ou crowdfunding et plus généralement de l’économie collaborative pour attirer les internautes. Les conséquences sont identiques pour la victime, qui reçoit toujours une réponse positive à sa demande : « Une fois le client ferré, les escrocs lui demandent de verser des frais de dossier de plusieurs centaines à plusieurs milliers d’euros, de préférence par mandat cash, puis ils disparaissent. »

Vérifier l’identité de son interlocuteur

Mais comment séparer le bon grain de l’ivraie pour un particulier, pas forcément insensible à ces offres qui laissent rêveur ? Première démarche à effectuer, vérifier que son interlocuteur est bien agréé pour pratiquer le prêt à un particulier. Obtenir un numéro de Siren (système informatique du répertoire des entreprises) ou de Siret (système d’identification du répertoire des établissements) est un prérequis mais cela ne suffit pas, explique l’UFC-Que Choisir. Si la plateforme se présente comme un acteur du financement participatif ou un intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement, l’ACPR recommande aux personnes contactées de consulter le registre des agents financiers agréés (Regafi) ou le site internet de l’Orias, l’Organisme pour le registre des intermédiaires en assurance. Enfin, l’ACPR met à jour régulièrement une liste (non exhaustive) de sites non autorisés à proposer des crédits.

Les bons réflexes à adopter

Au-delà du fait de ne pas effectuer de versements de frais avant d’obtenir les fonds, le régulateur insiste sur le fait de ne communiquer aucune donner personnelle, comme ses coordonnées, sa pièce d’identité, son relevé d’identité bancaire (RIB), ses bulletins de salaire ou encore un justificatif de domicile.

Si vous vous rendez compte de la supercherie avant de passer à l’acte, n’hésitez pas à contacter la répression des fraudes (DGCCRF) au 3939, l’ACPR en remplissant un formulaire dédié, le portail du ministère de l’Intérieur ainsi que la plateforme Signal Spam. A l’inverse, si le mal est déjà fait, vous n’avez d’autre choix que de déposer une plainte au plus tôt. La plateforme Info Escroqueries (0811 02 02 17) pourra également vous aider dans vos démarches.

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