Abondement possible de l’employeur, modes de gestion variés, exonération d’impôt sur le revenu : les plans d’épargne salariale présentent de multiples avantages par rapport à un certain nombre de produits individuels. Encore faut-il s’assurer de sa bonne gestion. Nos conseils pratiques.
Épargne salariale : comment bien piloter votre PEE
La proposition de déblocage exceptionnel de l’intéressement et de la participation, votée cette semaine à l’Assemblée nationale, va donner le droit aux épargnants de disposer librement et sans fiscalité de leur épargne salariale dans une limite de 20.000 euros. Faut-il absolument profiter de cette possibilité ouverte du 1er juillet au 31 décembre 2013 ? Rien n’est moins sûr. En effet, ces produits d’épargne collective s’avèrent plutôt intéressants, dès lors que l’épargnant se pose les bonnes questions.
Quel FCPE choisir ?
Chaque PEE (Plan d’épargne entreprise) sur lequel sont déposés intéressement et participation doit proposer au moins trois FCPE (Fonds commun de placement d’entreprises) aux profils de rendements et de risques variés. Du fond « prudent » au « dynamique », chacun présentera une allocation particulière entre la part monétaire (la plus sûre), la part obligataire et la part en actions (la plus risquée). En conséquence, les perspectives de rendements, et leurs risques associés, seront plus ou moins élevés.
Aujourd’hui la moitié des encours de l’épargne salariale est investie en actifs monétaires. Une allocation devenue très peu rémunératrice – autour de 0,5% contre 3,5% ou 4% auparavant -, que tentent de faire évoluer certains gérants. « Si l’épargnant recherche une rémunération supérieure au marché monétaire, il doit évoluer soit vers des durations plus longues, entre trois et six mois voire plus, soit vers des produits plus obligataires voire diversifiés qui intègrent une part plus importante en actions », expose Matthieu Berrivin, responsable marketing d’Amundi, l’une des principales sociétés de gestion de FCPE.
Comment arbitrer entre ces supports ? « Les choix d’allocation d’actifs résultent d’une démarche individuelle, en fonction du niveau de risque de chacun », souligne Matthieu Berrivin. Certes. Une stratégie généralement conseillée par les gestionnaires consiste cependant à réduire la prise de risque au fur-et-à mesure que vous vous approchez de l’âge de la retraite. Jeune, n’hésitez pas à faire fructifier votre capital par l’intermédiaire de supports dynamiques. Pendant votre carrière, vous pourrez ensuite diminuer progressivement la part investie en actions, au profit d’actifs plus sécurisés, obligataires et monétaires principalement. Dans une optique de préservation de votre capital, vous transférerez alors ce dernier vers un fonds diversifié, puis prudent.
Si la théorie parait relativement simple, en pratique, il ne s’agit pas toujours d’une tâche aisée. En effet, le flou règne parfois sur les fonds proposés, dont les noms et les performances souffrent d’une communication minimaliste.
Comment suivre la gestion de son épargne salariale ?
« Historiquement, l’épargne salariale était une épargne contrainte, à laquelle on s’intéressait peu. Mais cela a beaucoup changé, notamment depuis qu’il est possible de disposer immédiatement des primes de participations et d’intéressement au moment de leur distribution », rappelle-t-on chez Amundi.
De fait, le salarié dispose pourtant de plus en plus d’informations et d’outils de gestion mis à sa disposition, sur Internet notamment, par le gestionnaire. La première étape consiste souvent à établir son profil d’épargnant. En fonction de votre âge, de votre horizon et de votre aversion au risque, ce diagnostic vous orientera vers les fonds qui répondent le mieux à vos besoins. « Une réglementation européenne impose que chaque fonds soit noté entre 1 et 7, ce chiffre étant croissant en fonction du risque et de la volatilité des actifs sous gestion qui le composent », explique le porte-parole du gestionnaire d’épargne salariale. D’autres fonctionnalités sont également proposées afin de permettre au salarié de suivre la gestion financière de son épargne, voire d’analyser ses performances à l’aide de graphiques. « Vidéo explicative, systèmes d’alerte en fonction de la valeur liquidative des fonds, abonnement à des fiches de reporting mensuel par mail ou sur smartphone », énumère ainsi Matthieu Berrivin. Autant d’instruments qui doivent guider l’épargnant pour sélectionner le fonds qui correspond à ses attentes et en changer si sa gestion ne vous convient pas. À une nuance près : l’activité d’épargne salariale n’étant pas soumise à la réglementation MIF, la dimension de conseil y reste encore limitée.
Certains critères doivent cependant être étroitement examinés par le salarié. Les droits d’entrée et autres frais de gestions peuvent notamment venir amputer une partie de la performance de vos fonds, s’ils ne sont pas maîtrisés.
Comment s’assurer de sa bonne gestion ?
Mais quelles que soient votre implication et vos décisions, le grand acteur de la performance de votre épargne salariale reste le gestionnaire de fonds à qui elle est confiée. Ses performances varient en fonction des trois modes de gestions classiques (prudent, diversifié, dynamique). Mais en général, les fonds d’épargne salariale se situent dans les meilleurs de chaque catégorie, notamment en raison de leur surface financière plus importante. « Au niveau individuel, la quasi-totalité des fonds sont benchmarkés [comparés, NDLR] par rapport à un échantillon de marché qui reflète la performance des actifs sur lesquels le gérant peut décider d’investir », précise le responsable marketing d’Amundi.
Bonne nouvelle, l’épargnant n’est pas seul pour piloter son épargne salariale. « L’un des avantages de l’épargne salariale réside dans sa dimension collective. Les directions des entreprises et leurs partenaires sociaux scrutent également à la loupe ces performances. Cette double surveillance est un véritable atout pour l’épargnant salarié », pointe-t-il.
Comment bénéficier de la fiscalité la plus avantageuse ?
Depuis la loi du 3 décembre 2008, vous disposez de deux possibilités au moment du versement de votre épargne salariale. Le premier choix est le versement immédiat de ce montant sur votre compte bancaire directement, il sera dans ce cas-là imposable au titre de l’impôt sur le revenu. L’alternative consiste à le placer dans un PEE (ou dans un Perco), dans ce cas, il sera exonéré d’imposition.
Si vous n’avez pas de besoin immédiat de financement ou si vous détenez d’autres produits d’épargne plus liquides comme un Livret A ou bancaire par exemple, c’est vers cette deuxième possibilité qu’il est conseillé de se tourner. Dans ce cas, seuls les prélèvements sociaux de 15,5% seront appliqués au capital et aux intérêts versés au moment de la sortie. En principe, l’épargne placée dans un PEE est bloquée pendant 5 ans mais il existe une dizaine de motifs de déblocage anticipé pouvant correspondre à certaines étapes de votre parcours de vie : mariage, pacs, naissance, divorce, séparation, fin de contrat de travail, création d’une entreprise, achat d’une résidence principale, décès, invalidité, surendettement, fin de droits au chômage.
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