Que faire de son contrat d’assurance vie pendant la crise du nouveau Coronavirus ? Faut-il procéder à des arbitrages pour réorienter son portefeuille ? Comment réagir ? Quelles supports privilégier ? Les réponses de Stellane Cohen, directrice générale d’Altaprofits.
Placement en assurance vie : gérer son contrat pendant la crise du Covid-19
La solidité des compagnies d’assurance vie est-elle en jeu ? De quelles garanties bénéficie-t-on ?
Stellane Cohen, directrice générale d’Altaprofits : Les assureurs sont plus aptes à absorber cette grave crise qu’ils pouvaient l’être il y a 12 ans après la faillite de Lehman Brothers et la crise financière de 2008. Tous ont renforcé leur structure financière. Dans le cadre d’un placement sur un fonds en euros, la compagnie assure la garantie du capital : en cas de rachat, le titulaire du contrat est sûr de récupérer au minimum la somme investie après déduction des frais de gestion annuels. Pour tenir cet engagement, le régulateur de l’assurance a contraint les compagnies à constituer des réserves et à disposer d’un montant minimal de fonds propres appelé marge de solvabilité ou ratio de solvabilité. Cette marge de solvabilité est aujourd’hui nettement supérieure à ce qu’elle était en 2007.
La garantie Fonds de garantie des assurances de personnes (FGAP) peut-elle se déclencher ?
Un mécanisme d’indemnisation existe, dans la limite de 70.000 euros par assuré, en cas de faillite d’un assureur. Mais la situation ne nécessite pas de l’actionner, ; il ne l’a d’ailleurs jamais été depuis sa création en 1999.
Quel impact de la crise sur le rendement des fonds en euros ?
Les fluctuations sur les marchés actions auront des répercussions marginales, la part des actions dans les portefeuilles des assureurs s’étant largement réduite depuis la crise de 2008. Il est trop tôt pour savoir si les compagnies vont constater ou non des provisions pour dépréciations. En revanche, dans un contexte de taux durablement bas, les rendements sur les fonds en euros sont appelés à rester faibles. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de s’intéresser à des véhicules alternatifs en tenant compte du couple rendement / risque que l’assuré est prêt à prendre en connaissance de cause.
Faut-il procéder à un arbitrage vers des supports sécuritaires comme le fonds en euros ?
Sécuriser ses avoirs par peur lorsque les marchés sont secoués serait une décision prise sous le coup de l’affolement. L’émotion n’est pas bonne conseillère. En cas d’arbitrage de fonds actions vers le fonds en euros, on acte ses moins-values en s’interdisant toute perspective de récupération en cas de rebond. Comme le dit l’adage, tant que l’on n’a pas vendu, on n’a pas perdu. La seule inconnue est le temps qu’il faudra pour retrouver les niveaux d’avant-crise.
Il faut aussi mettre la situation en perspective : tous les fonds n’ont pas perdu 30%, ce qui démontre l’importance de la diversification et du choix de supports en unités de compte proposé dans un contrat d’assurance vie.
Inversement, faut-il revenir sur les marchés actions et comment ?
Personne ne peut prédire à quel moment les cours atteignent leur point bas. La meilleure façon d’entrer sur les marchés est d’y aller progressivement au travers de versements programmés. Cela permet de lisser les points d’entrée dans le temps et d’atténuer les mouvements de marché.
Quand on ne dispose pas du temps ou des connaissances pour suivre les marchés, la gestion sous mandat ou pilotée constitue une alternative intéressante.
Doit-on racheter son contrat en totalité ?
Racheter son contrat serait la pire des choses. Les marchés sont extrêmement volatiles depuis la fin du mois de février 2020, dans des amplitudes de mouvement très importantes. En cas de rachat, la probabilité de prendre une mauvaise décision en période de stress sur les marchés est très forte puisque la vente des supports que l’on a en portefeuille s’effectue à cours inconnu. La réactivité d’un contrat d’assurance vie, même performant, n’est pas celle d’un PEA (plan d’épargne en actions) ou d’un compte-titres.
Il faut aussi avoir à l’esprit que l’assurance vie est une enveloppe d’épargne de long terme. Investir progressivement sur longue période en ayant ouvert son contrat le plus tôt possible permet de faire baisser la pression que les marchés peuvent exercer sur la valeur d’un contrat en période de baisse.
En cas de besoin de liquidités pour faire face aux dépenses de tous les jours, lorsqu’on a perdu tout ou partie de sa source de revenus, il faut faire une demande de rachat partiel, en piochant uniquement dans la poche du contrat investie sur le fonds en euros. Dans le cas contraire, on prend le risque d’acter une moins-value. Cette vocation de tirelire est au cœur du fonctionnement de l’assurance vie, qui est aussi faite pour cela.
Propos recueillis par Olivier Brunet
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