INTERVIEW – Le Crédit Municipal de Paris expérimente le concept du Point Conseils Budget en Ile-de-France. Objectif : mieux repérer les situations de fragilité bancaire et éviter que ces personnes tombent dans le surendettement, comme l’explique Jean-Baptiste Delaforge, responsable du « Point Solutions Surendettement ».
Crédit Municipal de Paris : « Des solutions pour prévenir le surendettement »

Toutsurmesfinances.com : En quoi consiste le « Point Conseils Budget » expérimenté par le Crédit Municipal de Paris ?
Jean-Baptiste Delaforge, responsable du « Point Solutions Surendettement » du Crédit Municipal de Paris : Ce nouveau mécanisme est expérimenté pour une période de douze mois dans quatre régions françaises (Ile-de-France, Alsace, Nord, Midi-Pyrénées). Ce concept est né il y a trois ans sur proposition de plusieurs associations comme le Secours Catholique et a été repris dans le cadre du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale de Jean-Marc Ayrault.
Il vise à trouver des solutions pour prévenir le surendettement et l’exclusion bancaire, en créant un service public où tout un chacun peut venir discuter de ses problèmes d’argent. Il s’agit d’un espace où il suffit de pousser la porte pour obtenir des conseils sur la gestion de son budget, le microcrédit, le rachat de crédit et le surendettement ou obtenir une médiation avec ses créanciers.
Quels sont les apports de ce dispositif par rapport aux solutions déjà existantes ?
Le Point Conseils Budget (PCB) a, pour la première fois, permis de réunir l’ensemble des parties prenantes autour de la table : l’Etat, les personnes en situation de fragilité bancaire, les services sociaux et les associations qui les accompagnent, mais également les créanciers.
Actuellement, les créanciers, à l’instar des établissements bancaires qui sont tenus de détecter la clientèle en difficulté, ne savent pas à qui adresser leurs clients en difficulté. Le mécanisme du PCB leur permet de proposer au Crédit Municipal de Paris en Ile-de-France une médiation multi-créanciers, c’est-à-dire une procédure de négociation avec chacun des créanciers pour mettre en place un plan d’amortissement des dettes.
« Médiation multi-créanciers avant que la situation soit trop dégradée »
Comment se passe concrètement cette médiation ?
En premier lieu, le PCB de niveau 1 opère un bilan budgétaire de la personne en difficulté. Un conseiller fait le point sur ses éventuels droits à faire valoir, comme les allocations logement, et regarde si certains postes de dépense peuvent être réduits. Enfin, il vérifie s’il est possible de négocier avec les créanciers. Si ce n’est pas le cas, le lancement d’une procédure de surendettement peut s’avérer inévitable.
Si le Point Conseils Budget de niveau 1 détecte une créance qui peut être renégociée, le dossier passe au niveau 2. Un plan d’amortissement est alors proposé aux créanciers concernés qui décident ou non de l’accepter. Cette procédure permet à la personne en difficulté ne pas multiplier les interlocuteurs et de prévenir le dépôt d’un dossier de surendettement.
Autre possibilité, un créancier peut détecter lui-même un client en fragilité et lui proposer de réaménager sa dette ou une pause dans les paiements. S’il se rend compte qu’il n’est pas le seul créancier concerné, il a la faculté de demander l’intervention du Crédit Municipal de Paris pour une médiation multi-créanciers, avant que la situation du client soit trop dégradée.
Ce mécanisme est donc gagnant-gagnant…
Tout à fait. Le créancier qui initie la procédure de médiation espère un retour sur investissement. C’est d’ailleurs le professionnel qui finance le Point Conseils Budget de niveau 2. De son côté, le particulier en difficulté, en suivant le plan d’amortissement, va pouvoir améliorer sa situation grâce à un accompagnement budgétaire.
Combien de personnes sont potentiellement concernées par le Point Conseils Budget ?
En Ile-de-France, nous savons qu’il existe un vrai vivier de personnes en difficulté. Les classes moyennes, notamment, ne disposent pas de relais à ce jour lorsqu’elles se retrouvent en situation de fragilité.
Pour 2016, notre capacité de traitement pour le Point Conseil Budget de niveau 2 est de 500 dossiers. Ce nombre a été établi avec les créanciers qui participent à l’expérimentation, à savoir les établissements de crédit, les fournisseurs d’énergie comme Engie, l’ex-GDF-Suez, et pourquoi pas l’Union sociale pour l’habitat. Mais nous prévoyons que le public va également se manifester par l’intermédiaire du Point Conseils Budget de niveau 1.
Propos recueillis par Thibault Lamy
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