La renégociation de crédit peut faire perdre de l’argent

Par Thibault Fingonnet

La baisse des taux de crédit immobilier dope les envies de renégociation. Mais pour certains emprunteurs, économiser quelques euros sur les mensualités de remboursement ne vaut pas le coup.  

Pourquoi renégocier son crédit immobilier n’est pas toujours un bon calcul

Faire racheter son prêt par une autre banque n’a plus rien d’une nouveauté pour les Français. En 2015, la renégociation de crédit immobilier a battu tous les records, représentant jusqu’à un dossier sur deux en août selon la Banque de France. Si les chiffres sont moins impressionnants en 2016, les emprunteurs restent nombreux à chercher à profiter des taux bas pour revoir à la baisse leurs mensualités de remboursement ou la durée du crédit. « Pratiquement un tiers des dossiers reçus sur les dernières semaines sont des renégociations », expliquait ainsi le directeur général de l’organisme de caution Crédit Logement Jean-Marc Vilon le 3 mai dernier.

Amortir les frais peut prendre du temps

Les banques et courtiers en crédit continuent donc d’être débordés de demandes, le plus souvent pour renégocier un emprunt déjà passé par la case rachat. Mais celles-ci ne s’avèrent pas toujours justifiées. En particulier, les emprunteurs qui optent pour une diminution de leurs mensualités ne gagnent parfois que quelques euros par mois à l’issue d’un deuxième, voire troisième rachat. Une économie limitée à mettre en parallèle avec les frais de la renégociation : indemnités de remboursement anticipé (6 mois d’intérêts dans la limite de 3% du capital restant dû), frais de dossier (1.000 euros voire plus) et de cautionnement (environ 2% du montant emprunté). Autant dire que si vous renégociez pour réduire la mensualité de 10 ou 15 euros, vous allez devoir attendre un moment avant d’amortir le coût de l’opération.

Or, certains emprunteurs ne comptent pas patienter pour tirer les fruits d’un nouveau rachat. Résultat, son coût a de bonnes chances d’excéder le gain engendré. « Si vous avez un projet d’achat immobilier à court ou moyen terme et que vous vous apprêtez à solder le prêt dans moins de trois ans, il vaut mieux passer son chemin », appuie le cofondateur d’Artémis Courtage Ludovic Huzieux. D’autant que dans cette situation, vous devrez payer de nouveaux frais pour mettre un terme à votre crédit.

Avant de se lancer, mieux vaut donc sortir sa calculette. « Il faut reprendre le tableau d’amortissement initial pour le comparer au nouveau, en ajoutant à ce dernier le coût de la renégociation », conseille Ludovic Huzieux. En procédant ainsi, vous pouvez identifier à partir de quand vous êtes gagnant. Et éviter ainsi de perdre du temps et de l’argent.

Renégocier avec sa banque reste compliqué

Avant de démarcher la concurrence, l’emprunteur peut s’adresser directement à sa propre banque : dans ce cas, seuls les frais de dossier sont exigés. Mais pour l’établissement, il s’agit rarement d’une priorité et la réponse risque de se faire attendre. Et rien ne garantit qu’elle sera positive…

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