Investir en Bourse dans des actions avec dividendes peut être une bonne idée, ou une fausse bonne idée, selon la façon dont le dividende est pris en compte dans la construction d’un portefeuille boursier. Intérêt, exemple de stratégie, choix de l’enveloppe entre PEA ou compte-titres… L’essentiel à savoir, que l’on soit investisseur débutant ou averti.
Gagner en Bourse avec les dividendes d’actions : stratégie, explications
Investir dans des actions avec dividendes, pourquoi ?
Le dividende, une source de performance des actions
Investir en Bourse dans des actions distribuant des dividendes (aussi appelés coupons) est d’abord un moyen de profiter d’un second moteur de performance d’un portefeuille boursier, les revenus du capital venant en complément des plus-values boursières potentielles.
Sur longue période (45 ans, 1975-2020), les dividendes ont représenté sur les marchés actions (source Allianz Global Investors) :
- près de 35% de la performance globale des actions européennes (MSCI Europe), 34,61% précisément
- près de 36% en Asie-Pacifique (MSCI Pacific), 35,91% précisément
- plus de 26% en Amérique du Nord (MSCI North America), 26,16% précisément
On peut en conclure que la culture du dividende est moins ancrée sur les marchés actions américains qu’ailleurs, mais que même outre-Atlantique, le dividende constitue une source de performance significative à long terme.
Investir sur les dividendes d’actions pour percevoir des revenus
Les dividendes peuvent être conçus comme une source ou un complément de revenus à part entière pour le titulaire d’un portefeuille de titres distribuant des coupons.
Quelques prérequis s’imposent pour que cette stratégie soit efficace :
- il faut disposer d’un portefeuille conséquent : 3% de rendement pour un portefeuille de 100.000 euros ne génèrent « que » 3.000 euros de revenus annuels ; pas de quoi en vivre…
- les dividendes versés doivent être pérennes, faute de quoi la stratégie sera vouée à l’échec
Il faudra par ailleurs veiller à choisir une enveloppe de détention des actions permettant de maîtriser la fiscalité, sachant que le compte-titres ordinaire (CTO) implique une fiscalisation chaque année, par application du prélèvement forfaitaire unique (PFU) par défaut, alors que plan d’épargne en action (PEA), PEA-PME, assurance vie et plan d’épargne retraite (PER) sont des moyens de capitaliser les revenus (fiscalisation uniquement en cas de sortie).
Portefeuille boursier avec dividendes : des caractéristiques particulières
Sur des périodes courtes, la perception de dividendes peut atténuer la contreperformance du prix des actions. Par exemple, sur la période 2000-2005, la valeur des actions a baissé en moyenne sur toutes les zones géographiques après l’éclatement de la bulle des valeurs Internet en 2000, alors que des dividendes ont continué à être servis. Ainsi, globalement, les dividendes contribuent à atténuer les fluctuations d’un portefeuille.
Les actions à dividendes peuvent en outre constituer une protection contre l’inflation, à condition que les fondamentaux de l’entreprise émettrice (pricing power, bilan solide, forte génération de trésorerie) s’y prête.
Enfin, la distribution de dividendes constitue généralement un signal de confiance du management de l’entreprise cotée en Bourse dans ses perspectives, vis-à-vis des investisseurs, d’autant plus si la politique de distribution est permise par une structure de bilan saine (capitaux propres importants, endettement maîtrisé ou position de trésorerie nette excédentaire) et par une génération significative de cash-flow ou flux de trésorerie disponibles. En d’autres termes, la distribution régulière de dividendes peut constituer un gage de qualité d’une action.
On peut donc considérer la distribution de dividendes comme un facteur à prendre en compte parmi d’autres dans la composition d’un portefeuille de titres.
Actions à dividendes élevés, quels risques pour un débutant ?
Un dividende élevé peut constituer un piège, un mirage, pour les débutants en Bourse et les actionnaires individuels peu avertis, s’ils n’achètent une valeur que pour cette raison.
Pourquoi doit-on éviter d’investir dans un titre uniquement pour l’importance dividende octroyé à venir ? Parce que ce motif ne saurait justifier à lui seul l’achat d’un titre d’une société cotée. En effet, le dividende n’est pas créateur de richesses pour l’actionnaire, puisqu’il revient à distribuer une part du cash au lieu de le réinvestir dans la croissance future. D’ailleurs, au moment du détachement d’un dividende, la valeur de l’action est automatiquement ajustée à la baisse du montant du dividende qui sera mis en paiement quelques jours plus tard.
Pire : si le taux de rendement basé sur le dividende prévisionnel est très élevé, supérieur à 7 ou 8%, cela peut signifier que le marché anticipe une diminution drastique du coupon, voire une suppression pure et simple du dividende. C’est ce qui s’est produit par exemple pour Renault ou Société Générale au début de l’année 2020, ou encore Casino ou Rallye il y a quelques années.
Reste une question : au cours de la dernière décennie, mieux vaut-il avoir investi dans Google, Amazon ou Facebook sans avoir perçu le moindre dividende ou dans TotalEnergies avec dividendes ?
Investir sur les dividendes d’actions : comment faire ?
Quels critères de sélection ?
Plus que le dividende passé ou le dividende à venir, l’investisseur doit veiller à plusieurs paramètres avant d’investir dans telle ou telle action avec dividendes :
- à la pérennité du dividende : une société affichant une croissance de ses bénéfices sera plus à même de verser des dividendes réguliers qu’une autre dont les profits déclinent
- à la capacité réelle de la société cotée à distribuer des dividendes (celui-ci ne doit pas conduire à augmenter l’endettement ou à prélever dans les réserves)
- mais aussi au potentiel de revalorisation du prix de l’action ; il serait dommage de toucher des dividendes cumulés inférieurs à la moins-value constatée pour une même valeur !
En outre, l’actionnaire percevant des dividendes se doit de les réinvestir. L’objectif est de créer davantage de valeur financière, comme l’atteste le différentiel de performance entre l’indice CAC 40 (qui est un indice permettant de mesure uniquement l’évolution du prix) et l’indice CAC 40 GR (dividendes bruts réinvestis).
Portefeuille d’actions à dividende : PEA ou CTO ?
Ce réinvestissement des dividendes est plus intéressant au sein d’un PEA (plan d’épargne en actions), pour au moins deux raisons :
- les frais des PEA sont plafonnés, contrairement à ceux du compte-titres ordinaire (CTO)
- le réinvestissement des dividendes s’opère en franchise d’impôt (pas d’impôt à payer sur les gains tant qu’aucune somme n’est sortie du PEA)
Inconvénient : le réinvestissement des dividendes nets de fiscalité ne peut donc s’opérer que parmi des valeurs éligibles au PEA, ce qui limite le champ d’action aux valeurs européennes (et à quelques valeurs américaines ou internationales dont le siège se situe en Irlande).
Dividendes réinvestis : quel surplus de performance ?
Le réinvestissement des dividendes est une source de gains additionnels pour le porteur de parts sur longue période. Ci-dessous, les tableaux de comparaison des performances annualisées des indices boursiers français permettent de constater que le surcroît de gains apporté est particulièrement palpable sur le CAC 40 et le Mid 60, composés de titres de sociétés matures distribuant souvent des dividendes plutôt généreux. > En savoir + : notre article sur les dividendes 2021 du CAC 40
C’est nettement moins frappant pour l’indice CAC Small.
Période | Performance annualisée indice prix (hors dividendes) | Performance indice dividendes réinvestis | Delta | |
---|---|---|---|---|
Source : calculs IDMidCaps | ||||
CAC 40 | 1987-2020 | +5,3% | +8,6% | + 3,3 points |
CAC Mid 60 | 1999-2020 | +5,7% | +8,6% | + 2,9 points |
CAC Small | 2008-2020 | +10,4% | +12,7% | + 2,4 points |
CAC Mid&Small | 2008-2020 | +9,7% | +12,6% | + 2,8 points |
Cependant, la performance annualisée est nettement meilleure pour les petites valeurs représentées ici par l’indice CAC Small, même si le dividende est moins contributeur, dans l’absolu et comparativement aux sociétés bluechips.
Investir dans des actions à dividendes croissants dans un PEA
Identifier des valeurs ayant démontré leur capacité à distribuer des dividendes croissants doit en principe permettre de bénéficier pleinement des deux moteurs de performance d’un portefeuille boursier :
- valorisation des titres (effet prix)
- et revenus tirés des dividendes que l’on réinvestit
En effet, le versement de dividendes croissants traduit une politique de distribution régulière et une génération de trésorerie excédentaire dans la durée. C’est donc un signe de saine gestion de l’entreprise surtout si, dans le même temps, celle-ci parvient à investir dans ses projets de croissance future. In fine, ce type de valeur a plus de chances de devenir une source de plus-values pour son détenteur.
Avec l’aide de IDMidCaps, société d’analyse indépendante sur les petites et moyennes valeurs françaises et européennes, nous avons identifié une liste des valeurs françaises éligibles au PEA qui ont fait croître leur dividende chaque année. Sur la période 2011-2020. On n’en compte que trois :
- Sanofi, le laboratoire pharmaceutique
- Rubis, spécialiste du stockage et de la distribution de produits pétroliers
- Pharmagest Interactive, éditeur de logiciels d’officines pharmaceutiques et d’Ehpad
En étendant la sélection aux valeurs dont le dividende ne baisse pas d’une année sur l’autre (dividende croissant ou stable), la liste de valeurs affichant une régularité de leurs distributions sur la période 2011-2020 compte 20 éléments :
Société | Marché | Indice | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Source : IDMidCaps | |||||||||||||
L'Oreal | Compartiment A | CAC 40 | 1,8 | 2 | 2,3 | 2,5 | 2,7 | 3,1 | 3,3 | 3,55 | 3,85 | 3,85 | 4 |
Sanofi | Compartiment A | CAC 40 | 2,5 | 2,65 | 2,77 | 2,8 | 2,85 | 2,93 | 2,96 | 3,03 | 3,07 | 3,15 | 3,2 |
Air Liquide | Compartiment A | CAC 40 | 1,94 | 2,07 | 2,07 | 2,11 | 2,11 | 2,15 | 2,15 | 2,41 | 2,41 | 2,7 | 2,75 |
Schneider Electric | Compartiment A | CAC 40 | 1,6 | 1,7 | 1,87 | 1,87 | 1,92 | 2 | 2,04 | 2,2 | 2,35 | 2,55 | 2,6 |
Teleperformance | Compartiment A | CAC 40 | 0,33 | 0,46 | 0,68 | 0,8 | 0,92 | 1,2 | 1,3 | 1,85 | 1,9 | 2,4 | 2,4 |
Rubis | Compartiment A | CAC Mid 60 | 0,76 | 0,84 | 0,92 | 0,98 | 1,03 | 1,21 | 1,34 | 1.5 | 1,59 | 1,75 | 1,8 |
Bouygues | Compartiment A | CAC 40 | 1,6 | 1,6 | 1,6 | 1,6 | 1,6 | 1,6 | 1,6 | 1,7 | 1,7 | 1,7 | 1,7 |
Vicat | Compartiment A | CAC Small | 1,5 | 1,5 | 1,5 | 1,5 | 1,5 | 1,5 | 1,5 | 1,5 | 1,5 | 1,5 | 1,5 |
Legrand | Compartiment A | CAC 40 | 0,7 | 0,88 | 0,93 | 1,05 | 1,1 | 1,1 | 1,15 | 1,19 | 1,26 | 1,34 | 1,34 |
Orpea | Compartiment A | CAC 40 | 0,23 | 0,5 | 0,6 | 0,7 | 0,8 | 0,9 | 1 | 1,1 | 1,2 | 1,3 | 1,3 |
Assystem | Compartiment B | CAC Small | 0,45 | 0,45 | 0,45 | 0,45 | 0,75 | 0,8 | 1 | 1 | 1 | 1 | 1 |
Delta Plus Group | Compartiment B | CAC Small | 0,2 | 0,25 | 0,25 | 0,3 | 0,38 | 0,43 | 0,58 | 0,6 | 0,7 | 0,7 | 1 |
Ipsen | Compartiment A | CAC Mid 60 | 0,8 | 0,8 | 0,8 | 0,8 | 0,85 | 0,85 | 0,85 | 0,85 | 1 | 1 | 1 |
Piscines Desjoyaux | Euronext Growth | 0,51 | 0,51 | 0,51 | 0,51 | 0,51 | 0,51 | 0,51 | 0,51 | 0,51 | 0,51 | 1 | |
Pharmagest Inter@ctive | Compartiment A | CAC Small | 0,3 | 0,36 | 0,42 | 0,5 | 0,58 | 0,6 | 0,65 | 0,72 | 0,85 | 0,9 | 0,95 |
Aubay | Compartiment B | CAC Small | 0,14 | 0,18 | 0,18 | 0,2 | 0,23 | 0,30 | 0,41 | 0,47 | 0,6 | 0,6 | 0,66 |
Suez Environnement | Compartiment A | CAC 40 | 0,65 | 0,65 | 0,65 | 0,65 | 0,65 | 0,65 | 0,65 | 0,65 | 0,65 | 0,65 | 0,65 |
Esker | Euronext Growth | 0,08 | 0,12 | 0,14 | 0,18 | 0,24 | 0,3 | 0,3 | 0,32 | 0,41 | 0,41 | 0,5 | |
TFF Group | Compartiment B | CAC Small | 0,15 | 0,15 | 0,15 | 0,15 | 0,15 | 0,2 | 0,35 | 0,35 | 0,35 | 0,35 | 0,35 |
Bollore | Compartiment A | CAC Mid 60 | 0,03 | 0,03 | 0,03 | 0,03 | 0,06 | 0,06 | 0,06 | 0,06 | 0,06 | 0,06 | 0,06 |
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