Téléconsultation : ce qu’il faut savoir sur la consultation médicale à distance

Par Jean-Philippe Dubosc
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Il est possible de consulter un médecin généraliste ou spécialiste par visiotransmission. Un acte remboursé par la Sécurité sociale selon les mêmes modalités que pour les consultations en présentiel.

Téléconsultation, définition

La téléconsultation est une consultation effectuée à distance entre un médecin, une sage-femme ou un chirurgien-dentiste, et un patient. La Haute Autorité de santé (HAS) recommande que ce type de consultation médicale en distanciel soit réalisée par visiotransmission (son et vidéo), en vue de faciliter le diagnostic du professionnel de santé.

Rien n’interdit donc qu’une téléconsultation soit réalisée au téléphone (voir plus loin). Toutefois, il est préférable qu’elle soit effectuée par l’intermédiaire d’un ordinateur équipé d’une webcam, d’une tablette électronique ou d’un smartphone connectés à Internet, afin que le professionnel puisse constater de visu l’état de santé du patient.

Il est également possible de réaliser la consultation à distance depuis un lieu équipé en visiotransmission, comme une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) ou une pharmacie disposant d’une cabine ou d’un chariot de téléconsultation. Le patient peut être assisté d’un infirmier, d’un pharmacien, d’un psychologue ou par un proche (parent, conjoint…) qu’il aura désigné lors de la prise de rendez-vous.

Enfin, il est conseillé d’utiliser un site ou une application mobile dédiés à la téléconsultation. Les plateformes et applications de visioconférence, comme Zoom, Teams, Google Meet, Skype ou FaceTime, n’offrent pas de connexion sécurisée, ce qui peut être gênant compte tenu du caractère confidentiel des données de santé. Les plateformes de téléconsultation (voir plus loin) proposent, en outre, un paiement de la consultation et un envoi dématérialisé (par e-mail et/ou dans l’espace personnel) de documents (ordonnance, compte-rendu médical…) totalement sécurisés.

Différences entre téléconsultation, télémédecine et télé-expertise

La télémédecine regroupe l’ensemble des pratiques de médecine réalisées à distance. La téléconsultation constitue – de loin – la plus connue et la plus répandue (les premiers déploiements remontent à 2016) de ces pratiques.

La téléexpertise consiste pour un professionnel de santé (et pas uniquement un médecin) à demander l’avis, via une plateforme ou une messagerie sécurisée, d’un confrère sur le cas d’un patient, et à condition d’avoir l’accord de ce dernier. Jusqu’en 2022, la téléexpertise était réservée aux patients souffrant d’une affection de longue durée (cancer, diabète, insuffisance respiratoire, maladie cardiovasculaire…) ou d’une pathologie rare, ainsi qu’aux personnes résidant en Ehpad, dans un désert médical ou détenues en prison. Depuis le 1er avril 2022, elle a été étendue à tous les patients.

Le télésoin permet à un pharmacien ou à un auxiliaire médical (infirmier, masseur-kinésithérapeute, pédicure-podologue, ergothérapeute, psychomotricien, orthophoniste, orthoptiste ou diététicien) de pratiquer un acte médical à distance. Par exemple, un orthophoniste peut effectuer une consultation par visiotransmission pour un patient dans l’incapacité de se déplacer.

Le télésoin peut s’effectuer dans le cadre d’un télésuivi qui s’applique dès lors qu’un patient a besoin d’un suivi médical régulier. Cela peut, par exemple, être le cas de séances de kinésithérapie réalisées à distance.

Téléconsultation, pour qui ?

La téléconsultation est accessible à n’importe quel patient. Ceci dit, elle est particulièrement adaptée aux personnes qui ne peuvent pas ou ont du mal à se déplacer, comme les femmes enceintes (surtout en fin de grossesse), les personnes âgées ou présentant un handicap moteur. Elle est également souvent utilisée pour pallier le manque de médecins (déserts médicaux). Enfin, la téléconsultation peut être une solution en cas d’urgence médicale.

Téléconsultation, avec quels médecins ?

La téléconsultation peut être pratiquée par les médecins quel que soit leur spécialité, leur secteur d’exercice (conventionné, non conventionné…) ou leur lieu d’exercice. Il peut s’agir d’un praticien exerçant en cabinet, dans une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP), un centre de santé, un Ehpad, un hôpital ou une clinique situés en métropole ou en Outre-mer (Martinique, Guadeloupe, La Réunion, Guyane et Mayotte).

Contrairement aux idées reçues, la téléconsultation n’est pas limitée aux seuls médecins généralistes et spécialistes. Elle peut être réalisée par une sage-femme ou un chirurgien-dentiste. Lors de la téléconsultation, le patient peut être assisté – avec son accord – d’un pharmacien, d’un infirmier ou d’un psychologue.

Téléconsultation, comment ça marche ?

Il existe deux cas de figure :

  • Le patient contacte par téléphone le médecin pour prendre rendez-vous. Si, d’un commun accord, le patient et le praticien conviennent que la consultation peut avoir lieu à distance, le professionnel de santé envoie par e-mail au patient une invitation intégrant un lien hypertexte. Le jour et à l’heure du rendez-vous, ce dernier clique sur le lien qui le connecte à un site ou à une application de téléconsultation. À l’issue de la consultation à distance, le médecin peut proposer un paiement par chèque, virement bancaire ou, le plus souvent, par une solution de paiement en ligne sécurisée.
  • Le patient se connecte sur une plateforme de prises de rendez-vous médicaux en ligne, du type Doctolib. Puis, il doit se créer un compte en indiquant son numéro de téléphone portable (ou, à défaut, son numéro de téléphone fixe), son e-mail et sa date de naissance. S’il choisit une téléconsultation avec un médecin, une pré-autorisation de paiement lui est demandée. En clair, il doit entrer son numéro de carte bancaire. Le patient ne sera débité qu’après la téléconsultation (le plus souvent dans les 48 heures). S’il annule le rendez-vous, aucun prélèvement ne sera effectué sur son compte. Une fois que le patient a réalisé la pré-autorisation de paiement, une confirmation lui est envoyée par e-mail, comprenant le lien de connexion. Il reçoit des alertes e-mail et/ou SMS généralement la veille et le jour même de la consultation pour lui rappeler le rendez-vous.

Dans les deux cas, le patient reçoit par e-mail l’ordonnance de médicaments, d’actes médicaux (séances de kiné…) ou d’examens médicaux (prise de sang, radio, échographie…), ce que l’on appelle « l’e-prescription » et/ou sur son espace personnel dans le site ou l’application utilisé par le médecin (ou la sage-femme). Si un certificat médical d’absence scolaire peut être transmis par e-mail, un arrêt de travail prescrit par le praticien est généralement disponible uniquement dans l’espace personnel du patient dans la plateforme de téléconsultation.

Le professionnel de santé consulté à distance doit rédiger un compte-rendu médical à l’issue de la téléconsultation qu’il place dans le dossier médical partagé (DMP) du patient (une sorte de « carnet de santé numérique »). S’il n’est pas le médecin traitant du patient, il l’envoie au praticien concerné par messagerie sécurisée.

Sur ordinateur, tablette, smartphone

La téléconsultation est possible sur un ordinateur fixe ou portable, à condition que le PC soit équipé d’une webcam et connecté à Internet. Elle peut également être effectuée via une tablette électronique, du type iPad, intégrant là aussi une caméra et une connexion au Web. En théorie, une téléconsultation peut être réalisée par le biais d’un smartphone. Mais la Haute Autorité de santé (HAS) estime que l’écran de ces terminaux mobiles est trop étroit pour que la consultation médicale soit satisfaisante.

Par téléphone

Même s’il est préférable que la téléconsultation soit effectuée en visiotransmission pour permettre au médecin de voir le patient, elle peut être réalisée par téléphone. Ce moyen de communication, bien qu’il ne soit pas optimum, peut être utilisé pour les patients qui ne possèdent pas un ordinateur, une tablette ou un smartphone, ou qui ne sont pas à l’aise avec les outils informatiques et électroniques, ou qui habitent en zone blanche (non desservie par un réseau de téléphonie mobile et/ou d’Internet).

En pharmacie

Certaines pharmacies sont dotées d’une cabine de téléconsultation ou d’un chariot de téléconsultation (qui doit être installé dans une pièce à part, pour garantir la confidentialité). C’est au pharmacien d’estimer, selon le ou les problèmes de santé du patient, si ce dernier a besoin d’une consultation médicale en présentiel, en distanciel ou s’il doit appeler le 15 (le Samu).

Si l’option de la téléconsultation est choisie, le pharmacien aide le patient à établir la consultation à distance avec le médecin. Selon la volonté du patient, il peut ou non l’assister durant la téléconsultation. Grâce à des objets connectés, tels qu’un tensiomètre (pour mesurer la tension artérielle), un oxymètre (pour mesurer le niveau de saturation en oxygène dans le sang), un stéthoscope (pour écouter les sons internes du corps, comme les battements du cœur) et un otoscope (pour examiner le conduit auditif) connectés, le pharmacien peut prendre les constantes (les paramètres vitaux) du patient et les transmettre instantanément au médecin.

Les principales plateformes de téléconsultation

À l’exception de MesDocteurs, accessible uniquement sur Internet, les autres plateformes indiquées ci-dessous disposent toutes d’un site web et d’une application mobile.

Doctolib est – de loin – la première plateforme de prise de rendez-vous médicaux en ligne en France. À l’image de ses concurrents, elle propose de la téléconsultation. La plateforme s’enorgueillit de mettre en relation les patients avec 360.000 professionnels de santé (médecins généralistes et spécialistes, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, masseurs-kinésithérapeutes… et même des opticiens-lunetiers) implantés dans 30 villes situées en France, mais aussi en Allemagne et en Italie. Des alertes SMS et e-mail sont envoyées quelques jours avant la téléconsultation.

D’origine suédoise, Livi est le grand concurrent de Doctolib dans l’Hexagone. La plateforme compte 50.000 professionnels de santé exerçant en France, en Suède, en Norvège et au Royaume-Uni. La téléconsultation est disponible 7 jours /7 de 6 heures à minuit (selon les horaires des professionnels de santé chez Doctolib). Il est possible de consulter à distance un pédiatre sans rendez-vous.

Le point fort de Maiia est la téléconsultation sans rendez-vous de médecins généralistes, sages-femmes, pédiatres et psychiatres. Grâce à une carte interactive, il est facile de localiser les pharmacies équipées des solutions de télécommunication proposées par la plateforme. Maiia a également noué des partenariats avec des hôpitaux publics, des cliniques privées, des laboratoires d’analyses, des centres de santé, et même des stations thermales.

Comme Livi, Qare propose les téléconsultations tous les jours, également de 6 heures du matin à minuit. Une trentaine de spécialités sont proposées. Qare a conçu une offre spéciale pour les universités et les écoles, permettant à leurs étudiants de bénéficier, sans frais, d’un suivi médical, ainsi que d’une application mobile gratuite de soutien psychologique et d’ateliers sur la nutrition, l’alcool, le tabac ou les drogues. Un programme est proposé aux patients en surpoids ou en obésité avec des professionnels de santé formés à ces problématiques.

Sur la page d’accueil de la plateforme, figure un très pratique bouton « Téléconsultez maintenant » pour une consultation à distance sans rendez-vous. Hellocare propose des conseils vétérinaires, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, par téléphone. Ce service est facturé 19 euros.

Cette plateforme propose des consultations médicales en visiotransmission ou en chat 7 jours/7, 24 heures/24. À condition de respecter le parcours de soins (consultation du médecin traitant ou d’un spécialiste sous les conseils du médecin traitant), les téléconsultations sans rendez-vous sont prises en charge à 100% et sans avance de frais pour les assurés des complémentaires santé du groupe VYV (Harmonie Mutuelle pour les salariés, MGEN pour les enseignants, MMG pour les Martiniquais et Guadeloupéens, MNT et SMACL Assurances pour les agents territoriaux). Idem pour le service de télédermatologie destiné à évaluer un grain de beauté suspect, de soins à domicile (infirmier, kinésithérapeutes et sages-femmes), ainsi que la livraison de médicaments par La Poste.

Téléconsultation, combien ça coûte ?

Pour pouvoir valider un rendez-vous de consultation à distance sur un site ou une application mobile de téléconsultation, le patient doit effectuer une pré-autorisation de paiement. Concrètement, il doit entrer son numéro de carte bancaire. Le montant de la consultation ne sera débité sur son compte en banque qu’une fois la téléconsultation achevée. Si le patient annule son rendez-vous, il ne sera pas prélevé. Si le médecin pratique le tiers payant, il ne paiera que le « ticket modérateur » (la part non remboursée par la Sécurité sociale).

Les tarifs

Les consultations médicales sont facturées de la même manière qu’elles soient réalisées en présentiel ou en distanciel. Ainsi, le prix d’une téléconsultation avec un médecin de secteur 1 (tarifs conventionnés) est identique à celui d’une consultation en face à face (25 euros en 2023).  Les praticiens de secteur 2 (tarifs non conventionnés) peuvent pratiquer les mêmes dépassements d’honoraires en téléconsultation qu’en consultation « physique ».

Les prix des télésoins (soins à distance), effectués par un infirmier, un kinésithérapeute ou un orthophoniste, sont également les mêmes que ceux pratiqués en cabinet. À savoir : les pharmaciens, infirmiers et psychologues qui assistent les patients en téléconsultation sont rémunérés par l’Assurance maladie.

Les remboursements Ameli

Les téléconsultations sont prises en charge par l’Assurance maladie selon les mêmes modalités que pour les consultations en présentiel.
Dès lors que le patient respecte le parcours de soins coordonnées (il est orienté vers un médecin spécialiste par son médecin traitant), il est remboursé à 70% par son organisme d’assurance maladie de base obligatoire, après application de la participation forfaitaire (une somme de 1 euro qui reste à la charge du patient). Par exemple, sur une consultation de 25 euros, l’Assurance maladie rembourse 16,50 euros (soit [25 euros x 70%] – 1 euro de participation forfaitaire).

Le patient peut être remboursé à 70% par la Sécurité sociale, hors parcours de soins (sans passer par son médecin) dans les cas suivants :

  • s’il consulte un pédiatre, un chirurgien-dentiste, un ophtalmologue, un gynécologue ou un psychiatre
  • s’il a moins de 16 ans
  • si son médecin traitant n’est pas disponible
  • s’il vit dans une zone où il n’est pas possible d’avoir un médecin traitant
  • s’il réside en Ehpad
  • s’il est détenu en prison
  • s’il s’agit d’une situation d’urgence

Si le patient ne respecte pas volontairement le parcours de soins, l’Assurance maladie prend en charge, comme pour une consultation classique, la téléconsultation à 30%, après application de la participation forfaire de 1 euro. Soit, en reprenant l’exemple d’une consultation à 25 euros, seulement 6,50 euros (soit [25 euros x 30%] – 1 euro).

À savoir : les plateformes de téléconsultation télétransmettent la consultation à l’Assurance maladie, sur le modèle de la télétransmission via la carte Vitale. Le patient n’a pas de feuille de soins à envoyer à sa caisse primaire d’assurance maladie (CPAM).

Les remboursements mutuelle

Les téléconsultations sont remboursées par les complémentaires santé (plus communément appelées « mutuelles ») de la même manière que pour les consultations en face à face.

S’il s’agit d’un contrat dit « responsable » (95% des mutuelles), le remboursement est différent selon que le patient a ou non respecté le parcours de soins coordonnées. S’il a d’abord consulté son médecin traitant, la complémentaire santé rembourse intégralement le reste à charge (la somme restante à payer, après le remboursement de l’Assurance maladie et l’application de la participation forfaire), ce que l’on appelle le « ticket modérateur ». Sur une téléconsultation de 25 euros, la mutuelle rembourse 7,50 euros (les contrats responsables n’ont pas le droit de prendre en charge la participation forfaitaire de 1 euro). Les dépassements d’honoraires (au-delà des 25 euros) pratiqués par les médecins de secteur 2 conventionnés (dépassements plafonnés) sont généralement totalement pris en charge par les contrats responsables. Pour les médecins de secteur 2 non conventionnés (honoraires libres), le remboursement des dépassements d’honoraires est plafonné.

S’il s’agit d’une complémentaire santé non responsable, le niveau et les conditions de remboursement de la téléconsultation varient selon les contrats.

Les téléconsultations gratuites

Durant la crise sanitaire engendrée par le Covid-19, les téléconsultations étaient prises en charge à 100% par l’Assurance maladie. Les pouvoirs publics voulaient, de cette manière, éviter que les personnes infectées par le nouveau coronavirus ne propagent le virus en se rendant dans un cabinet médical et que les personnes malades ne l’attrapent chez le médecin.

Cette prise en charge à 100% a débuté le 18 mars 2020 pour s’achever le 30 septembre 2022.

Depuis le 1er octobre 2022, les téléconsultations sont, de nouveau, remboursées à 70% par l’Assurance maladie, comme pour les consultations en présentiel.

Toutefois, les consultations à distance sont, à l’image de celles en face à face, prises en charge à 100% et sans avance de frais pour :

  • les femmes enceintes à partir du 6ème mois de grossesse et jusqu’au 12ème jour après l’accouchement
  • les patients en affection longue durée (ALD), c’est-à-dire souffrant d’un cancer, du diabète, d’hypertension, d’insuffisance pulmonaire ou d’une maladie cardiovasculaire
  • Les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (C2S), une « mutuelle » gratuite ou à faible cotisation pour les patients modestes.

Téléconsultation et arrêt de travail

Un médecin ou une sage-femme (pour les femmes enceintes) peuvent prescrire un arrêt de travail dans le cadre d’une téléconsultation. Pour limiter les abus, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024, présenté le 27 septembre 2023 en Conseil des ministres, prévoit que les arrêts maladie prescrits en téléconsultation ne pourront être supérieurs à trois jours. Au-delà de cette durée, un examen physique sera obligatoire.

Cette limitation à trois jours des arrêts maladie prescrits en téléconsultation entrera en vigueur à compter du 1er janvier 2024 (si le PLFSS 2024 est adopté en l’état), sauf :

  • si la téléconsultation est effectuée avec le médecin traitant du patient
  • si la téléconsultation est réalisée parce que le médecin traitant du patient n’est pas disponible
  • en cas de situation d’urgence

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