Le programme de la coalition Ensemble, menée par Gabriel Attal (camp du président Emmanuel Macron), fait la part belle à la défense du pouvoir d’achat. Prime Macron portée à 10.000 euros maximum, refonte des allègements de charges pour favoriser les hausses de bas salaires, exonération des droits sur le premier achat de logement, abattement fiscal majoré sur les successions et donations… Liste, calendrier et détail des mesures proposées dans le cadre de la campagne des élections législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet 2024.
Programme d’Ensemble pour les élections législatives : les mesures en faveur du pouvoir d’achat

Au regard des résultats du premier tour des élections législatives (20,04% des suffrages exprimés pour les candidats Ensemble ! à l’échelle nationale), l’application du programme présenté par Gabriel Attal apparaît compromise, la coalition centriste n’étant pas en mesure de disposer d’une majorité à l’Assemblée nationale à l’issue du second tour.
Le programme de Gabriel Attal pour le budget des ménages : grands axes et résumé
Le programme de la coalition Ensemble pour la République (partis Renaissance, MoDem, Horizons, UDI et Parti Radical) présenté par Gabriel Attal, l’actuel premier ministre, pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024, s’articule autour des principaux axes suivants, s’agissant des questions de pouvoir d’achat et de finances personnelles :
- mieux rémunérer le travail
- réduire les dépenses contraintes (électricité, santé, logement)
- alléger la fiscalité des successions et donations
La question du pouvoir d’achat constitue donc l’un des principaux axes de la campagne de la majorité sortante. « Quelle est la première priorité (sic) de nos concitoyens ? Ce qui leur reste à la fin du mois pour vivre », a déclaré Gabriel Attal, lors de la conférence de presse de présentation du programme d’Ensemble pour la République, le 20 juin.
Sur neuf thèmes abordés dans le programme d’Ensemble, six contiennent des mesures en lien avec le budget des ménages. Voici la liste des mesures annoncées, classées selon les thèmes définis par les partis de l’actuelle majorité du président Macron :
- pouvoir d’achat :
> favoriser les hausses de salaires entre le Smic et 2.500 euros net
> faire baisser de 15% les factures d’électricité
> augmenter le montant maximum de la prime Macron à 10.000 euros
> mettre en place l’achat groupé de fournitures scolaires - accès à la santé :
> élargir la mutuelle à 1 euro par jour (la complémentaire santé solidaire, C2S)
> rembourser intégralement les fauteuils roulants - accès au logement, rénovation :
> étendre la garantie contre les loyers impayés
> exonérer de droits de mutation (taxe sur les achats immobiliers) jusqu’à 250.000 euros pour les primo-accédants
> créer un fonds de rénovation énergétique financé par une taxe sur les rachats d’actions - « travail et mérite » :
> inscrire dans la loi une « règle d’or anti-hausse d’impôt »
> augmenter de 50% l’abattement sur les successions et donation entre parents et enfants, à 150.000 euros
> revaloriser les retraites des agriculteurs
> expérimenter la semaine de quatre jours
> moduler le temps de travail hebdomadaire des parents divorcés en fonction de la semaine de garde des enfants - « contre les inégalités de destin » :
> maintenir les repas à 1 euro pour les boursiers
> instaurer un droit à un congé de naissance mieux indemnisé « à partir de 2025 » - protection de l’environnement :
> proposer 100.000 véhicules électriques en leasing social chaque année
Prime de pouvoir d’achat « Macron » portée à 10.000 euros maximum
La prime de partage de la valeur (PPV), nouveau nom de la prime Macron, peut être versée en 2024 sans aucune charge ni impôt dans la limite de 3.000 euros dans les TPE et PME de moins de 50 salariés, et jusqu’à 6.000 euros si un accord d’intéressement et/ou de participation a été signé dans l’entreprise. Elle est réservée aux salariés ayant une rémunération brute inférieure à 3 Smic sur les douze mois précédant l’attribution de la prime.
Dans son programme, Ensemble pour la République prévoit de porter le montant de la prime de pouvoir d’achat « jusqu’à 10.000 euros sans charge, ni impôt ». Il n’est cependant pas précisé si ce relèvement du plafond concernerait :
- uniquement les TPE-PME ou toutes les entreprises quelle que soit leur taille
- seulement les entreprises ayant signé un accord d’intéressement ou de participation
Au cours de sa conférence de presse, Gabriel Attal a en outre indiqué vouloir « permettre aux entreprises de mensualiser cette prime ». Depuis le début de cette année, elle peut être versée deux fois par an (contre une seule auparavant).
> En savoir plus : lire notre article sur la prime de partage de la valeur (PPV)
Des mesures pour augmenter les bas salaires
« Nous libèrerons les augmentations de salaires entre le Smic (soit un peu moins de 1.400 euros net, NDLR) et 2.500 net en réformant les aides aux entreprises et la prime d’activité », peut-on lire dans le programme de l’actuelle majorité présidentielle.
Les mesures envisagées consisteraient donc à réviser :
- la prime d’activité, pour en augmenter le montant (la somme perçue était de 184 euros en moyenne à fin 2023)
- les allègements de cotisations patronales sur les bas salaires pour favoriser les augmentations.
« Nous proposons de revoir ce système d’allègement de charges pour permettre plus de progression salariale au niveau du Smic », a déclaré l’actuel locataire de Matignon.
Mutuelle à 1 euro par jour étendue
La création d’une « mutuelle publique à 1 euro par jour » a été annoncée par Gabriel Attal. Il s’agit en fait d’élargir la complémentaire santé solidaire (C2S), un dispositif qui existe déjà et qui comporte deux volets, un sans reste à charge (zéro participation financière pour le bénéficiaire) et un autre avec une contribution financière de l’assuré, limitée à un euro maximum par jour.
C’est ce second volet qui est susceptible d’être reconfiguré, si l’actuelle majorité devait remporter le plus de sièges au Palais-Bourbon, à l’issue du scrutin.
Le programme évoque un « droit nouveau pour des millions de Français », sans plus de précision sur ses modalités.
Selon l’Assurance maladie, on dénombrait 1,64 million de bénéficiaires du volet payant de la C2S au 30 septembre 2023, pour 4,1 millions de personnes éligibles selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), qui dépend des ministères de la Santé et des Solidarités et de l’Économie.
Revalorisation des retraites en fonction de l’inflation
Le programme présenté par Gabriel Attal prévoit une « indexation des retraites sur l’inflation ». Étrange quand on sait que le principe d’indexation des pensions de retraite en fonction de l’inflation est inscrit dans la loi depuis 2003, à l’article L.161-23-1 du Code de la Sécurité sociale (article L.161-23-1).
Cette annonce fait écho à celle faite par Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse qui s’est tenue avant les élections européennes, le 12 juin. « J’ai entendu beaucoup de rumeurs ces derniers temps, a déclaré le chef de l’État. Je vais être très clair : les retraites seront bien indexées sur l’inflation ; le pouvoir d’achat des retraités, ce n’est pas une variable d’ajustement pour nous ».
Gabriel Attal ne précise pas s’il entend graver dans le marbre ce principe de l’indexation annuelle, en supprimant la possibilité de sous-indexer ou de désindexer.
Pour rappel, l’exécutif a la main sur la revalorisation des retraites de base, mais pas celle des retraites complémentaires, qui est décidée par les partenaires sociaux.
Abattement porté à 150.000 euros sur les droits de succession et de donation
Le programme du camp présidentiel propose de porter le montant de l’abattement sur les droits de succession et les droits de donation :
- de 100.000 euros par enfant à 150.000 euros
- de 1.594 euros par petit-enfant à 100.000 euros pour les droits de succession
- de 31.865 euros par petit-enfant à 100.000 euros pour les droits de donation
La mesure envisagée consisterait également à étendre le bénéfice de ces abattements aux familles recomposées.
« On souhaite favoriser surtout les donations du vivant […] plus que les successions […] pour que des jeunes […] puissent recevoir une donation de leurs parents ou de leurs grands-parents de manière plus simple et moins fiscalisée », a développé Gabriel Attal, lors de sa conférence de presse.
Suppression des « frais de notaire » pour un 1er achat immobilier
Dans son programme, la majorité actuelle annonce vouloir supprimer les droits de mutation à titre onéreux (DMTO), plus communément appelés « frais de notaire », dans la limite de 250.000 euros, pour les primo-accédants (personnes réalisant leur première acquisition de logement).
Cette mesure serait présentée dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025.
Calendrier des mesures « pouvoir d’achat » du programme d’Ensemble
L’agenda des « 100 jours » d’un hypothétique gouvernement Attal II, en cas de victoire de la coalition Ensemble pour la République, serait le suivant :
- juillet 2024
> élargissement de la garantie loyers impayés
> présentation d’un projet de loi de lutte contre les fraudes fiscales et sociales
> présentation d’un projet de loi pour le pouvoir d’achat (mesures de « désmicardisation », prime Macron portée jusqu’à 10.000 euros) - août 2024
> ouverture des achats groupés de fournitures scolaires pour les parents d’élèves (gain annoncé de 50 à 60 euros pour un collégien) - septembre / octobre 2024
> présentation des budgets 2025 de l’État et de la Sécurité sociale, incluant les mesures suivantes :
. baisse de 15% des factures d’électricité
. mutuelle à 1 euro par jour étendue
. exonération de « frais de notaire » pour un premier achat immobilier
. mise en place du congé de naissance
. abattement sur les droits de donation et de succession porté à 150.000 par enfant
. indexation des retraites sur l’inflation - octobre 2024
> nouvelle vague de leasing social de véhicules électriques (ciblé en faveur des professionnels des « métiers du soin »)
> début du remboursement intégral des fauteuils roulants
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