Cotiser plus que le nombre de trimestres demandé pour avoir une retraite complète est un bon moyen de doper le montant de sa pension. Un mécanisme appelé surcote qui rapporte quatre fois plus aux retraités de la fonction publique qu’aux salariés du secteur privé.
« Travailler plus pour gagner plus », le slogan de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, est une réalité pour un certain nombre de retraités, surtout dans la fonction publique. Cotiser à la retraite plus longtemps est en effet particulièrement intéressant financièrement pour les anciens fonctionnaires.
Les agents des collectivités locales et de l’hôpital public qui ont cotisé au-delà du nombre de trimestres de retraite requis bénéficient d’une pension majorée de 200 euros par mois, d’après les données de la Drees (1) portant sur les nouveaux retraités ayant fait valoir leurs droits en 2014. Les fonctionnaires civils de l’Etat à la retraite sont encore mieux lotis : leur gain atteint 326 euros par mois.
A titre de comparaison, le « bonus » mensuel s’est élevé, en moyenne, pour les nouveaux retraités de 2014 ayant cotisé au-delà de la durée d’assurance demandée à 79 euros pour les salariés du privé, 51 euros pour les artisans, 48 euros pour les commerçants, 40 euros pour les exploitants agricoles. Et seulement 12 euros pour les salariés agricoles (2).
Base de calcul plus favorable aux fonctionnaires
L’écart entre les retraités du secteur public et du secteur privé s’explique aisément. Pour le comprendre, il faut d’abord se pencher sur le dispositif qui permet de « travailler plus pour gagner plus ». Appelé « surcote », il a été mis en place en 2004 pour inciter les actifs à travailler et donc à cotiser plus longtemps et ainsi générer davantage de recettes pour les régimes de retraite. Lorsqu’un assuré cotise au-delà du nombre de trimestres exigé dans sa classe d’âge pour percevoir une pension complète, sa retraite est majorée de 1,25% par trimestre supplémentaire cotisé.
Si le mécanisme de bonification est identique dans les régimes publics et privés, il ne s’applique pas à la même base de calcul. Dans le privé, la surcote s’applique uniquement sur la retraite de base (pension versée par la Cnav pour les salariés, la MSA pour les agriculteurs et salariés agricoles, le RSI pour les artisans et commerçants). Mais pas aux retraites complémentaires (Arrco, Agirc, Ircantec…), pour la simple et bonne raison que le dispositif n’y existe pas. En revanche, les régimes du public étant « intégrés » (c’est-à-dire intégrant à la fois un régime de base et un régime complémentaire), la surcote porte cette fois-ci sur la totalité de la pension.
Beaucoup de « surcotés » chez les agents publics
Or, sans tenir compte de la surcote, les fonctionnaires civils d’Etat ont touché une pension moyenne de 2.019 euros par mois en 2014 et leurs collègues de la fonction publique territoriale et hospitalière de 1.280 euros par mois. La seule pension mensuelle moyenne de base s’est située, elle, à 596 euros pour les salariés, 367 euros pour les agriculteurs, 350 euros pour les artisans, 277 euros pour les commerçants et à peine 190 euros pour les salariés agricoles. CQFD…
Les agents publics ont, semble-t-il, compris leur intérêt. Toujours selon la Drees, la proportion de bénéficiaires de la surcote chez les nouveaux retraités de 2014 atteint 30,4% chez les fonctionnaires civils d’Etat et 19% chez les fonctionnaires territoriaux et hospitaliers, contre 16% chez les commerçants, 14,1% chez les artisans, 13,4% chez les salariés et 12% chez les salariés agricoles. Seuls les agriculteurs exploitants y ont davantage recours avec un taux de 31,9% en vue de doper leur faible retraite. Une démarche d’autant plus facile qu’ils sont leur propre patron.
Montant de la surcote chez les nouveaux retraités de 2014
Ancien statut professionnel |
Gain mensuel moyen |
Fonctionnaires civils d’Etat |
326 euros |
Fonctionnaires territoriaux et hospitaliers |
200 euros |
Salariés |
79 euros |
Artisans |
51 euros |
Commerçants |
48 euros |
Agriculteurs |
40 euros |
Salariés agricoles |
12 euros |
Source : Drees, 28 avril 2016
1) Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère des Affaires sociales et de la Santé.
(2) L’étude de la Drees n’aborde pas le cas des militaires et des professions libérales.
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