Cotisations, épargne : comment bien préparer sa retraite

Par Jean-Philippe Dubosc

Pour pallier la baisse de revenus à la retraite, plusieurs solutions existent. Il est possible d’améliorer ses pensions de base et complémentaires, réduire ses frais de logement ou encore se constituer des compléments de revenu.    

Il est conseillé de s'y prendre tôt pour préparer sa retraite

Les Français ont beau être inquiets sur le montant de leur future retraite, ils sont peu nombreux à anticiper leur baisse de revenus. Une passivité qui risque de faire mal au portefeuille sachant que le taux de remplacement, c’est-à-dire le rapport entre le dernier salaire et la pension perçue, ne cesse de se dégrader.

Il paraît donc plus que jamais opportun de bien préparer financièrement sa retraite. Les leviers peuvent porter à la fois sur la pension obligatoire et sur la constitution d’un complément de revenus pour ses vieux jours.

Optimiser sa retraite obligatoire

En premier lieu, il est crucial de bien déterminer le moment où l’on va quitter la vie professionnelle. En France, s’il n’est pas possible de prendre sa retraite avant d’avoir atteint un certain âge, appelé « âge légal de départ » (progressivement porté de 60 à 62 ans d’ici 2017), les actifs sont libres ensuite de décider quand ils vont partir. Jusqu’à 70 ans et hormis certaines professions (militaires, contrôleurs aériens, officiers de la marine marchande…) où il existe un âge de mise à la retraite d’office, l’employeur n’a pas son mot à dire. Quant aux travailleurs indépendants (artisans, commerçants, agriculteurs, entrepreneurs) et aux professions libérales (médecins, avocats, architectes, experts-comptables…), étant leur propre patron, ils peuvent poursuivre leur activité aussi longtemps qu’ils le souhaitent. D’où l’intérêt de choisir le moment adéquat, quitte à partir un peu plus tard.

Dans les régimes de retraite de base, outre l’âge légal, est en effet prise en considération la durée d’assurance. Il s’agit du nombre de trimestres de cotisation requis pour percevoir une pension de base complète, c’est-à-dire sans abattement. Ce nombre évolue en fonction de la date de naissance de l’assuré. La première chose à faire est donc de connaître le nombre de trimestres à justifier dans sa génération. Ensuite, en demandant auprès de votre caisse de retraite votre relevé individuel de situation (RIS), vous saurez le nombre de trimestres déjà acquis durant votre carrière et, de cette manière, ce qu’il vous reste à cotiser. Vous déterminerez ainsi grâce à ce document jusqu’à quel âge travailler pour maximiser votre pension. A noter : la quasi-totalité des sites internet des caisses permettent d’effectuer une demande de RIS en ligne.

Une fois votre âge optimal de départ connu, il ne reste plus qu’à réaliser sur le Web une simulation du montant de votre future pension. Le nouveau simulateur en ligne de l’Agirc-Arrco est, à ce titre, particulièrement pertinent car il se base sur les données réelles de carrière. Si le montant estimé ne vous convient pas, sachez que vous avez la possibilité de majorer votre pension de base en cotisant sur une durée plus longue. Chaque trimestre cotisé au-delà de votre durée d’assurance vous permettra d’augmenter votre pension de base de 1,25%. Contrairement à la décote, cette « surcote » n’est pas plafonnée. Cerise sur le gâteau : en travaillant plus longtemps, vous cumulez des points supplémentaires à l’Arrco et, si vous êtes cadre, à l’Agirc, ce qui augmentera in fine le montant de vos pensions complémentaires.

Enfin, il faut veiller à ce que votre dossier soit complet au moment de la demande de liquidation de vos droits à la retraite. Il serait dommage, qu’à la suite d’un oubli ou d’une erreur, les trimestres acquis au titre de la maternité, du service militaire ou d’un job étudiant, ne soient pas pris en compte. Là encore, le mieux est de ne pas s’y prendre au dernier moment. Grâce au RIS, il est possible de vérifier à tout moment si ces trimestres ont bien été comptabilisés. Si tel n’est pas le cas, notifiez-le à votre caisse de retraite au plus tôt.

Se constituer un complément de revenus

A défaut de percevoir une pension élevée, il existe plusieurs façons de compenser le manque à gagner à la retraite. Premier conseil : devenir propriétaire de sa résidence principale. Les loyers représentent en moyenne 30% du budget des familles et peuvent même atteindre 50% en Ile-de-France. En achetant son logement vers 35-40 ans, vous pouvez espérer ne plus avoir de mensualités de remboursement de crédit immobilier à payer à la retraite (les emprunts courent généralement sur 20 ans).

La résidence principale acquise, certains peuvent se lancer dans l’investissement immobilier locatif. Les loyers perçus peuvent servir d’abord à rembourser les mensualités de prêt, puis une fois le crédit remboursé, à constituer un complément de revenu bienvenu à la retraite. Gare, toutefois, aux vacances de loyer. En cas d’impayés ou si le logement ne se loue pas, l’investisseur en est de sa poche. Attention également aux coûts induits (frais d’agence, charges de copropriété, taxe foncière, impôt sur les revenus fonciers…). S’ils sont trop élevés, l’affaire peut s’avérer peu rentable.

Les placements financiers constituent l’autre solution. A condition de s’y prendre suffisament tôt et d’effectuer des versements réguliers en vue de « lisser » l’effort d’épargne. Il est toujours possible de souscrire des produits d’épargne réglementée. Leur capital est garanti et ils ne sont pas ou très peu fiscalisés. Toutefois, ils sont plafonnés (pas plus de 22.950 euros pour le Livret A ou le Livret Bleu, 12.000 euros pour le LDD…) et leur rendement faible (0,75% depuis le 1er août 2015 pour le Livret A et le LDD). En outre, le capital, disponible à tout moment, peut rapidement être dilapidé contrairement à un produit où l’épargne est bloquée. Autant dire que ce n’est pas avec ce type de produits que vous vous constituerez le matelas financier nécessaire pour maintenir le niveau de vie espéré à la retraite.

L’assurance vie est nettement plus adaptée à la préparation à la retraite. Le capital du fonds en euros est garanti et les intérêts annuels définitivement acquis. L’encours n’est pas limité et on peut détenir autant de contrats que l’on veut (contrairement à l’épargne réglementée). Même en baisse depuis plusieurs années, le rendement est supérieur (2,30% en moyenne pour les fonds euros en 2015) à celui d’un Livret A. Par ailleurs, l’assurance vie présente des avantages en matière de succession : les sommes ne sont pas intégrées à l’actif successoral et elles bénéficient d’un abattement de 152.500 euros par bénéficiaire si les primes ont été versées avant les 70 ans de l’assuré.

Certes, les intérêts et plus-values générés sont assujettis aux prélèvements sociaux (CSG, CRDS…) à 15,5% et à l’impôt sur le revenu. Toutefois, les gains bénéficient au bout de 8 ans de détention d’un abattement annuel de 4.600 euros pour les personnes seules et de 9.200 euros pour les couples déclarant leurs revenus en commun. En d’autres termes, si vous êtes marié ou Pacsé et que vous effectuez dans l’année un rachat incluant 9.200 euros d’intérêts, vous n’êtes pas imposé sur cette somme. Egalement après 8 ans, le souscripteur peut opter pour un prélèvement forfaitaire libératoire (PFL) de 7,5%, en lieu et place de l’intégration dans les revenus imposés au barème de l’impôt.

Surtout, l’assurance vie peut délivrer dans la durée des compléments de revenus. Des rachats automatiques peuvent être programmés à compter du départ à la retraite. Non seulement, l’assuré reçoit une somme définie à l’avance et versée à intervalles réguliers, mais le reliquat des fonds placés continue à fructifier. Reste qu’il faut avoir suffisamment épargné et bien dimensionné les retraits pour qu’ils puissent s’étaler durant toute la durée de la retraite (20 ans en moyenne). Pour plus de sécurité, l’assuré peut opter pour une sortie en rentes viagères, c’est-à-dire versées à vie. Il est ainsi sûr de recevoir une rente jusqu’à son décès. Attention : tous les contrats d’assurance vie ne proposent pas cette option et cette dernière entraîne généralement le prélèvement de frais de gestion élevés.

Il existe aussi une multitude de produits d’épargne spécifiquement dédiés à la retraite. Les plus connus sont Préfon-Retraite conçu pour les fonctionnaires et ex-agents publics, le contrat Madelin réservé aux indépendants et aux professions libérales, et le plan d’épargne retraite populaire (Perp) ouvert à tous. A l’image de l’assurance vie, on peut en détenir plusieurs et ils ne sont pas plafonnés. Ils proposent tous le versement de rentes à compter du départ à la retraite. Certains (Préfon-Retraite, CRH, Perp) permettent une sortie partielle, voire totale, en capital. Par rapport à l’assurance vie, les cotisations des produits d’épargne retraite peuvent être déduites (dans certaines limites) des revenus imposables. Cet avantage n’est pas comptabilisé dans les niches fiscales, octroyées par exemple pour l’emploi d’un salarié à domicile et plafonnées à 10.000 euros par an.

En revanche, à l’inverse de l’assurance vie, les rachats sur un Perp ou un Madelin ne sont pas autorisés. L’épargne demeure bloquée jusqu’au départ à la retraite sauf en cas d’accidents de la vie (décès, invalidité, surendettement, fin des allocations chômage…) pour lesquels un déblocage anticipé est possible. Autre inconvénient : les produits d’épargne retraite sont fortement « chargés » et leur rendement est généralement inférieur au fonds en euros. Enfin, s’il existe un avantage fiscal à l’entrée, il faut savoir que les rentes versées doivent, à l’image des pensions de retraite, être intégrées aux revenus à déclarer au fisc.

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