INTERVIEW – Selon Emmanuel Grimaud, le président-fondateur de la société de conseil en optimisation de retraite Maximis Retraite, les rachats de trimestres de cotisation constitue une opération financière très intéressante pour les assurés. A tel point qu’il est persuadé que le gouvernement va limiter ce dispositif.
Retraites : « Les rachats de trimestres offrent un fort rendement »
Toutsurlaretraite.com : Vous avez écrit que les rachats de trimestres allaient disparaître. D’où vient cette information ?
Emmanuel Grimaud, président-fondateur de Maximis Retraite : Plus précisément, je ne pense pas que le gouvernement supprime la possibilité de racheter des trimestres de retraite au titre des années d’études supérieures ou des années de cotisation incomplète. Je suis sûr, en revanche, que l’exécutif va rendre le dispositif moins attractif soit en limitant l’avantage fiscal (les rachats peuvent être entièrement déduits des revenus à déclarer, NDLR), soit en augmentant fortement le prix des trimestres. Il existe un précédent en la matière. Depuis le 1er janvier 2011, le prix des rachats de trimestres pour les expatriés au titre de leurs années passées à l’étranger a été multiplié par deux, voire dans certains cas par quatre ! C’est un véritable hold-up sur les expatriés.
Pourquoi vouloir la disparition des rachats de trimestres ?
Tout simplement parce que ce dispositif coûte trop cher aux finances publiques et aux régimes de retraite. Il y a d’abord la déduction fiscale qui entraîne moins de recettes pour l’Etat. Surtout, contrairement à ce que l’on peut entendre, les rachats de trimestres offrent un fort rendement. Prenons un rachat de 12 trimestres, c’est-à-dire le maximum autorisé. Il en coûte en moyenne 38.000 euros. Une fois la réduction d’impôt appliquée, le montant est ramené à 22.000 euros (*) Une somme dérisoire comparée au versement d’une retraite à taux plein (sans décote, NDLR) pendant 20 ans. D’autant que l’on a la possibilité d’étaler le paiement du rachat sur 5 ans et que l’on peut arrêter les versements à tout moment.
Mais il y a toujours le risque de racheter des trimestres et de voir les règles changer entre temps…
Malgré ces changements prévisibles, il est important de procéder au rachat le plus tôt possible, en tous les cas à partir de 40-45 ans. Selon nos calculs, même avec 180 trimestres de cotisation exigés (166 aujourd’hui, NDLR) et une baisse des rendements des retraites complémentaires de 22%, c’est-à-dire deux paramètres extrêmes, le rachat de trimestres reste une opération financière intéressante. En outre, en cas de changement de paramètres, les assurés pourront se faire rembourser leurs rachats. C’est ce qui s’est passé dans la foulée de la réforme de 2010 qui a instauré un recul de l’âge de départ à la retraite de 60 à 62 ans.
Pourquoi alors le gouvernement est-il en train d’étendre le périmètre des rachats de trimestres ?
La dernière réforme des retraites prévoit en effet un rabais pour les jeunes actifs, les anciens apprentis et les assistantes maternelles agréées. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2015 instaure, pour sa part, une aide de l’Etat de 2.000 euros par trimestre dans la limite de 4 trimestres pour les anciens harkis. Ces initiatives peuvent paraître paradoxales. Voilà pourquoi je conseille d’envoyer une demande de rachat afin de figer les conditions du rachat aux barèmes actuels. Elle n’engage à rien. Vous pourrez toujours ne pas confirmer le rachat une fois la proposition effectuée.
Propos recueillis par Jean-Philippe Dubosc
(*) au taux marginal d’imposition de 45%
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