INTERVIEW – Selon l’Observatoire des retraites européennes, le développement de la propriété de la résidence principale ne peut être considéré comme une solution suffisante dans la préparation de la retraite. Jérôme Dedeyan, président de Debory ERES, initiateur de l’Observatoire, explique pourquoi.
« Etre propriétaire de son logement à la retraite n’est pas la panacée »
Toutsurlaretraite.com: Pourquoi, selon vous, l’immobilier ne suffit-il pas à préparer sa retraite ?
Jérôme Dedeyan : Il est admis en France qu’acquérir sa résidence principale constitue la meilleure préparation à la retraite. On se dit qu’à l’âge de la retraite, le prêt immobilier sera remboursé et que l’on n’aura plus besoin de dépenser pour se loger au moment où l’on devra justement subir une baisse sensible de ses revenus. Cette démarche est sensée mais ne constitue pas la panacée. Si elle s’avère cohérente pour le 3ème âge, elle n’est pas adaptée au 4ème âge.
Faites-vous référence à la dépendance ?
La plupart des logements actuels ne sont pas conçus pour la fin de vie. Seulement 6% de l’immobilier en France est équipé pour les personnes âgées, contre 16% aux Pays-Bas. C’est un vrai problème sachant qu’une partie des papy boomers aujourd’hui à la retraite seront dépendants demain. La perte d’autonomie, même limitée, va devenir un phénomène de société. La majorité des propriétaires pensent que la vente de leur bien immobilier suffira à financer leur placement en maison de retraite médicalisée. Or, rien n’est moins sûr. Non seulement parce qu’une place dans de tels établissement coûte de plus en plus cher, mais aussi parce qu’ils peuvent vendre leur maison ou leur appartement moins bien qu’ils ne l’escomptent. En plus de l’effet du nombre de logements à vendre, l’adaptation du logis à la situation de dépendance va bientôt autant compter dans la valorisation d’un bien immobilier que sa situation géographique, la qualité du bâti ou la proximité avec de bonnes écoles. Compte tenu du vieillissement de la population, les prix des logements qui ne seront pas aménagés pour les personnes âgées seront moins élevés.
Que préconisez-vous ?
A 60 ans, il faut se poser la question de savoir s’il l’on peut vivre dans son habitat jusqu’à la fin de sa vie. Si ce n’est pas le cas, les propriétaires ont tout intérêt à céder leur logement tant qu’ils sont encore alertes pour un appartement en centre-ville, près des commerces, disposant d’un ascenseur, le cas échéant en devenant locataire d’un bailleur qui a réalisé les aménagements adaptés et en plaçant le produit de la vente de son précédent logement pour garantir ses loyers. L’autre solution est de se rapprocher de ses enfants qui pourront venir plus tard en soutien. Pour ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas vendre leur bien immobilier, il est possible d’y effectuer des aménagements. Le coût moyen de tels équipements s’élève en moyenne à 22.000 euros. Les caisses de retraite, les conseils généraux et l’Anah (Agence nationale de l’habitat, NDLR) proposent des aides financières qui, en fonction des ressources, peuvent couvrir entre le tiers et les deux-tiers des dépenses engagées. Ces dernières bénéficient, en outre, d’une TVA moindre et donnent accès à un crédit d’impôt. Avant toutes choses, le mieux est de demander à l’Anah d’effectuer un audit du logement pour savoir s’il a besoin d’être adapté. Profitez-en, c’est gratuit !
Propos recueillis par Jean-Philippe Dubosc
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