Taxe foncière 2022-2023 : Etat, départements, villes, communautés de communes, qui encaisse combien ?

Par Thibault Fingonnet
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Entre 2012 et 2022, la taxe foncière a grimpé de 32% selon les calculs de TSMF.com. Mais qui est véritablement responsable de cette augmentation de la fiscalité ? L’État et les communes touchent chacun une fraction de l’impôt foncier mais tous n’ont pas la même influence sur la note finale. Le département ne touche plus de taxe foncière depuis l’année 2021.  

Taxe foncière : une évolution à la hausse

En 2023, les propriétaires passent de nouveau à la caisse. Comme chaque année, ils doivent s’acquitter de la taxe foncière avant le 16 octobre, à moins de bénéficier d’une exonération particulière.

Et la facture s’alourdit, année après année : le montant de la taxe foncière sur le foncier bâti a bondi de 32,4% de 2012 à 2022, et de 5,6% entre 2021 et 2022, pour atteindre 36,225 milliards d’euros. Cette année, une nouvelle augmentation est à prévoir.

Le taux global de taxe foncière ne cesse d’augmenter. En moyenne, il est passé (source Ministère de l’Action et des Comptes Publics – DGFiP, données statistiques) :

  • de 34,5% en 1999 sur les propriétés bâties à 48,2% en 2021 et 49% en 2022
  • de 60,5% en 1999 sur les propriétés non bâties à 72,3 en 2021 comme en 2022

En 2022, le taux moyen de taxe foncière, basé sur les recettes effectivement perçues, a atteint (source rapport OFGL 2023) :

  • 38,29% sur les propriétés bâties (37,03% en 2017), dont 35,88% revenant aux seules communes
  • 54,62% (53,51% en 2017) sur les propriétés non bâties, dont 42,54% pour les communes

En moyenne, un propriétaire particulier a payé 895 euros de taxe foncière en 2022 pour l’ensemble des propriétés qu’il détient (source DGFiP statistiques n°16) contre :

  • 849 euros en 2021 (source DGFiP statistiques n°9).
  • 827 euros en 2020 (source DGFiP statistiques n°4).

Pour les propriétaires, une question se pose : qui est responsable de cette hausse ? Pour répondre à cette question, il faut entrer dans les détails techniques de cet impôt local qui profite désormais aux communes, ainsi qu’aux intercommunalités. Le graphique suivant récapitule le calcul de la taxe foncière.

taxe-fonciere-detail

Important : depuis  2021, la part départementale de taxe foncière est désormais affectée à la commune, le taux voté en 2020 par le département s’ajoute donc au taux voté par le conseil municipal, un principe toujours en vigueur en 2022. Le produit de taxe foncière est entièrement affecté au bloc communal depuis 2022 (communes, syndicats de communes, intercommunalités).

Taxe foncière : quelle part pour le département ?

Depuis l’année 2021, les départements n’ont plus la liberté de fixer leur taux de taxe foncière, la part départementale de taxe foncière étant désormais allouée aux communes. Ces dernières ayant hérité de la taxe foncière, les départements ne perçoivent plus de taxe foncière depuis 2021 (ile perçoivent en contrepartie une fraction de la TVA).

De 2011 à 2020, l’impôt foncier sur bâti perçu par les départements est passé de 10,953 à 14,314 milliards d’euros, soit une augmentation de 30,7% ou 3,361 milliards d’euros de plus. En 2023, ce produit est entièrement affecté aux communes, dans le cadre de la réforme de la fiscalité locale.

Plus de la moitié de l’augmentation sur la période 2012-2020 était liée à une hausse des bases d’imposition (revalorisation des bases votée par le Parlement, constructions nouvelles, agrandissements), et une alors qu’une petite moitié de la hausse de taxe foncière sur la période 2012-2020 est liée à une hausse des taux d’imposition.

Ce ne sont pas les départements qui taxaient le plus la propriété foncière : le taux moyen voté par les Conseils départementaux a atteint 17,34% en moyenne en 2020 hors Paris (source FSL) contre 21,62% pour les communes.

Le taux moyen d’imposition effectif (en divisant la valeur des recettes des départements par le montant des bases) s’élevait à 17,37% en 2020, contre 17,44% en 2019, 16,36% en 2018 et 15,21% en 2014.

Sur la période 2012-2020, c’est dans les Yvelines que le taux départemental de taxe foncière a le plus augmenté : il est passé de 7,58% à 11,58% (+52,8%) tout en demeurant parmi les 10 taux les plus faibles de France. Sur la période 2012-2018, le montant de taxe foncière perçu par le département a grimpé de 86,7% à 331,5 millions d’euros.

Plus de statistiques > Taxe foncière : taux et cotisation par département

Taxe foncière : quelle part pour les communes ?

Depuis 2021, le taux communal de taxe foncière inclut celui auparavant affecté aux départements. Le taux d’imposition moyen a donc significativement augmenté entre 2020 et 2021, mais essentiellement en raison de ce transfert de recettes d’un échelon

En moyenne (source DGCL), le taux de taxation à la taxe foncière sur les propriétés bâties des communes (en intégrant les groupements de communes et, depuis 2021, le transfert de la part départementale) se situait à 35,88% en moyenne en 2022 contre 35,60% en 2021, 19,80% en 2020, 19,79% en 2019 et 19,41% en 2018. Ces données sont basées sur les recettes réellement perçues par les communes et communautés de communes ou d’agglomérations.

Concrètement pour le contribuable, la taxe foncière brute est égale à l’addition du prélèvement intercommunal à celui de la commune.

En 2023, les propriétaires basés à Grenoble sont soumis au plus fort taux cumulé de taxe foncière parmi les grandes villes, à savoir 67,07% (sources cabinet FSL, ville de Grenoble). Ce taux se décompose entre :

  • celui de la commune de 65,79%
  • et celui de l’intercommunalité Grenoble Alpes Métropole au taux de 1,29%

S’y ajoutent trois taxes annexes :

  • la taxe spéciale d’équipement (TSE) : 0,47%
  • la taxe d’enlèvement d’ordures ménagères : 8,30%
  • la taxe Gemapi : 0,382%

 

Que récupère l’État ?

L’État ne taxe pas à proprement parler la propriété foncière en dehors de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI). Son rôle est néanmoins déterminant puisque c’est à lui qu’incombe la revalorisation des valeurs locatives, c’est-à-dire l’augmentation annuelle des bases imposables. Toutefois, les sommes en question ne reviennent pas à l’État.

De 2000 à 2023, les valeurs locatives ont ainsi gagné 48,1%, une progression plus rapide que celle de l’inflation selon nos calculs.

L’État récupère malgré tout une partie de la taxe foncière, en contrepartie des frais pour l’établissement et l’envoi des avis d’imposition (frais de gestion), au titre des dégrèvements et des créances d’impôt non remboursées, signalés dans l’avis d’imposition sous le terme de « frais de gestion de la fiscalité directe locale », qui représente 3% du montant des cotisations d’impôt. Les sommes en question ont atteint 1,09 milliard d’euros en 2022 sur le foncier bâti selon nos calculs, soit 32,6 euros par avis d’imposition. Ces montants sont inférieurs au coût cumulé de la collecte, de la prise en charge des exonérations et dégrèvements (contribution totale de l’État de 4,26 milliards d’euros en 2022) et de l’affectation d’une fraction de TVA aux départements en remplacement de la taxe foncière sur le bâti, transférée aux communes.

Les grandes villes qui taxent le plus

Les 5 taux communaux les plus élevés (cumul ville + groupement de communes) :

  1. Grenoble (67,08%)
  2. Angers (56,42%) ;
  3. Amiens (55,87%) ;
  4. Le Havre (54,36%)
  5. Orléans (54,08%)
    Taux relevés en 2023, sources cabinet FSL, communes

 

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