Taxe foncière : une évolution à la hausse
En 2022, les propriétaires passent de nouveau à la caisse. Comme chaque année, ils doivent s’acquitter de la taxe foncière avant le 17 octobre, à moins de bénéficier d’une exonération particulière.
Et la facture s’alourdit, année après année : le montant de la taxe foncière sur le foncier bâti a bondi de 17% de 2014 à 2021, pour atteindre 34,298 milliards d’euros.
Le taux global de taxe foncière ne cesse d’augmenter. En moyenne, il est passé (source Ministère de l’Action et des Comptes Publics – DGFiP, données statistiques) :
- de 34,5% en 1999 sur les propriétés bâties à 46,9% en 2020 et 48,2% en 2021
- de 60,5% en 1999 sur les propriétés non bâties à 71,8% en 2020 et 72,3% en 2021
En 2021, le taux moyen de taxe foncière, basé sur les recettes effectivement perçues, a atteint (source rapport OFGL 2022) :
- 38,37% sur les propriétés bâties (37,03% en 2017), dont 36,24% revenant aux seules communes
- 54,30% (53,51% en 2017) sur les propriétés non bâties, dont 42,46% pour les communes
En moyenne, un propriétaire particulier a payé 849 euros de taxe foncière en 2021, contre 827 euros en 2020 (source DGFiP statistiques n°4 et n°9), pour l’ensemble des propriétés qu’il détient.
Pour les propriétaires, une question se pose : qui est responsable de cette hausse ? Pour répondre à cette question, il faut entrer dans les détails techniques de cet impôt local qui profite à l’État, aux départements et aux communes, ainsi qu’aux intercommunalités le cas échéant. Le graphique suivant récapitule le calcul de la taxe foncière.

Important : depuis 2021, la part départementale de taxe foncière est désormais affectée à la commune, le taux voté en 2020 par le département s’ajoute donc au taux voté par le conseil municipal, un principe toujours en vigueur en 2022. Le produit de taxe foncière est entièrement affecté au bloc communal en 2022 (communes, syndicats de communes, groupements à fiscalité propre).
Taxe foncière : que fait payer le département ?
Depuis l’année 2021, les départements n’ont plus la liberté de fixer leur taux de taxe foncière, la part départementale de taxe foncière étant désormais allouée aux communes. Ces dernières ayant hérité de la taxe foncière, les départements ne perçoivent plus de taxe foncière depuis 2021.
De 2011 à 2020, l’impôt foncier sur bâti perçu par les départements est passé de 10,953 à 14,314 milliards d’euros, soit une augmentation de 30,7% ou 3,361 milliards d’euros de plus. En 2022, ce produit est entièrement affecté aux communes, dans le cadre de la réforme de la fiscalité locale.
Plus de la moitié de l’augmentation sur la période 2012-2020 était liée à une hausse des bases d’imposition (revalorisation des bases votée par le Parlement, constructions nouvelles, agrandissements), et une alors qu’une petite moitié de la hausse de taxe foncière sur la période 2012-2020 est liée à une hausse des taux d’imposition.
Ce ne sont pas les départements qui taxent le plus la propriété foncière : le taux moyen voté par les Conseils départementaux a atteint 17,34% en moyenne en 2020 hors Paris (source FSL) contre 21,62% pour les communes.
Le taux moyen d’imposition effectif (en divisant la valeur des recettes des départements par le montant des bases) s’élevait à 17,37% en 2020, contre 17,44% en 2019, 16,36% en 2018 et 15,21% en 2014.
Sur la période 2012-2020, c’est dans les Yvelines que le taux départemental de taxe foncière a le plus augmenté : il est passé de 7,58% à 11,58% (+52,8%) tout en demeurant parmi les 10 taux les plus faibles de France. Sur la période 2012-2018, le montant de taxe foncière perçu par le département a grimpé de 86,7% à 331,5 millions d’euros.
Plus de statistiques > Taxe foncière : taux et cotisation par département
Taxe foncière : quelle part pour les communes ?
Depuis 2021, le taux communal de taxe foncière inclut celui auparavant affecté aux départements. Le taux d’imposition moyen a donc significativement augmenté entre 2020 et 2021, mais essentiellement en raison de ce transfert de recettes d’un échelon
En moyenne (source DGCL), le taux de taxation à la taxe foncière sur les propriétés bâties des communes (en intégrant les groupements de communes et, depuis 2021, le transfert de la part départementale) se situait à 38,37% en moyenne en 2021 contre 21,62% en 2020, 21,88% en 2019, 21,48% en 2018 et 20,20% en 2014. Ces données sont basées sur les recettes réellement perçues par les communes et communauté de communes ou d’agglomérations.
Concrètement pour le contribuable, la taxe foncière brute est égale à l’addition du prélèvement intercommunal à celui de la commune.
En 2021, les propriétaires basés à Angers sont soumis au plus fort taux cumulé de taxe foncière, à savoir 56,42%. Ce taux se décompose entre l’ancienne part départementale au taux de 32,98%, celle de la commune de 21,26% et celle de l’intercommunalité de 2,18%. Ici, l’écart de taux entre département et commune est élevé, mais ce n’est pas toujours le cas : à Aix-en-Provence, les bases d’imposition sont taxées à 35,28% mais la taxe départementale se limite à 15,05% alors que la part communale pèse à hauteur de 20,23% (dont 17,64% pour la ville et 2,59% pour le groupement de communes) sur les propriétaires aixois.
Que récupère l’État ?
L’Etat ne taxe pas à proprement parler la propriété foncière en dehors de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI). Son rôle est néanmoins déterminant puisque c’est à lui qu’incombe la revalorisation des valeurs locatives, c’est-à-dire l’augmentation annuelle des bases imposables. Toutefois, les sommes en question ne reviennent pas à l’État.
De 2000 à 2021, les valeurs locatives ont ainsi gagné 33,7%, une progression plus rapide que celle de l’inflation selon nos calculs.
L’État récupère malgré tout une partie de la taxe foncière, en contrepartie notamment des frais de gestion pour l’établissement et l’envoi des avis d’imposition, soit 3% du montant des cotisations d’impôt. Les sommes en question ont atteint 1,62 milliard d’euros en 2019 sur le foncier bâti selon nos calculs, soit 59,58 euros par avis d’imposition.
Les communes qui taxent le plus
Les 5 taux communaux les plus élevés (cumul ville + groupement de communes, incluant la part départementale) :
- Angers (56,42%) ;
- Amiens (55,87%) ;
- Le Havre (54,36%)
- Orléans (54,08%).
- Grenoble (53,92%) ;
Taux relevés en 2022, source cabinet FSL
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