L’épargne retraite : un enjeu de compétitivité pour les entreprises

Par Jean-Philippe Dubosc

Un tiers des entreprises instaurent des dispositifs d’épargne retraite afin d’attirer et fidéliser les meilleurs talents, selon une récente enquête. Les régimes d’entreprise auraient, du coup, tendance à se développer. Du moins au sein des plus grandes d’entre elles.

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Une entreprise sur trois propose des dispositifs d’épargne retraite à leurs salariés en vue d’améliorer leur compétitivité. 31% des employeurs déclarent en effet mettre en place des régimes d’entreprise dans le but de recruter et de fidéliser les meilleurs profils, selon la seconde édition de l’enquête sur les pratiques des entreprises en matière d’épargne retraite et salariale du cabinet de conseil Aon Hewitt publiée le 15 janvier 2014. « Attirer et retenir les talents est un enjeu crucial pour les entreprises. Les dispositifs d’avantages sociaux avantageux sont devenus un argument de poids pour amener un candidat à choisir une entreprise plutôt qu’une autre et à le retenir. Et dans ces dispositifs, l’épargne retraite prend une part de plus en plus importante », observe Marc Salameh, responsable de l’activité de conseil en avantages sociaux d’Aon Hewitt France.

 

Du coup, le taux d’équipement des entreprises progresse. 71% d’entre elles ont mis ou sont en train d’instaurer un plan d’épargne retraite collectif (Perco), contre 62% en 2012. 61% ont mis en place un régime de retraite supplémentaire à cotisations définies (ou « article 83 » en référence au Code général des impôts qui le réglemente) en 2013, alors qu’elles étaient 52% dans ce cas en 2012. 43% de ces régimes sont destinés à l’ensemble du personnel, sans distinction de catégorie, au lieu de 29% en 2012. La réforme des retraites de 2010 oblige, il est vrai, les entreprises qui disposent d’un dispositif d’épargne retraite « catégoriel » à proposer également un dispositif à tous leurs salariés.

 

Les retraites chapeaux encore plus plébiscitées

Contre toutes attentes, les régimes supplémentaires à prestations définies (ou « article 39 ») sont plus que jamais appréciés des entreprises. 35% d’entre elles disposaient en 2013 de ces dispositifs plus connus sous l’appellation de « retraites chapeaux ». Le pourcentage était de seulement 20% en 2012. Toutefois, l’étude d’Aon Hewitt souligne que 40% de ces régimes fortement décriés (le cas le plus récent est la retraite chapeau du PDG du groupe PSA, Philippe Varin, estimée à 21 millions d’euros) sont fermés depuis plusieurs années. Le spectre des bénéficiaires s’est là-aussi élargi : 68% des articles 39 étaient réservés aux cadres dirigeants en 2013, contre 91% en 2012.

Reste que si les dispositifs collectifs d’épargne retraite se développent, ils demeurent encore peu exploités par les salariés. Seuls 42% des bénéficiaires d’un Perco effectuent des versements volontaires. Le ratio monte à 48% si l’entreprise propose un abondement. Celui-ci s’élève en moyenne à 92% du versement. Les Perco des entreprises interrogées proposent systématiquement un plafond d’abondement qui atteint en moyenne 1.468 euros. Preuve que les sommes versées par les salariés restent modiques, les entreprises octroient, dans les faits, 628 euros en moyenne par salarié et par an. Autre bémol : les dispositifs d’épargne retraite demeurent l’apanage des grands groupes. D’ailleurs, sur les 95 entreprises interrogées par Aon Hewitt, 63% emploient plus de 5.000 salariés.

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