La Carsat Normandie ferme ses agences pour le bien des retraités

Par Jean-Philippe Dubosc
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A partir du 1er juin 2015, la caisse de retraite de Normandie va fermer ses agences principales deux jours par semaine. Cette mesure vise à éviter les retards dans les versements des nouvelles pensions alors que la caisse s’attend à une hausse de 45% des demandes de retraite au second semestre.    

L'agence d'Argentan de la Carsat Normandie

Pour s’assurer de payer les nouvelles pensions en temps et en heure, la Caisse d’assurance retraite et de santé au travail (Carsat) de Normandie va limiter l’accès au public d’une grande partie de son réseau. Les agences de Rouen (rive droite et rive gauche), de Saint-Lô, d’Alençon, d’Evreux, de Montivilliers et d’Hérouville-Saint-Clair vont fermer leurs portes deux jours par semaine à partir du 1er juin prochain. Cette nouveauté qui concerne les sept plus grosses agences dans la région (sur 20) doit permettre de mieux traiter les demandes de retraite, a annoncé la Carsat Normandie dans un communiqué diffusé le 28 mai 2015.

« Les assurés sont invités à adresser leur dossier par voie postale ou le déposer dans la boîte aux lettres de leur agence. Le dossier est traité dans les mêmes délais quel que soit le mode de dépôt », assure le communiqué. La caisse rappelle, par ailleurs, que les affiliés peuvent effectuer leurs démarches sur Internet. Ils ont aussi la possibilité de prendre rendez-vous en appelant le 3960 « pour bénéficier d’un entretien personnalisé, planifié au meilleur moment afin de bien préparer sa retraite ».

Conjonction de plusieurs facteurs

La fermeture partielle des agences est dictée par une situation exceptionnelle. Pour le second semestre 2015, la Carsat Normandie anticipe une augmentation de plus de 45% des dépôts de dossiers comparé au premier semestre ! Cet afflux résulte à la fois du « papy-boom », du report progressif de l’âge légal de 60 à 62 ans qui se traduit par des départs par vagues et non plus étalés sur l’année et par l’extension des retraites anticipées pour carrière longue instaurée par le décret du 2 juillet 2012 signé par François Hollande.

A ces raisons démographiques et réglementaires, s’ajouterait un facteur socio-culturel : les affiliés de la Carsat Normandie auraient tendance à demander la liquidation de leurs droits en septembre pour pouvoir partir à la retraite fin décembre. L’an dernier déjà, la caisse avait procédé au deuxième trimestre à des fermetures d’agences d’un à deux jours par semaine en prévision de la hausse des demandes de retraite.

Le contre-exemple de Lille et de Montpellier

Cette fermeture partielle des agences, qui s’était étalée sur quelques semaines, aurait permis, selon la Carsat Normandie, d’éviter des retards dans le versement des pensions des nouveaux retraités. Le procédé ayant fait ses preuves, la caisse a décidé de l’appliquer à nouveau en 2015 mais à une échelle plus importante, le « pic » de départs à la retraite devant être plus conséquent cette année. Aucune date de fin de l’opération n’a été fixée pour l’instant.

Cette stratégie d’anticipation semble pertinente alors que la Carsat de Nord Picardie et la Carsat du Languedoc Roussillon doivent faire face à d’importants retards de pension depuis novembre 2014. Selon le dernier relevé de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), la situation serait, toutefois, revenue à la normale en avril dernier à Lille et à Montpellier.

La liquidation provisoire bientôt généralisée

Il n’empêche, pour éviter que « ce dysfonctionnement du service public » ne se répète et ne se s’étende à d’autres caisses, la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine a annoncé ke 19 mai 2015 la mise en place d’un « droit opposable » à la retraite. A partir du 1er janvier 2016, tous les dossiers complets de retraite déposés quatre mois plus tôt donneront lieu au versement automatique d’une pension. Le montant sera susceptible d’être revu à la hausse une fois que toutes les données seront rassemblées et validées.

Cette « liquidation provisoire » est déjà en vigueur depuis janvier en Nord Picardie et en Languedoc Roussillon. Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a préconisé de l’étendre au reste du pays. La ministre a suivi cet avis. La « garantie de retraite » concernera, toutefois, uniquement le régime général des salariés du privé. Il faudra attendre la publication d’un décret d’application pour en connaître toutes les modalités.

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