« Nous sommes favorables au rachat anticipé pour Corem »

Par Jean-Philippe Dubosc

INTERVIEW – Le projet de loi sur la modernisation de la vie économique introduit la possibilité d’un déblocage avant le départ de la vie active pour les plans d’épargne retraite populaire (Perp) dont l’encours est faible et qui ne sont plus alimentés depuis longtemps. Après Cristian Carrega, directeur général de Préfon, Paul Le Bihan, directeur général de l’Union mutualiste retraite (UMR), le distributeur de la Complémentaire retraite mutualiste (Corem), se prononce à son tour en faveur de l’extension de la mesure à ce contrat.    

Paul Le Bihan, directeur général de l'Union mutualiste retraite

Toutsurmesfinances.com : Souhaitez-vous que le rachat anticipé sur les « petits » Perp soit étendu à Corem ?
Paul le Bihan, directeur général de l’UMR : Sur le principe, nous y sommes favorables. De cette manière, des assurés de Corem ayant commencé à épargner trop tard ou qui ne verseraient plus de cotisations depuis des années et qui risqueraient de percevoir des rentes faibles à la retraite, pourraient, s’ils le souhaitent, récupérer leurs mises.

Attention toutefois à ne pas trop se focaliser sur cette notion de « petites » rentes. Certaines mutuelles qui distribuent Corem présentent le contrat à leurs adhérents comme une solution financière pour couvrir la surprime appliquée aux complémentaires santé passé 60 ans. La rente viagère n’a donc pas toujours besoin d’être importante.

Par ailleurs, je rappelle que les assurés de Corem qui n’ont pas capitalisé plus de 200 points sur leur contrat, ce qui équivaut à une rente annuelle de 120 euros, bénéficient systématiquement d’une sortie à 100% en capital au moment du départ à la retraite. Enfin, je tiens à souligner que nos contrats sont proposés en fonction du besoin et des ressources financières de la personne. Nous ne pratiquons pas de vente plus ou moins forcée comme certains réseaux ont pu le faire lors du lancement du Perp en 2004.

Le projet de loi prévoit la mise en place de règles prudentielles moins strictes pour les retraites professionnelles, dont le contrat Madelin. Pensez-vous que Corem puisse en profiter ?
Ce serait en tout cas logique. Comme les FRPS (fonds de retraite professionnelle supplémentaire, NDLR), Corem est un produit « tunnel ». L’assuré ne peut pas y sortir à tout moment contrairement à l’assurance vie, mais seulement au moment du départ à la retraite. L’horizon de placement s’inscrit donc sur le long terme. L’assureur peut se permettre de prendre davantage de risques pour aller chercher du rendement, sachant que les éventuelles moins-values peuvent être compensées avec le temps.

Le Trésor est d’accord avec nous sur ce point. Le problème, c’est que Corem peut difficilement être assimilé à un FRPS. Il ne s’agit pas stricto sensu d’un produit d’épargne retraite professionnelle, notre contrat étant ouvert à tous. La marge de manœuvre sur la question est étroite. Nous avons effectué des propositions au Trésor.

Le texte instaure une homogénéisation des trois codes qui régissent le secteur de l’assurance. Qu’est-ce que cela va changer pour Corem ?
Rien pour nous. En effet, les codes de la mutualité (dont dépend le Corem) et de la Sécurité sociale autorisent la baisse de la valeur du point, ce qui n’est pas possible aujourd’hui dans le code des assurances. La garantie de la valeur du point oblige les assureurs à ne prendre aucun risque. Or, ce n’est pas en investissant tout notre portefeuille dans les obligations d’Etat dont les taux d’intérêt avoisinent 0% que nous allons pouvoir servir de bons rendements à nos adhérents.

En supprimant la contrainte de la garantie, tous les acteurs de la retraite en points vont pouvoir augmenter raisonnablement leur exposition dans les actions et l’immobilier, des actifs un peu plus risqués, mais nettement plus rémunérateurs dans une perspective de long terme.

Propos recueillis par Jean-Philippe Dubosc

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