Le droit de préemption de la commune, comment ça marche ?

Par Thibault Fingonnet

Au moment de vendre ou d’acheter un logement, il faut se méfier du droit de préemption. Celui-ci peut permettre à la commune de s’approprier le bien mis en vente. Explications.  

Le droit de préemption de la commune, comment ça marche ?

Sommaire

Définition du droit de préemption de la commune
Les propriétés concernées
Démarches et délais lors de la mise en vente
Comment éviter le droit de préemption
Le droit de préemption renforcé

Définition du droit de préemption de la commune

Il existe en réalité non pas un mais deux droits de préemption. Le premier donne à la priorité à la commune pour acheter un logement mis en vente dans une zone délimitée tandis que le second profite aux locataires dont l’appartement est mis en vente par le bailleur. Cet article est donc consacré au droit de préemption de la commune.

Un propriétaire peut se voir contraint de céder son bien à sa commune à cause du droit de préemption. Dans certaines zones délimitées par la collectivité, la mairie peut en effet faire jouer ce droit afin d’obliger le vendeur a lui transférer la propriété. Bien entendu, la vente bénéficie à l’ancien propriétaire, au prix indiqué préalablement, sauf si la commune décide de négocier. Mais ce dernier n’est pas libre de choisir l’acquéreur.

Les propriétés concernées

Le droit de préemption (ou DPU, pour droit de préemption urbain) doit au préalable être mis en place par la commune. Sa délibération doit être motivée par la réalisation d’aménagements urbains d’intérêt général et le DPU doit être circonscrit à des zones précises.

Le DPU peut s’appliquer à tous types de propriétés, à savoir :

– Les terrains, constructibles ou non
– Les maisons individuelles
– Les appartements
– Les immeubles entiers

Il convient de noter que la mairie peut tenter de préempter seulement une partie de la propriété (immeuble ou terrain par exemple). Dans ce cas de figure, la perte potentielle subie par le propriétaire (la parcelle de terrain ou partie d’immeuble restante a perdu de sa valeur) doit être prise en compte dans le prix de vente. Le cas échéant, le propriétaire peut exiger de la commune qu’elle se porte acquéreuse de la totalité du bien pour éviter un préjudice.

Démarches et délais lors de la mise en vente

Après avoir vérifié auprès de la mairie que le bien se situe dans une zone de préemption, le propriétaire vendeur doit faire part de son intention de céder sa propriété en adressant une déclaration d’intention d’aliéner (DIA) à la commune, avec les pièces justificatives exigées (celles-ci figurent sur le formulaire de DIA). Le DIA doit également indiquer le prix demandé, les conditions de la vente, l’utilisation actuelle du bien et les coordonnées de l’acquéreur si celui-ci a déjà été trouvé.

Attention : si le DIA n’est pas adressé à la mairie conformément à la loi, la vente du bien peut être annulée par le tribunal de grande instance (TGI). Et ce jusqu’à cinq ans après la signature de l’acte authentique.

Une fois le DIA reçu (en un seul exemplaire pour les envois électroniques ou quatre exemplaires papier), la mairie dispose de deux mois pour décider. Si elle n’est pas intéressée, le propriétaire peut vendre à l’acquéreur de son choix. La mairie ne peut pas revenir sur cette décision. Son silence vaut également renonciation à la vente.

A l’inverse, elle peut décider de préempter le bien, soit dans les conditions exigées par le vendeur, soit en négociant. Dans le premier cas, les parties signent l’acte authentique de vente et le vendeur conserve la jouissance du bien tant qu’il n’a pas été payé intégralement. Le règlement doit intervenir dans un délai de quatre mois après l’officialisation de la transaction.

En revanche, en cas de négociations, la commune peut proposer un prix revu à la baisse. Une fois cette proposition en main, le vendeur dispose de deux mois pour accepter, maintenir sa première offre ou renoncer à la vente. Il ne peut pas ignorer l’offre de la mairie et vendre à un autre acheteur dans ce cadre. En cas de contentieux, le TGI peut être saisi pour trancher le litige.

Comment éviter le droit de préemption

Pour échapper au droit de préemption, le propriétaire peut étudier de près le motif d’intérêt général mis en avant pour justifier la préemption : s’il est contestable, le vendeur peut obtenir gain de cause auprès du TGI.

Par ailleurs, certaines situations permettent d’échapper à l’application du DPU. Les biens reçus en succession ou donation (entre parents jusqu’au sixième degré) échappent ainsi à la préemption de la commune. Il en va de même lorsque le bien change de mains suite à la signature d’une convention mettant fin à une indivision ou si aucun transfert de propriété n’est acté (donation d’usufruit par exemple). Enfin, les immeubles visés par un contrat de vente d’immeubles à construire et ceux cédés dans le cadre d’un plan de cession (après un redressement ou une liquidation judicaire) échappent également à la préemption.

Enfin, dans le cadre d’un DPU simple, les copropriétés de plus de dix ans ne sont pas concernées par le droit de préemption, de même que les immeubles de moins de quatre ans. Enfin, les cessions de parts de société civile immobilière (SCI) échappent également au DPU simple.

Le droit de préemption renforcé

Une commune peut choisir d’appliquer un droit de préemption renforcé si la mairie l’estime nécessaire. Ce DPU renforcé lui permet de passer outre les exceptions protégeant les copropriétés de plus de dix ans, les immeubles de moins de quatre ans et les cessions de parts de SCI.

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