Toujours moins de terrains pour les maisons en lotissement

Par Thibault Fingonnet

Les ventes de terrains constructibles aux particuliers en zone aménagée sont restées stables en 2015 mais les lancements de nouveaux projets ont fléchi de 20%. En cause, un manque de parcelles constructibles, et en particulier de foncier privé à cause de la fiscalité des plus-values.  

Les aménageurs lotisseurs s'inquiètent de la chute des nouveaux projets

Les maisons en lotissement ont-elles encore la cote ? Alors que les achats de maisons individuelles neuves ont grimpé de près de 13% en 2015, avec 111.300 logements vendus d’après l’Union des maisons françaises (UMF), les spécialistes de l’aménagement et de la maison en lotissement* restent en retrait. Les ventes de lots à bâtir en secteur aménagé ont à peine progressé (+1%) l’année dernière selon les statistiques présentées par le syndicat des aménageurs lotisseurs (Snal) jeudi 24 mars 2016.

« Qu’est-ce qu’on va vendre demain ? »

Cette stabilité des ventes cache une tendance inquiétante pour le secteur. En effet, les mises en chantier de maisons individuelles s’affichent également en berne. Elles ont reculé de 12% en moyenne en 2015 (70.400 logements) et de 13% pour les seules maisons en secteur aménagé. Surtout, les lancements de nouveaux projets ont chuté de 20% en 2015. « En termes de réalimentation du marché, il y a un vrai souci », appuie le directeur du pôle Observatoire du bureau d’études Adéquation Valéry Mescheriakoff.

Pour la présidente du Snal Pascale Poirot, « il y a une réelle difficulté de production de nouvelles opérations » directement liée à la mobilisation du foncier privé, entravée par la fiscalité des plus-values. Celle-ci incite les propriétaires à conserver leurs terrains plus longtemps, afin de bénéficier d’abattements fiscaux plus importants et donc de payer moins d’impôt. « Tout le monde est conscient que la fiscalité n’est pas incitative mais il s’agit d’un énorme chantier que le gouvernement n’est pas prêt à mettre en œuvre », poursuit-elle. Une réforme fiscale a en effet été évoquée par l’exécutif mais elle sera soumise à une révision préalable, et fastidieuse, des valeurs locatives. Et n’interviendra donc pas avant des années.

En définitive, les professionnels de l’aménagement font face à une situation paradoxale. L’offre de logements tend à diminuer, alors même que les acheteurs potentiels sont bien soutenus en 2016, grâce aux taux de crédit immobilier au plus bas, à la nouvelle version améliorée du prêt à taux zéro (PTZ) ou encore au maintien du dispositif d’APL accession. « Qu’est-ce qu’on va vendre demain ?, s’interroge Valéry Mescheriakoff. Les gens vont pouvoir acheter mais s’il n’y a rien à vendre, qu’allons-nous pouvoir faire ? » Une question qui n’a pas fini de tarauder les aménageurs et lotisseurs.

*Un aménageur ne construit pas directement de maison mais vend des terrains prêts à bâtir et équipés (raccordements aux réseaux d’électricité…). Les opérations d’aménagement vont du lotissement de quelques terrains à des projets de plusieurs centaines de logements.

 

Des parcelles toujours plus petites

En moyenne, la parcelle de terrain mise en vente par un aménageur lotisseur mesurait 522 mètres carrés (m²) en 2015. Soit 283 m² de moins qu’en 2006. A titre de comparaison, la taille du terrain utilisé pour construire une maison individuelle en diffus (hors lotissements et zones d’aménagement) se situe à 1.021 m² en 2015 (1.729 m² en 2006).

La diminution des parcelles aménagées s’illustre également par leur prix.Toutes régions confondues, le prix moyen se fixe à 80.120 euros en 2015. Il s’établissait à 85.216 euros en 2006.

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