Jean Lassalle : son programme pour 2017, en bref
Jean Lassalle est assurément le candidat le plus hors normes de l’élection présidentielle de 2017, et pas seulement sur la forme (son accent béarnais, sa taille, son métier – il est le seul agriculteur de profession parmi les onze candidats – ou ses initiatives médiatiques comme sa grève de la faim en 2006 ou sa marche de 5.000 km en 2013). Le député-maire centriste – il fut vice-président du Modem, le parti de François Bayrou – incarne une ligne politique ni à gauche, ni à droite, voulant restaurer le pouvoir de l’Etat et de la commune, sans être dirigiste sur le plan économique.
Son projet politique, dont l’un des principaux objectifs est de combattre la finance spéculative et la fraude fiscale, a une teinte particulièrement sociale. « Mon ambition n’est pas de lutter contre la finance, mais d’abattre la finance spéculative au profit de l’économie réelle et du travail », clame le président-fondateur du micro-parti Résistons ! en préambule de son programme, présenté le 3 avril 2017, après tous ses autres rivaux dans la course à l’Elysée.
Pour le pouvoir d’achat des Français, on peut retenir le deux grandes axes suivants :
– Redistribution d’un tiers des sommes récupérées sur l’évasion fiscale au travers d’une baisse d’impôt de 13,33 milliards d’euros
– Elaboration d’un « nouveau contrat social » prévoyant la création d’allocations nouvelles et la majoration de certaines aides financières pour 29 milliards d’euros
Programme de lutte contre la finance spéculative
Dénonçant à chacune de ses interventions ce qu’il nomme « l’oppression financière », Jean Lassalle propose plusieurs mesures susceptibles de concerner les ménages :
– Instaurer une taxe sur les transactions financières au taux de 0,02%, sans précision sur son champ d’application. L’idée du député des Pyrénées-Atlantiques semble être celle d’une taxation « minime » sur une base large, inspirée de la taxe Tobin.
– Permettre aux particuliers (comme aux entreprises) d’ouvrir un compte de dépôt auprès du Trésor Public constituant un « prêt sans intérêt ni terme à l’État »
– « Imposer la restitution aux assurés des excédents que leur doivent les compagnies d’assurances », sans précision sur la nature des excédents en question
– Renforcer la lutte contre la fraude fiscale via des recrutements au contrôle des impôts et au Parquet financier.
Encadrement du capitalisme
Dans le même esprit, Jean Lassalle veut favoriser le rééquilibrage du pouvoir dans l’entreprise en favorisant le rôle des salariés et en limitant le poids des actionnaires, en particulier pour les sociétés cotées en Bourse.
Sont ainsi prévus dans son programme :
– l’instauration de la parité salariés-actionnaires dans les comités des rémunérations
– la suppression du régime des actions aux porteurs pour les sociétés cotées, qui ne leur permet pas de connaître l’identité de leurs actionnaires. Jean Lassalle veut imposer un régime de détention entièrement nominatif.
– la limitation du vote en assemblée générale des actionnaires de sociétés anonymes, en réservant ce droit aux détenteurs depuis au moins un an (sauf en cas de contrôle majoritaire du capital)
– l’interdiction, à l’échelle de l’Europe que « l’essentiel des revenus d’un dirigeant soit lié à l’évolution de court terme d’actions de sa société »
– la mise en œuvre d’un plan de soutien aux entreprises familiales. Il est question, sans plus de précision, de créer des « instruments fiscaux afin de préserver l’outil de production et de résister aux sirènes court-termistes des financiers (sic) ».
Pouvoir d’achat : hausse du Smic net et des heures supplémentaires
Jean Lassalle veut valoriser le travail. Dans son projet, plusieurs propositions vont dans ce sens :
– Augmentation du Smic net grâce à une baisse des cotisations sur les bas salaires de 2 milliards d’euros
– Fixation du taux minimum de majoration des heures supplémentaires à 25 ou 50%, contre 10% actuellement
– Incitation à l’épargne salariale. L’élu centriste veut favoriser les accords de participation des salariés aux bénéfices, sans préciser de quelle manière.
Par ailleurs, Jean Lassalle veut augmenter le minimum vieillesse de 200 euros par mois et permettre aux locataires du parc privé de logements de sous-louer des chambres, à condition de le déclarer (il ne précise pas s’il s’agit d’une déclaration fiscale ou administrative).
Baisse d’impôts et fiscalité écologique au programme
Grâce à son plan de lutte contre la fraude et l’évasion fiscales, Jean Lassalle prévoit d’en rendre « un tiers à l’ensemble des contribuables », soit plus de 13 milliards d’euros, en procédant à une baisse « des taux d’imposition », en omettant de préciser de quel impôt il s’agit. Cet allègement de la pression fiscale des ménages concernerait « en premier lieu pour les classes moyennes et les familles », ce qui laisse supposer une diminution d’impôt sur le revenu (conjecture de l’auteur, NDLR).
Par ailleurs, le maire de Lourdios-Ichère (sa ville de naissance et de résidence) propose de renforcer la fiscalité écologique via deux mesures :
– l’application d’une taxe carbone spécifique au kérosène
– la réduction de l’écart de fiscalité entre les carburants essence et diesel en concertation avec les pays limitrophes.
Retraites : fin du calcul par trimestres
Jean Lassalle, qui aura 62 ans (l’âge légal de départ en retraite) le 3 mai 2017, propose de mettre un terme aux régimes spéciaux de retraite (SNCF, RATP, etc.), Cette abolition concernerait aussi le régime des parlementaires.
Par ailleurs, il met sur la table un nouveau mode de calcul des droits à la retraite, en rupture avec le système actuel : il veut ainsi tenir compte de la durée travaillée, et non plus raisonner en trimestres de cotisation.
De façon plus énigmatique, il suggère de ne plus inciter « au départ une fois atteint l’âge de la retraite ».
Sécurité sociale : les mesures de son « nouveau contrat social »
La refondation de la protection sociale est au cœur de son programme. Le père du rugbyman professionnel Thibault Lassalle veut lancer ce chantier dans le cadre d’un conseil national réunissant « toutes les forces politiques et sociales » du pays.
Les principales mesures qu’il souhaite voir appliquer à ce titre sont les suivantes :
– Création d’une allocation d’autonomie pour les jeunes de 17-25 ans en formation. Il se déclare favorable au principe d’un revenu minimum garanti, ou revenu universel.
– Remboursement à 100% de toutes les dépenses de santé par la Sécurité sociale et nationalisation de l’Assurance maladie
– Création d’un compte unique des aides sociales dont le versement serait confié à la Caf
– Revalorisation de l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) pour les personnes âgées
– Versement des allocations familiales dès le premier enfant, comme le propose Benoît Hamon, le candidat PS
– Instauration d’un montant minimum d’AAH (allocation adulte handicapé) indépendamment du niveau de revenus du conjoint
– Suppression de la limite d’âge pour l’ouverture du droit à la prestation de compensation du handicap (PCH). Actuellement, la première demande doit s’effectuer avant 60 ans, sauf cas particuliers.
Lire le programme des autres candidats à l’élection présidentielle 2017
> Nathalie Arthaud
– Nathalie Arthaud : le programme de Lutte Ouvrière pour 2017
> Philippe Poutou
– Philippe Poutou : le programme anticapitaliste du NPA pour 2017
> Jean-Luc Mélenchon
– Smic, retraites, fiscalité… le programme de Mélenchon
> Benoît Hamon
– Revenu universel, Smic, retraites… le programme de Hamon
> Emmanuel Macron
– Pouvoir d’achat, impôts, Sécurité sociale… Le programme de Macron pour 2017
> Jacques Cheminade
– Jacques Cheminade : Smic, retraites, impôts, son programme pour 2017
> François Fillon
– Pouvoir d’achat : les propositions de Fillon pour 2017
> François Asselineau
– François Asselineau : le programme du candidat UPR à l’élection présidentielle 2017
> Nicolas Dupont-Aignan
– Dupont-Aignan : fiscalité, pouvoir d’achat, retraite, son programme présidentiel pour 2017
> Marine Le Pen
– Marine Le Pen : salaires, retraites, impôts, le programme du FN pour 2017
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