Depuis le 24 mars 2015, les syndics ont l’obligation de gérer les fonds d’une copropriété sur un compte bancaire séparé des leurs. Une mesure qui vise à sécuriser les copropriétaires mais dont une large partie d’entre eux ne bénéficiera pas.
Copropriété : le compte bancaire séparé obligatoire depuis le 24 mars
Les syndics n’ont plus le choix. Depuis le 24 mars 2015, ils sont dans l’obligation de gérer les fonds des copropriétés sur des comptes bancaires dédiés et distincts des leurs. Une nouveauté issue de la loi Alur sur le logement votée un an plus tôt, qui a pour but de mettre un terme à la pratique du compte unique. Par opposition au compte séparé, le compte unique permet de mutualiser les fonds des copropriétés et du syndic, ce dernier touchant les intérêts générés.
Désormais, cette pratique n’a plus cours. Les syndics ne sont plus autorisés à proposer la gestion par compte unique et les copropriétaires, s’ils peuvent choisir la banque qui accueillera le compte séparé, n’ont pas la possibilité de voter une dérogation. Un gage de transparence et de sécurité pour les copropriétaires : « Le compte séparé sécurise les fonds de la copropriété et permet une meilleure traçabilité de leur utilisation », explique Sylvain Elkouby, dirigeant-fondateur du cabinet d’administration de biens Syndicexperts.com.
« La mutualisation des fonds était problématique en cas de faillite du syndic, comme l’a montré l’affaire Urbania », rappelle pour sa part Rachid Laaraj, président du courtier en syndic Syneval. Le troisième syndic de France de l’époque avait échappé de peu à une liquidation en 2010 après avoir installé un système de « comptes reflets » ou miroirs avec les fonds des copropriétés qu’il gérait, mettant en danger les copropriétaires des 480.000 logements de son portefeuille.
La majorité des copropriétés pas concernée
Reste qu’une large majorité des copropriétaires ne bénéficiera pas de cette avancée. En effet, l’obligation ne s’applique pas aux petites copropriétés de moins de 15 lots. Or, plus de la moitié des copropriétés ne dépassent pas les dix logements selon les statistiques officielles (et anciennes) de l’Insee…
De plus, l’échéance du 24 mars 2015 est trompeuse car elle ne concerne pas les contrats en cours. Dans ce cas de figure, il faut attendre l’expiration du contrat de syndic pour que ce dernier soit contraint légalement d’ouvrir un compte bancaire distinct. A ce titre, l’association des responsables de copropriété (ARC) avait dénoncé les pratiques de certains cabinets cherchant à faire signer des contrats de trois ans avant que l’obligation n’obtienne force de loi. « Un contrat de trois ans peut aussi être une preuve de confiance de la part des copropriétaires », tempère cependant Sylvain Elkouby à cet égard.
Hausse des honoraires de base
Concrètement, le passage au compte séparé ne doit pas coûter un centime aux copropriétaires, la loi Alur interdisant aux professionnels de facturer ce transfert. Pour autant, le passage au compte séparé ne sera pas indolore. « Le syndic ne peut pas inscrire noir sur blanc qu’il y a une différence de prix entre le compte unique et le compte séparé. Mais s’il proposait par le passé une offre en compte unique à 3.000 euros l’année et une autre à 3.400 euros avec un compte séparé, il n’a désormais plus le choix », explique Rachid Laaraj. Dès lors, le passage au compte séparé tend à augmenter les honoraires de base.
Sur ce point toutefois, c’est davantage la limitation stricte des prestations facturées hors forfait qui devrait peser sur les finances des copropriétaires, puisqu’une partie de ces services va devoir être intégrée dans les forfaits de base. Le décret fixant le contrat-type de syndic, publié au Journal Officiel du 28 mars 2015, précise d’ailleurs la répartition des prestations forfaitisées ou non. Ce document doit devenir la norme à partir du 1er juillet 2015.
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