Immobilier au Maroc : mieux connaître le marché pour réussir son achat

Par Marie-Dominique Dubois

Le marché immobilier au Maroc est bien plus profond que les villes les plus connues que sont Agadir, Casablanca ou Marrakech. Avant d’acheter et de souscrire un crédit, mieux vaut cerner les spécificités du marché immobilier marocain. Notre Panorama.

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Un appartement duplex récent offrant 150 mètres carrés au cœur de la Palmeraie à Marrakech à 191 000 euros…ou encore pour un prix similaire une maison ancienne dans la Casbah à Tanger. De quoi attirer plus d’un Français lorsque l’on compare avec les prix dans l’Hexagone et sur son littoral. Et ils sont nombreux à franchir le cap et à investir au Maroc, soit pour une résidence secondaire ou principale. Selon le ministère français des Affaires étrangères, le Maroc comptait, fin 2010, plus de 41.000 personnes inscrites au registre mondial des Français établis hors de France. Sur le continent africain, le royaume chérifien est le premier pays d’accueil de la communauté française. Il faut dire que les atouts ne manquent pas: à deux-trois heures en avion par des vols low-cost, un ensoleillement presque toute l’année, un coût de la vie moins élevé qu’en France et une diversité des loisirs. A cela s’ajoute une fiscalité attractive pour les retraités Français, et surtout, des prix compétitifs. En effet, après la flambée des prix connue jusqu’en 2007, l’heure est à la baisse depuis 2008. « Le rapport de force joue désormais en faveur de l’acheteur », s’est-il dit au Salon de l’immobilier marocain organisé en mai 2012 à Paris. Alors dans ce contexte baissier, est-ce le bon moment pour acheter ? Est-ce risqué ou profitable ?

Où en est-on de la baisse des prix ?

« Les prix sont en recul de 18 à 25% », estime Nicolas Tarnaud, analyste immobilier (lire son interview sur les pièges à éviter). Et la décote pourrait atteindre « 20% de plus d’ici à deux ans pour les biens mal localisés ou nécessitant d’importants travaux ». Aujourd’hui, la baisse frappe l’ensemble du pays. A Marrakech, par exemple, « les prix ont reculé de 30% depuis le début de l’année 2008 », commente Séverine de Freycinet, directrice de l’agence immobilière Emile Garcin à Marrakech. Les raisons à cette volte-face des prix ? La crise économique d’abord, mais aussi le printemps arabe, « avec pour conséquence un arrêt total des transactions en 2011 », explique Jérôme Guérin, directeur de l’agence Emile Garcin à Tanger. « En revanche, à Tanger, les prix dans l’ancien n’ont pas bougé car l’offre est rare », nuance t-il. Reste que le contexte baissier se prête davantage à une négociation en cas de surévaluation du bien immobilier.

700 à 2000 euros du m² à Agadir

Au Maroc, « il faut compter entre 1.500 et 2.000 euros le mètre carré pour des biens de standing en centre-ville de grandes villes telles que Marrakech ou Casablanca », selon William Pichon, Ingénieur Patrimonial et financier chez Haussmann Patrimoine. Pour l’immobilier de haut standing à l’image d’un beau riad à Marrakech dans la médina – offrant 100 mètres carrés de surface habitable-, rénové avec un patio, comptez entre 2.000 et 3.000 euros le mètre carré. Dans le quartier calme de l’Hivernage, il faudra débourser 200 000 euros pour un appartement avec vue sur le jardin « Majorelle ». Et la facture peut grimper pour une maison d’architecte puisqu’elle se vendra entre 350 000 et 600 000 euros. Vous dénicherez ce type de bien notamment dans le quartier demandé de Marchan. Encore plus cher : la Palmeraie – sorte d’Hollywood aux magnifiques villas et aux ensembles hôteliers avec piscines – comptez un million d’euros pour une maison traditionnelle bourgeoise de 400 mètres carrés avec un hectare de terrain. Autre quartier coté : la Vieille Montagne. Pour une maison ancienne dite « coloniale », il faudra débourser 800 000 euros voire un million d’euros. Côté appartements, sachez que le Maroc offre des surfaces bien plus grandes qu’en France. Avec à la clé pour certains, une piscine. Pour un simple appartement de bonne facture, la facture peut descendre à 1 200 euros. A Agadir, dans le quartier de la Marina, le mètre carré pour un appartement se vend entre 1 500 et 2 000 euros. Et si vous cherchez un logements authentique, cherchez du côté de Fès. Le quartier le plus recherché pour les appartements reste le centre ville. Pour une maison, on cherche dans le quartier Salam où le mètre carré s’établit entre 1 100 et 2 000 euros. Pour les détenteurs d’un budget moins important, préférez la périphérie. « Si l’on s’éloigne du centre-ville, le mètre carré se vend entre 700 à 1 000 euros », souligne William Pichon.

Appartements neufs à Marrakech à partir de 160 000 euros

Le neuf ? Direction Casablanca, la capitale économique du Maroc. Les programmes neufs fleurissent dans toute la ville. Et les prix y sont également compétitifs. En témoigne cet immeuble récent avec terrasse, trois chambres et 184 mètres carrés de surface habitable qui est vendu à 260 000 euros, soit environ 1 400 euros le mètre carré. Vous pourrez également dénicher un appartement neuf à Marrakech. La ville offre de belles opportunités en raison de l’importance de sa zone foncière. Dans le quartier Bab Atlas, par exemple, vous pourrez trouver un complexe d’appartements avec ascenseur, avec terrasse et piscine, pour 110 mètres carrés de surface habitable. Leur prix de vente ? 160 000 euros. Si vous achetez dans le neuf, il faut être attentif à la qualité du promoteur. « De nombreux programmes n’ont pas été livrés à leurs propriétaires ou avec des années de retard », prévient Jérémy Schorr, responsable du département immobilier chez Haussmann Patrimoine. Attention donc! Ses conseils : Le prix de vente doit être cohérent à celui du marché. Et le bien doit être bien situé, à proximité d’un centre-ville. Comme les résidences de services spécialement conçues pour les retraités, « veillez à ce qu’elles soient proches de toutes les commodités », ajoute t-il.

Où acheter sa résidence principale ou secondaire ?

« Nos clients -Anglais, Allemands, Italiens, Suisses, Français- sont essentiellement à la recherche d’une maison secondaire », explique Séverine de Freycinet. « Ils occupent la maison plusieurs mois dans l’année et la mette en location le reste de l’année ». Si vous vous tournez vers ce type d’investissement, privilégiez une ville touristique comme Marrakech, dont la renommée n’est plus à faire ou encore Essaouira, surnommée « la petite Bretagne du Maroc ». « Son architecture colonialiste, ses mouettes rappellent Saint-Malo », explique William Pichon. « C’est un bon endroit pour acquérir une maison de vacances. Tout comme Marrakech », poursuit-il. Si vous comptez y passer votre retraite, privilégiez Marrakech. Enfin, pour réaliser une plus-value immobilière, mieux vaut se tourner vers Tanger ou Casablanca. Capitale économique, Casablanca concentre toutes les affaires. Dans son quartier de bureaux, deux immenses tours ont été construites -les Twin- le tout entouré de boutiques de luxe. Quant à Tanger, elle a l’ambition de devenir la porte d’entrée de l’Afrique. Le gouvernement développe actuellement fortement cette ville. Bon à savoir : sachez que les maisons d’hôtes sont en pleine expansion au Maroc. Des acquéreurs d’un bel espace n’hésitent pas à en faire une chambre d’hôtes. Pour la nuitée, vous pourrez facturer, selon le confort et l’emplacement, une centaine d’euros.

Retraité français : profitez d’une fiscalité avantageuse
Sachez qu’au Maroc, seules les personnes ayant leur résidence habituelle au Maroc sont considérées comme les résidents fiscaux. Pour cela, il faut y séjourner au moins 183 jours par an en continu. Les personnes physiques résidentes au Maroc, percevant des pensions de retraite de source étrangère bénéficient d’importants avantages fiscaux. Deux cas sont à distinguer : si vous ouvrez un compte en dirhams convertibles, sachez que seuls 40% du montant brut de la retraite est imposable. Si vous optez pour l’ouverture d’un compte en dirhams non convertibles, vous aurez droit à une réduction de 80% du montant de l’impôt sur le revenu dû au titre de ces pensions. En tant que retraité français, vous devez demander le transfert de la pension au Maroc à l’organisme payeur : la Cnav (Caisse Nationale d’assurance-vieillesse). Et pensez à vous affilier à l’assurance vieillesse de la Caisse des Français à l’étranger (CFE). Elle permet aux expatriés d’assurer la continuité de leurs droits une fois sur place. Et cela se poursuit à leur retour en France.

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