Les clés pour reconnaître un vrai pro de l’immobilier

Par Thibault Fingonnet

Les Français n’ont pas toujours confiance dans les agents et professionnels de l’immobilier. Pour éviter de confier son projet à n’importe qui, il suffit d’adopter quelques réflexes. Le point sur les garanties à vérifier, les indices à détecter et les services à exiger avant de confier son mandat.

Les clés pour distinguer les vrais professionnels de l’immobilier des escrocs

Qui n’a jamais entendu parler d’un professionnel de l’immobilier peu scrupuleux ? Le 16 novembre dernier, Lefigaro.fr relatait un nouveau fait-divers de ce type, l’histoire d’un faux agent immobilier qui « aurait escroqué 47 familles ». De quoi en rebuter plus d’un… Mais faire appel à un agent immobilier ou un mandataire pour mener à bien son projet permet aussi de sécuriser l’opération, qu’il s’agisse d’un achat ou d’une vente. Encore faut-il tomber sur un « vrai pro » qui connaît son métier et à qui vous pouvez confier votre mandat en toute confiance. Avant de vous engager, suivez le guide.

Les garanties à vérifier

Pour vous servir, un agent immobilier doit détenir une carte professionnelle. Le mandataire, ou agent commercial, doit quant à lui avoir une délégation de la part du titulaire du précieux sésame, fournie par le patron du réseau par exemple. La carte professionnelle se veut une garantie de moralité (casier judiciaire vierge) et de formation. Elle mentionne également la garantie financière dont bénéficie le professionnel le cas échéant.

Demander sa carte à un agent s’avère toutefois… délicat. « Aucun particulier ne le fait », confirme Henry Buzy-Cazaux, président de l’Institut du management des services immobiliers (Imsi). A défaut, vous pouvez vous adresser au service des formalités de la chambre du commerce et de l’industrie (CCI) locale. Plus rapide encore, repérez l’attestation de responsabilité civile professionnelle, qui doit être obligatoirement affichée dans l’agence. Enfin, si vous êtes amené à verser un acompte pour l’achat, assurez-vous que votre interlocuteur dispose de la garantie financière adéquate, celle-ci devant également être affichée. « En l’absence de cet affichage, le professionnel ne peut pas vous demander de chèque ou d’indemnité », précise Henry Buzy-Cazaux.

Les indices à détecter

Au-delà de ces garanties, certains comportements doivent vous alerter. Exemple typique : demander un paiement avant la signature définitive. « Un agent immobilier peut toucher une rémunération seulement après la signature du contrat de bail ou de vente (acte authentique). Et si le processus n’aboutit pas à une signature, il a travaillé à perte », rappelle David Rodrigues, juriste de l’association de consommateurs CLCV. De même, si un professionnel vous demande une rémunération pour estimer la valeur de votre bien, passez votre chemin.

D’autres éléments peuvent vous faire douter du sérieux de la personne en face de vous. Les honoraires perçus pour la transaction doivent ainsi être connus. « Dès le stade de l’annonce, les professionnels sont obligés d’indiquer le montant des honoraires qu’ils vont percevoir. C’est un vrai progrès », explique Emmanuel Clausel, président de la plateforme Immobilier Stock Exchange. Si cette information ne vous est pas transmise, mieux vaut ne pas poursuivre. Enfin, certains professionnels essayent de vous aiguiller vers différents prestataires, comme des courtiers en crédit pour le financement par exemple. Quand un tel service vous est proposé, ce qui est légal et même rétribué du moment que le client ne subit pas de préjudice financier, vous devez être informé des liens entre les deux structures, notamment capitalistiques.

Attention en revanche à ne pas juger un professionnel à la devanture de son échoppe ou à la notoriété de son enseigne. « Je mets en garde contre le délit de sale gueule, avertit Henry Buzy-Cazaux. Si on pouvait assimiler le marketing à la rigueur professionnelle, ça se saurait. » « Nous ne conseillons jamais de privilégier un grand groupe ou réseau plutôt qu’une petite agence indépendante. Chacun a ses avantages et ses défauts », ajoute David Rodrigues.

Les services à exiger

Afin de jauger la qualité du professionnel en face de vous, retenez ceci : il est à votre service. « Il faut que le client sente que l’agent immobilier le met au centre de ses préoccupations », souligne Jean-François Buet, président de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim). Coté acquéreur, il ne faut pas se contenter de demander le nombre de biens proposés par un agent ou mandataire : vous devez être bien accompagné, et pas seulement lors des visites. « On n’achète pas tous les jours donc on a besoin d’être rassuré sur le fait que ça va bien se passer, il faut des réponses précises », prévient-il. C’est particulièrement le cas dans certaines situations, comme un achat en copropriété, un achat-revente ou encore l’acquisition d’un logement occupé par un locataire. Pour être bien informé, faites-vous remettre la fiche détaillée du logement (surface, diagnostics, charges, taxe d’habitation, taxe foncière…). Et surtout, « ne vous cantonnez pas à l’aspect du logement mais questionnez précisément le professionnel », recommande David Rodrigues.

Quand vous êtes vendeur, il faut savoir prendre son temps avant de choisir, surtout face aux plus pressés. « La qualité du professionnel se voit dès les premiers contacts : si quelqu’un veut prendre votre mandat de vente alors qu’il n’a même pas visité le logement, ce n’est pas la peine de sortir son stylo », soutient David Rodrigues. Dans ce processus, la vraie question est celle de l’estimation. « Si on a en face de soi quelqu’un qui vous dit « Je sais combien ça vaut » en se frottant le bout du nez, c’est un peu juste », plaisante Jean-François Buet. Faites-vous détailler LES différentes méthodes d’évaluation, en fonction du quartier et du type de bien, de l’orientation, du plan et de l’étage, de la valeur de construction… afin d’éviter une estimation au doigt mouillé. En outre, « celui qui ne vous demande pas l’acte de vente et un certain nombre de documents contenant des informations précises sur le logement n’est pas professionnel pour vous donner un prix », alerte le président de la Fnaim. Enfin, interrogez sa connaissance du marché et de ce qui se vend, du stock de logements disponibles ou encore des délais de transaction. « Si j’ai en face de moi quelqu’un qui est capable de répondre à ces questions, c’est la preuve que c’est un pro », affirme le patron du syndicat. De quoi vous rassurer avant de lui confier la vente de votre logement.

Nos offres sélectionnées pour vous :

ARTICLES CONNEXES
Menu