Le pouvoir d’achat figure parmi les principaux sujets d’inquiétudes des Français. Salaires, coûts de l’énergie, lutte contre l’inflation, complémentaire santé… Tour d’horizon des mesures défendues, avec plus ou moins de précisions, par les principaux partis dans le cadre des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet 2024.
Législatives anticipées 2024 pouvoir d’achat : les programme des principales listes
Salaires du privé : entre hausse du Smic et baisse des cotisations patronales
Sur la question des salaires du secteur privé, les propositions mises en avant par les différents partis pour améliorer les rémunérations varient de manière très différente.
Sans conteste, le Nouveau Front populaire (NFP, qui rassemble notamment LFI, EELV, le PCF, le PS ou encore Place publique) est celui qui avance les promesses les plus généreuses. La principale mesure : un relèvement du salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic) à 1.600 euros net par mois (contre 1.398,69 euros au 1er janvier 2024). C’est 100 euros de plus que ce proposait la Nupes dans son programme en vue de la présidentielle de 2022.
« Je crois que la grande majorité des chefs d’entreprise de ce pays ont tout intérêt à ce que les salaires augmentent », a lancé Éric Coquerel (LFI) lors de son grand oral devant les organisations patronales, le 20 juin 2024.
L’alliance des partis de gauche s’engage aussi à indexer les salaires et les pensions de retraite sur l’inflation. « La question de l’indexation des salaires se pose quand il y a de l’inflation. Donc cette mesure est de bon sens quand l’inflation rebondit », a expliqué Éric Coquerel devant les patrons. Citant l’institution France Stratégie, selon laquelle il y a eu, en 2019, « 223 milliards d’euros d’aide ou d’exonération aux entreprises quasiment sans conditions », il a proposé de « les réorienter différemment ». Comment ? : « Nous prioriserons, dans les aides de l’État, les entreprises qui créent de l’emploi, qui augmentent les salaires, sous la forme d’un fonds, d’un crédit à taux nul », a détaillé le député LFI.
Le NFP souhaite aussi « augmenter les indemnités des stagiaires, le salaire des apprentis et des alternants », comme il est écrit dans son programme.
De son côté, le programme du Rassemblement national (soutenu dans le cadre de ce scrutin, par une frange des Républicains emmenée par Eric Ciotti) prévoit une hausse des salaires pour le biais de la baisse des cotisations patronales. Comme lors de la dernière élection présidentielle de 2022, la formation emmenée cette fois par Jordan Bardella propose que, pour toute hausse de salaire de 10% accordée aux salariés gagnant jusqu’à trois fois le Smic (soit environ 4.200 euros net en 2024), les chefs d’entreprise soient exonérées de manière pérenne de cotisations patronales sur cette augmentation. Une promesse répétée le 20 juin 2024 face aux représentants du patronat. Entretemps, le chef de file du RN avait néanmoins émis quelques réserves sur la possibilité de la mise en place d’une telle mesure dans un bref délai.
La majorité présentielle, qui présente des candidats issus des partis Renaissance, Horizons, MoDem, UDI et Parti Radical sous la bannière « Ensemble pour la République », promet, avec pour ligne directrice le slogan de Gabriel Attal « Gagner plus et dépenser moins », une augmentation des salaires net en transférant les cotisations sociales des salariés vers la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Le premier ministre a, par ailleurs, soufflé l’idée de porter le plafond de la prime de partage de la valeur (PPV, communément appelée « prime Macron ») à 10.000 euros, avec une possible mensualisation de son versement. Jusqu’à présent, les entreprises qui le souhaitent peuvent verser cette prime – exonérée d’impôts et de prélèvements sociaux – dans la limite de 3.000 euros (un montant pouvant atteindre 6.000 euros dans certains cas).
Quant aux Républicains « canal historique » (ni RN, ni majorité présidentielle), ils plaident pour une réduction des cotisations sociales pour les salariés touchant moins de trois Smic. Ce qui, selon eux, permettrait aux employeurs d’augmenter le salaire net.
Les fonctionnaires : le NFP prône une revalorisation de 10% des traitements
Le programme du Nouveau Front populaire entend également revaloriser de 10% la valeur du point d’indice, qui sert de base au calcul du traitement brut des quelque quatre millions de fonctionnaires, militaires et magistrats. Cette proposition avait déjà été avancée par la Nupes lors de la campagne législative de 2022.
Pour rappel, les rémunérations dans la fonction publique ont bénéficié de la part du gouvernement actuel d’une revalorisation générale de 3,5% en 2022 et de 1,5% en 2023 (hors revalorisations catégorielles dont ont, par exemple, bénéficié les enseignants à compter de septembre 2023). Des hausses bien inférieures à l’inflation, qui s’est affichée respectivement à + 5,2% et + 4,9%.
Le programme de la majorité présidentielle Ensemble évoque une poursuite de la revalorisation des fonctionnaires, sans plus de précision.
Énergie, carburants, alimentation… Entre blocage et baisse des prix
Les promesses d’amélioration du pouvoir d’achat sont mises en avant dans les programmes des principales formations en lice pour les législatives anticipées de 2024.
La gauche unie dans le NFP s’engage à « bloquer les prix des biens de première nécessité dans l’alimentation, l’énergie et les carburants par décret, et renforcer le bouclier qualité-prix pour les Outre-mer ». Sur plan des dépenses énergétiques des ménages, l’alliance entend ainsi :
- abolir la « taxe Macron » de 10% sur les factures d’énergie
- annuler la hausse programmée du prix du gaz au 1er juillet 2024
- faire la gratuité des premiers kilowatts/heure (KwH) d’électricité
- abolir les coupures d’électricité, de chaleur et de gaz (hors trêve hivernale)
Cette promesse de blocage des prix pourrait se heurter une annulation par la Conseil d’État, dans la mesure où une telle décision relève de circonstances exceptionnelles.
À l’instar du NFP, le Rassemblement national veut « arrêter la hausse du prix du gaz » annoncée par le gouvernement et prévue le 1er juillet 2024. Comme l’a expliqué le vice-président du RN Sébastien Chenu, le 11 juin 2024, sur CNews, cette « mesure de pouvoir d’achat » vise « à redonner de l’oxygène aux Français, essorés et asphyxiés ». De son côté, le président du parti Jordan Bardella a fait savoir qu’en cas de victoire aux législatives, il « négocierai[t] une dérogation au marché européen de l’électricité » qui impose à la France des prix plus élevés.
Mais alors que le NFP prône le blocage des prix, le Rassemblement national réclame toujours l’abaissement de la TVA sur les prix des produits liés à l’énergie (carburants, fioul, gaz et électricité) de 20% à 5,5%. « Cela coûte 12 milliards d’euros », a chiffré Jordan Bardella devant les représentants du patronat, le 20 juin 2024. Problème : Bruxelles pourrait mettre son veto, faisant planer sur la France un risque de sanction pour distorsion de concurrence.
Pour sa part, la majorité présidentielle a fait savoir, par le biais de Gabriel Attal, qu’elle s’engagerait à mettre en place une réduction de 10% à 15% des factures d’électricité des particuliers, mais pas avant février 2025. Cela représentera, pour chaque Français, « 200 euros de moins » sur leur facture, « grâce à la réforme du marché européen de l’électricité que nous avons obtenue », a expliqué le premier ministre dans un entretien à la presse régionale, le 15 juin 2024.
Les Républicains (hors coalition avec le RN) n’ont pas encore formellement annoncé les mesures que le parti de droite propose pour réduire le prix de l’électricité.
Aides sociales, logement, complémentaire santé… : quelles propositions ?
Les partis en lice pour les élections législatives 2024 mettent aussi en avant d’autres propositions en faveur du pouvoir d’achat que celles évoquées ci-dessus.
Sur le plan des aides sociales, le Nouveau Front populaire promet de « porter l’allocation aux adultes handicapés (AAH) au niveau du Smic ». Les Républicains, eux, devraient à nouveau plaider pour une réforme constitutionnelle visant à « réduire l’attractivité du modèle social français », en conditionnant la distribution des aides sociales non contributives (RSA, AAH, ASS, allocations logement…) aux étrangers en situation régulière à « un délai de séjour régulier ». Dans le même ordre d’idée, le Rassemblement national entend « réserver les aides sociales aux Français » et « conditionner à cinq années de travail en France l’accès aux prestations de solidarité ».
Par ailleurs, comme indiqué dans son catalogue de mesures, le NFP propose de plafonner les frais bancaires et souhaite créer « une garantie d’autonomie qui complète les revenus des ménages situés sous le seuil de pauvreté (accessible dès 18 ans pour les personnes indépendantes fiscalement et dès 16 ans pour les élèves de l’enseignement professionnel) ».
En matière de logement, le NPF veut notamment revaloriser les aides personnalisées au logement (APL) de l’ordre de 10%.
Des mesures de pouvoir d’achat liées à la santé figurent également au programme de certaines formations politiques. En cas de victoire du camp présidentiel aux législatives 2024, le premier ministre Gabriel Attal défend l’idée – pour l’heure assez vague – de la création d’une « complémentaire santé publique » à 1 euro par jour en faveur de ceux qui ne sont pas couverts par une mutuelle. Pour rappel, un tel dispositif existe déjà, la complémentaire santé solidaire (CSS).
De son côté, le président du RN Jordan Badella a fait savoir, le 14 juin 2024 sur BFM TV, qu’il supprimerait l’aide médicale d’État (AME), qui permet de prendre en charge des immigrés sans papier malades. Il envisage de la remplacer par une aide d’urgence, dont il n’a pas pour l’heure précisé les contours.
Face au coût élevé des fournitures scolaires, le premier ministre Gabriel Attal a ajouté dans le programme du groupe « Ensemble pour la République » une mesure visant à favoriser les « achats groupés » pour en faire baisser le prix de 15%. D’après le chef du gouvernement, les supermarchés pourront proposer des « packs » de fournitures dont les tarifs baissés seront issus de négociations entre l’État et des fournisseurs.
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