Demi-part fiscale : qui a droit à une demi-part supplémentaire en 2024

Par Olivier Brunet
SEO & traffic strategist : Camille Radicchi

Une demi-part fiscale supplémentaire est accordée de droit en présence d’un enfant à charge dans le foyer fiscal. Veuves et veufs, parents isolés, anciens combattants…. Un certain nombre de situations spécifiques permettent de bénéficier en outre d’une demi-part supplémentaire. L’octroi de la demi-part supplémentaire pour les veuves d’anciens combattants est facilité depuis l’année 2023.

Demi-part supplémentaire : liste des situations éligibles

Qui a droit à une demi-part supplémentaire pour les impôts ?

La liste des situations pouvant donner droit à une demi-part supplémentaire est la suivante :

SituationConditions d'octroi de la 1/2 partCase à cocher
Source : article 195 du CGI
Parent isoléAu moins 1 enfant à charge ou rattaché au foyer fiscalCase T
Ancien parent isoléAu moins 1 à charge pendant au moins 5 ans et célibataireCase L
InvaliditéTitulaire d'une carte CMI-invalidité ou d'une pension d'invaliditéCase P
Ancien combattantNaissance avant 1950, titulaire de la carte du combattantCase W
Veuf ou veuve d’un ancien combattantLe défunt bénéficiaire d'1/2 partCase W
Veuve de guerreTitulaire d’une pension de veuve de guerreCase G
  • famille monoparentale : demi-part supplémentaire pour un parent isolé (célibataire, divorcé, séparé, veuf) ayant un ou plusieurs enfants à charge ou un enfant majeur rattaché à son foyer fiscal,
  • ancien parent isolé : demi-part supplémentaire pour une personne seule au 1er janvier 2023 sans personne à charge, ayant eu à charge un ou plusieurs enfants pendant au moins 5 années en tant que mère célibataire ou père célibataire,
  • invalidité : demi-part supplémentaire pour une personne percevant une pension d’invalidité d’au moins 40%, ou porteuse d’une carte d’invalidité ou d’une carte CMI-invalidité,
  • ancien combattant : demi-part supplémentaire pour une personne âgée de plus de 74 ans au 31 décembre 2023 (née avant le 1er janvier 1950) porteuse de la carte du combattant ou percevant une pension militaire d’invalidité,
  • veuf ou veuve d’un ancien combattant : demi-part supplémentaire pour une personne veuve
    – dont le défunt était déjà bénéficiaire de cette demi-part, et (depuis 2022) quelque soit l’âge de l’ancien combattant à son décès
    et (nouveauté 2023) même si l’ancien combattant n’avait pas perçu la retraite du combattant (le fait d’être titulaire de la carte du combattant au décès suffit).
  • veuve de guerre : demi-part supplémentaire pour une personne titulaire d’une pension de veuve de guerre.

Cette liste est fixée par la loi, à l’article 195 du CGI (Code général des impôts).

Demi-part supplémentaire : le principe

Une demi-part supplémentaire ou demi-part de quotient familial peut être accordée dans certaines situations (voir ci-dessus) pour le calcul de l’impôt sur le revenu (IR ou IRPP) et du taux de prélèvement à la source.

Le nombre d’enfants à la charge du contribuable constitue la première source de demi-parts additionnelles ajoutées par le fisc aux parts fiscales du ou des parents. Ces demi-parts fiscales sont parfois nommées demi-parts de droit commun. Ainsi, les deux premiers enfants à charge comptent pour une demi-part chacun, et chacun des suivants (à partir du 3ème enfant) compte pour une part complète. Le nombre de demi-parts attribué en cas de rattachement au foyer d’un enfant majeur (étudiant âgé de moins de 25 ans) fonctionne selon le même schéma.

Il existe, par ailleurs, un cas où une personne ou un couple bénéficie d’une demi-part pour un enfant à charge au lieu d’une part complète. Cela se produit pour chaque enfant à partir du troisième lorsque celui-ci vit en résidence alternée chez ses parents.

Attention depuis 2021 ! Depuis les revenus 2020 déclarés en 2021, le bénéfice de la demi-part fiscale supplémentaire accordée aux conjoints survivants de plus de 74 ans de titulaires de certains droits accordés aux anciens combattants a été étendu aux veufs. Auparavant, cette demi-part était uniquement accordée aux veuves.

Impact d’une demi-part sur les impôts : quel avantage fiscal ?

Une demi-part fiscale supplémentaire accordée par l’administration fiscale permet de bénéficier d’un calcul plus favorable pour les revenus soumis au barème de l’IR et, in fine, d’une baisse d’impôt.

Pour illustrer cet avantage fiscal, prenons le cas d’une mère célibataire, en procédant à deux calculs de l’impôt 2024, l’un avec prise en compte de la demi-part supplémentaire et l’autre sans :

Calcul de l’impôt avec la demi-part supplémentaire :

  • Nombre de parts fiscales en cochant la case T parent isolé : 2,5
  • Revenu net par part : 12.960 euros (32.400 / 2,5)
  • Ce revenu net est compris entre 11.294 et 28.797 euros, correspondant à la tranche d’imposition à 11%
  • Cette mère célibataire n’a pas d’impôt sur le revenu à payer. Certes son impôt brut se monte à 458 euros (avant décote), et son impôt net après décote est égal à 0 euros, inférieur au seuil de mise en recouvrement de l’impôt sur le revenu (61 euros) ; donc aucun impôt n’est prélevé.

Calcul de l’impôt sans la demi-part supplémentaire :

  • Nombre de parts fiscales sans cocher la case T parent isolé : 2
  • Revenu net par part : 16.200 euros (32.400 / 2)
  • Ce revenu net est compris entre 11.294 et 28.797 euros, correspondant à la tranche d’imposition à 11%
  • Cette mère célibataire est imposable à l’impôt sur le revenu, avec un impôt brut de 1.079 euros (avant décote) et un impôt net de 694 euros

Dans ce cas, l’avantage fiscal correspondant à la demi-part fiscale supplémentaire se monte à 621 euros en 2024 au niveau de l’impôt brut et, in fine, à 694 euros au niveau de l’impôt net.

Demi-part fiscale : plafond 2024 de l’avantage fiscal

Un plafonnement de l’avantage fiscal accordé en contrepartie de la ou des demi-parts fiscales accordées est en vigueur depuis la loi de finances pour 1982 (article 12). Les spécialistes parlent de « plafonnement des effets du quotient familial ». Les limites sont actualisées chaque année et peuvent varier selon le motif de la demi-part accordée.

Ainsi, le plafond 2024 de la réduction d’impôt octroyée est, selon les cas suivants, de :

  • 1.759 euros par demi-part supplémentaire au-delà d’une part pour une personne seule,
  • 1.759 euros par demi-part supplémentaire au-delà de deux parts pour un couple marié ou pacsé,
  • 4.149 euros pour chacune des deux premières demi-parts liées au premier enfant à charge des personnes seules,
  • 1.050 euros pour la demi-part supplémentaire des personnes seules, sans personne à charge, ayant eu au moins un enfant à charge pendant au moins 5 ans en tant que famille monoparentale.

En outre, une réduction d’impôt supplémentaire est accordée au-delà des effets du plafonnement :

  • à hauteur de 1.753 euros au titre de la demi-part des invalides,
  • à raison de 1.753 euros pour la demi-part des anciens combattants
  • pour un montant de 1.753 euros au titre de la demi-part des veuves de guerre,
  • à hauteur de 1.958 euros pour les deux demi-parts supplémentaires octroyées aux personnes veuves ayant au moins un enfant à charge (ou une personne invalide à charge).

Demi-part supplémentaire après 75 ans ou pas ?

La demi-part fiscale supplémentaire accordé sous conditions d’âge ne concerne pas, en règle générale, les retraités. Ainsi, le fait de franchir la limite d’âge de 75 ans n’ouvre pas droit à l’attribution d’une majoration du nombre de parts fiscales.

Il existe un seul cas où un contribuable a droit à une demi-part fiscale supplémentaire sous condition d’âge, celle accordée aux anciens combattants.

Demi-part des veuves en 2024

Demi-part des veuves supprimée depuis 2014

La suppression de la demi-part des veuves, aussi appelée « demi-part vieux parents », est pleinement effective depuis 2014 et toujours en vigueur en 2024. Cette abrogation avait été adoptée en loi de finances pour 2009 sous le gouvernement de François Fillon, lorsque Nicolas Sarkozy était président de la République. Les gouvernements successifs n’ont rien changé depuis.

Auparavant, les contribuables veufs sans enfant à charge bénéficiaient d’une demi-part supplémentaire sous conditions. Celle-ci était attribuée s’ils vivaient seuls et avaient eu un ou plusieurs enfants, soumis à l’impôt séparément de leur père ou de leur mère. La majoration du nombre de parts était aussi accordée lorsque le contribuable seul avait eu un enfant décédé après ses 16 ans. On notera que ce dispositif bénéficiait également aux contribuables célibataires, divorcés ou séparés.

La suppression de la demi-part des veuves a conduit :

  • certaines personnes à devenir imposables à l’impôt sur le revenu alors qu’elles ne l’étaient pas,
  • d’autres à subir une hausse d’impôt sur le revenu,
  • certains à perdre le bénéfice de l’exonération de taxe d’habitation.

Désormais, seuls les parents isolés ayant eu effectivement un ou plusieurs enfants à charge peuvent prétendre à la demi-part supplémentaire, sous conditions.

Des mesures de compensation ont été prises sous l’ancien président de la République François Hollande pour contrebalancer les hausses d’impôt subies par les veuves et veufs.

La demi-part pour les veuves va-t-elle être rétablie ?

Le gouvernement n’a pas prévu de rétablir la demi-part des veuves. Emmanuel Macron n’a pris aucun engagement dans ce sens. « Le Gouvernement n’est pas favorable au rétablissement, dans sa version antérieure à 2009, de la demi-part fiscale pour les personnes vivant seules et ayant eu un ou plusieurs enfants », indique d’ailleurs le ministère de l’Action et des comptes publics dans plusieurs réponses faites par des parlementaires l’ayant questionné à ce sujet.

Dans son programme pour les élections législatives pour 2024, Jordan Bardella, qui brigue le poste de premier ministre, annoncé vouloir « rétablir la demi-part fiscale des veuf et veuves ».

Demi-part des veuves d’anciens combattants

Nouveauté ! Un nouvel assouplissement de l’octroi de la demi-part fiscale supplémentaire aux veuves d’anciens combattants est entré en vigueur en 2023 (source : article 8 de la loi de finances pour 2023). Le gouvernement a repris, dans le texte sur lequel il a fait usage de l’article 49.3 de la Constitution pour le faire passer sans majorité absolue à l’Assemblée nationale, une disposition adoptée par les députés permettant d’accorder la demi-part supplémentaire si le défunt âgé de plus de 60 ans était titulaire de la carte du combattant. Jusqu’à présent, c’était le versement de la retraite du combattant qui constituait le fait générateur de l’avantage fiscal.

Pour le calcul de l’impôt 2024, les veuves d’anciens combattants âgées de plus de 74 ans au 31 décembre 2023 (nées avant le 1er janvier 1950) peuvent prétendre à une demi-part fiscale supplémentaire, si leur défunt mari en avait lui-même été bénéficiaire, ce quel que soit l’âge du défunt au moment de son décès.

Le mode de calcul est donc assoupli : auparavant le bénéfice de la demi-part supplémentaire était limité au fait que le défunt ait lui-même été bénéficiaire de cette demi-part pendant au moins une année, impliquant le décès de ce dernier après ses 74 ans pour que son conjoint survivant bénéficie à son tour de la demi-part fiscale supplémentaire.

A ce titre, jusqu’en 2021 (impôt sur les revenus de 2020) :

  • les veuves dont les maris anciens combattants sont décédés après leurs 74 ans ou 75 ans (selon l’année du décès) pouvaient bénéficier de la majoration du nombre de parts,
  • les veuves dont les maris anciens combattants sont décédés avant leurs 74 ans étaient privées de la demi-part fiscale supplémentaire.

Par ailleurs, le bénéfice de la demi-part des veuves d’anciens combattants a été étendu aux veufs d’anciens combattants ou d’anciennes combattantes. Cette extension est en vigueur depuis 2021 (calcul de l’impôt 2021 sur les revenus 2020),

Demi-part fiscale pour un ancien combattant

Une demi-part fiscale supplémentaire est accordée aux anciens combattants âgés de plus de 74 ans au 31 décembre 2023, dès le franchissement de cette borne d’âge. Pour en bénéficier, il faut être titulaire :

  • de la carte du combattant,
  • d’une pension militaire d’invalidité ou de victime de guerre.

Cet avantage n’est pas accordé automatiquement. Il y a une case spécifique à cocher dans la déclaration de revenus :

  • case W pour une personne seule (célibataire, divorcée, séparée, veuve),
  • case S pour les couples mariés ou pacsés,
  • case W pour une veuve d’ancien combattant éligible (son défunt mari devait lui-même être attributaire de la demi-part ou titulaire de la carte du combattant).

L’avantage s’applique que l’on vive seul ou en couple. En revanche, la demi-part supplémentaire attribuée en tant qu’ancien combattant n’est pas cumulable avec celle accordée en cas d’invalidité.

À noter : lorsque les deux époux ou partenaires de Pacs sont anciens combattants, le foyer fiscal bénéficie d’une demi-part fiscale supplémentaire (et non deux demi-parts).

Demi-part fiscale pour invalidité

L’invalidité du déclarant ou de son conjoint permet de se voir attribuer une demi-part fiscale supplémentaire, sous conditions.

La demi-part supplémentaire est accordée dans les situations suivantes :

  • titulaire de la carte d’invalidité,
  • titulaire de de la carte mobilité inclusion mention invalidité (aussi appelée carte CMI-invalidité) accordée en cas de taux d’incapacité permanente d’au moins 80%,
  • titulaire d’une pension d’invalidité pour accident du travail de 40% ou plus,
  • titulaire d’une pension militaire, pour une invalidité de 40% ou plus.
    Pour en bénéficier, il faut cocher la case P (déclarant personnellement concerné) ou la case F (conjoint ou conjoint décédé en 2023 concerné) de la déclaration de revenus.

L’avantage fiscal correspondant est plafonné à 1.759 euros. Toutefois, si cette limite est atteinte, une réduction d’impôt complémentaire de 1.753 euros est accordée. En complément et sous conditions de ressources, le contribuable peut également bénéficier d’un abattement fiscal spécifique (le revenu imposable pris en compte est inférieur à celui déclaré), dont le montant est multiplié par deux si le conjoint du déclarant est également invalide ou âgé de plus de 65 ans.

Il existe plusieurs cas de non-cumul de la demi-part fiscale pour invalidité avec d’autres majorations du nombre de parts. Il en est ainsi :

  • des anciens parents isolés titulaires de la carte d’invalidité ou de la CMI-invalidité,
  • des anciens combattants ayant coché la case W de la déclaration.

À savoir : lorsque les deux époux ou partenaires de Pacs sont invalides, le foyer fiscal bénéficie d’une part fiscale complémentaire.

Demi-part fiscale et handicap

Une demi-part supplémentaire de quotient familial peut être accordée à une personne en situation en handicap, si son cas correspond à l’une des situations prévues au titre de l’invalidité (voir ci-dessus).

Par ailleurs, le foyer fiscal peut comporter (ou avoir comporté par le passé) des personnes à charge en situation de handicap. À ce titre, on peut énumérer les situations suivantes où plusieurs demi-parts supplémentaires sont accordées :

  • enfant à charge handicapé quel que soit son âge (titulaire de la carte d’invalidité ou CMI invalidité) : compté pour 1 part fiscale,
  • personne handicapée membre de la famille ou non : comptée pour 1,5 part si cette personne est la première personne à charge d’une personne seule ou la 3ème personne ou plus à charge du foyer fiscal,
  • parent isolé ayant élevé un enfant handicapé compté fiscalement à charge (ou rattaché à son foyer fiscal) pendant au moins 5 ans : 0,5 part supplémentaire accordée.

Nos offres sélectionnées pour vous :

ARTICLES CONNEXES
Menu