Peut-on être à la retraite et travailler : le cumul emploi-retraite

Par Jean-Philippe Dubosc

FAQ Retraite – Contrairement aux idées reçues, il est tout à fait possible de travailler à la retraite et mieux, de toucher à la fois une pension de vieillesse et un revenu d’activité. Ce cumul est toutefois partiel si le retraité ne dispose pas de tous ses trimestres et liquide ses droits avant 67 ans.

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Le principe du cumul emploi-retraite

Le cumul emploi-retraite (ou CER) permet aux retraités de cumuler une pension de vieillesse et un revenu d’activité. Ce dispositif est accessible à tous les anciens actifs, quel que soit leur ex-statut professionnel (salarié du secteur privé, fonctionnaire, travailleur indépendant, exploitant agricole, profession libérale).

Les salariés retraités peuvent même retourner travailler chez leur ancien employeur, à condition de respecter un délai de six mois entre leur départ à la retraite et leur retour dans l’entreprise. Selon les dernières données du ministère des Affaires sociales diffusées le 30 octobre 2024, quelque 551.000 personnes exerçaient une activité professionnelle tout en percevant une pension de retraite en 2022. Soit 3,8% des retraités de 55 ans et plus résidant en France.

Toujours depuis le 1er janvier 2015, les bénéficiaires de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), qui a remplacé le minimum vieillesse, sont autorisés à cumuler cette prestation avec un revenu d’activité. Le montant cumulé ne peut, toutefois, dépasser 30% du Smic brut pour une personne seule ou 50% du Smic brut si l’allocataire vit en couple.

Les différentes formes du cumul emploi-retraite

Il faut distinguer le CER « intégral » et le CER « partiel ». A noter : les bénéficiaires d’un départ anticipé à la retraite (au titre de la carrière longue, du handicap, de l’invalidité, de l’exposition à l’amiante ou de la pénibilité) n’ont pas accès au cumul emploi-retraite quelle que soit sa forme.

Le cumul emploi-retraite intégral

Le CER intégral, également appelé cumul emploi-retraite « libéralisé » ou « déplafonné », permet de toucher intégralement ses pensions de vieillesse et son revenu d’activité. Pour cela, le retraité doit avoir liquidé ses droits au taux plein, c’est-à-dire sans minoration.

Ce qui signifie qu’il justifiait du nombre de trimestres de cotisations vieillesse requis dans sa génération au moment de la liquidation ou qu’il est parti après avoir atteint l’âge de retraite à taux plein, soit l’âge à partir duquel la décote est supprimée (67 ans). Les assurés, qui ont liquidé leur droits avant l’âge légal de départ (de 62 à 64 ans selon l’année de naissance), n’ont pas accès au CER intégral, même s’ils disposent de tous leurs trimestres.

Le cumul emploi emploi-retraite partiel

Si le « cumulant » ne dispose pas d’une pension à taux plein, le montant cumulé de sa retraite et de son revenu d’activité ne peut excéder un certain plafond. Idem pour les assurés qui ont bénéficié d’une retraite anticipée. On parle alors de cumul emploi-retraite « partiel » ou « plafonné ».

Le montant du plafond varie selon l’ancien statut professionnel du retraité. Il équivaut à :

  • 100% du montant du dernier salaire perçu ou, si le calcul est plus avantageux, 1,6 fois le Smic brut (2.882,88 euros par mois en 2025) pour les ex-salariés ;
  • le revenu d’activité ne doit pas dépasser 8.124,97 euros en 2025, majoré du tiers du montant annuel brut de la retraite pour les ex-fonctionnaires ;
  • 50% du plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS), soit 23.550 euros en 2025, pour les ex-travailleurs indépendants (artisans, commerçants, chefs d’entreprise). Le plafond est porté à 100% du PASS (47.100 euros en 2025) si l’activité est exercée dans une zone de revitalisation rurale (ZRR) ou dans une zone urbaine prioritaire ; 
  • 100% du PASS (47.100 euros en 2025) pour les professions libérales (médecins, notaires, architectes, experts-comptables…).

En cas de dépassement du plafond, la pension de base est « écrêtée », c’est-à-dire qu’elle est réduite à due proportion. Avant le 1er avril 2017, le versement de la retraite de base était suspendu si le plafond était dépassé.

Les changements du cumul emploi-retraite introduits par la réforme des retraites 2023

La réforme des retraites de 2023 a refondu le cumul emploi-retraite. Pour les retraites liquidées depuis le 1er septembre 2023, les cotisations vieillesse prélevées sur le revenu d’activité permettent de s’ouvrir de nouveaux droits dans le cadre du CER intégral. Les retraités qui sont partis avec tous leurs trimestres ou à compter de 67 ans peuvent, de cette manière, se constituer une seconde pension.

La deuxième retraite de base ne peut, toutefois, excéder 5% du PASS (2.355 euros en 2025). D’autres plafonds existent pour la deuxième retraite complémentaire (par exemple, 47.100 euros par an à l’Agirc-Arrco). De son côté, la caisse de retraite des pharmaciens ne plafonne pas la seconde pension complémentaire issues des cotisations vieillesse versées par le biais du CER intégral. À l’inverse, la caisse de retraite des médecins a décidé de ne pas autoriser la constitution d’une deuxième retraite complémentaire.

Les retraités en CER partiel – c’est-à-dire qui ont liquidé leurs droits avant 67 ans sans justifier de tous leurs trimestres – continuent de verser des cotisations vieillesse ne générant pas de droits. Ils ne peuvent donc pas se créer à terme de seconde retraite.

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