Les exploitants agricoles, les collaborateurs d’exploitation et les aides familiaux disposent d’un régime de retraite de base et d’un régime de retraite complémentaire spécifiques. A partir de 2026, la retraite de base agricole sera, comme pour les salariés, calculée sur les 25 meilleures années de revenus professionnels et non plus de l’ensemble de la carrière.
La retraite agricole : régimes de base et complémentaire
Dans le régime agricole, il faut distinguer les retraites des salariés agricoles et les retraites des travailleurs non-salariés agricoles (TNSA). Si la retraite de base est gérée dans les deux cas par la Mutualité sociale agricole (MSA), les règles de fonctionnement diffèrent totalement selon le statut des assurés. En outre, les TNSA disposent de leur propre régime de retraite complémentaire, également géré par la MSA.
La retraite de base des non-salariés agricoles : bénéficiaires, durée de cotisation, calcul
Les bénéficiaires
Les exploitants agricoles
Il s’agit des agriculteurs qui travaillent exclusivement ou principalement pour leur exploitation ou entreprise agricole. Le temps nécessaire à la conduite de leur exploitation doit être au minimum de 1.200 heures par an. Les chefs d’exploitation ou d’entreprise agricole sont autorisés à exercer une autre activité (y compris salariée), à condition que celle-ci ne représente pas plus de la moitié de leurs revenus professionnels. Le régime non agricole s’applique pour toutes les formes d’exploitations agricoles, qu’elles soient vivrières, intensives, de culture ou d’élevage.
Les collaborateurs d’exploitation
Ce statut englobe les conjoints mariés, partenaires de PACS ou concubins des chefs d’exploitation. Pour en bénéficier, le collaborateur doit travailler dans l’exploitation agricole sans être co-exploitant (détenteur de parts dans l’exploitation), ni salarié de celle-ci, ni rémunéré. Il doit effecteur une demande auprès de la MSA. Une fois le statut obtenu, l’exploitant agricole verse, au nom du collaborateur d’exploitation, des cotisations sociales forfaitaires (dont des cotisations vieillesse) en fonction du revenu de l’exploitation.
Les aides familiaux agricoles
Cette appellation désigne les ascendants (parents, grands-parents), descendants (enfants, petits-enfants), frères et sœurs de l’agriculteur ou de son conjoint âgés d’au moins 16 ans, qui vivent, travaillent dans l’exploitation sans être salariés, ni rémunérés et qui ne sont pas affiliés à un régime de retraite. S’ils travaillent à titre exclusif ou principal dans l’exploitation, ils peuvent demander le statut d’aide familial auprès de la MSA. Les cotisations forfaitaires sont identiques à celles des collaborateurs agricoles. À noter : les aides familiaux, qui ont acquis ce statut après le 18 mai 2005, peuvent conserver cette qualité cinq ans au maximum. Au-delà, ils doivent opter pour un autre statut (salarié ou chef d’exploitation) s’ils continuent à travailler dans l’exploitation.
La durée de cotisation
Pour percevoir une pension de base complète, c’est-à-dire sans abattement, le non-salarié agricole doit justifier d’une certaine durée d’assurance. Celle-ci correspond à un nombre de trimestres cotisés minimum qui varie en fonction de l’année de naissance de l’assuré. La réforme des retraites de 2014 a progressivement porté ce nombre de 166 trimestres (41,5 ans) pour les actifs nés en 1955 à 172 trimestres (43 ans) pour ceux nés à compter de 1973. La durée d’assurance prise en compte dans la retraite de base agricole comptabilise l’ensemble des trimestres validés, y compris ceux cotisés auprès d’autres régimes de retraite de base.
Si le non-salarié agricole ne dispose pas du nombre de trimestres requis dans sa classe d’âge, sa pension de base est minorée de 1,25% par trimestre manquant, dans la limite de 25% (l’équivalent de 20 trimestres manquants). Cette « décote » est supprimée s’il part à l’âge de retraite à taux plein, fixé à 67 ans pour les assurés nés à partir de 1955.
Comme pour les autres régimes de base, il n’est pas possible de percevoir une retraite de base agricole avant d’avoir atteint l’âge légal de départ, fixé à 62 ans pour les générations nées à partir de 1955. A l’image des autres actifs, les TNSA peuvent partir avant sous certaines conditions, dans le cadre d’une retraite anticipée pour inaptitude, handicap, pénibilité ou carrière longue.
Le calcul de la retraite de base des non-salariés agricoles
La retraite de base des TNSA est composée d’une retraite forfaitaire et d’une retraite proportionnelle. La première est financée par les cotisations à l’assurance vieillesse individuelle (AVI) prélevées sur les revenus professionnels dans la limite du plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS), réévalué tous les ans (41.136 euros en 2022). La seconde est alimentée par l’assurance vieillesse agricole (AVA), également assise sur les revenus inférieurs au PASS.
Les collaborateurs d’exploitation et les aides familiaux cotisent à la retraite forfaitaire et à la retraite proportionnelle. Les ascendants, descendants, frères et sœurs, qui ne disposent pas du statut d’aide familial, ont droit seulement à la retraite forfaitaire.
Le calcul de la retraite forfaitaire
Le montant de la retraite forfaitaire dite « intégrale » est équivalent à celui de l’allocation aux vieux travailleurs salariés (AVTS). Soit 3.709,08 euros par an (309,09 euros par mois) au 1er juillet 2022. Ce montant est désormais revalorisé tous les ans au 1er janvier (au 1er avril jusqu’en 2019).
Ce montant est multiplié par le nombre d’années durant lequel l’assuré a occupé une activité non salariée agricole à titre exclusif ou principal, puis divisé par la durée d’assurance exigée dans sa classe d’âge.
La formule de calcul est la suivante :
Retraite forfaitaire (RF) = RF intégrale x Nombre d’années non-salariées agricole / Nombre d’années de cotisation fixé en fonction de la date de naissance
Exemple d’un exploitant agricole né en 1955, qui a travaillé 30 ans dans son exploitation et qui liquide ses droits en 2022 :
Sa RF sera égale à 3.709,08 multipliés par 30 et divisés par 41,5. Soit 2.681,26 euros par an (223,43 euros par mois).
Le calcul de la retraite proportionnelle
La retraite proportionnelle est un régime en points. L’AVA permet de cumuler chaque année des points en fonction du revenu professionnel perçu. Selon leurs revenus, les agriculteurs peuvent acquérir entre 23 et 113 points de retraite proportionnelle par an (16 points par an pour les collaborateurs d’exploitation et les aides familiaux).
Lors de la liquidation des droits à la retraite, le nombre de points acquis est multiplié par la valeur du point du moment (4,068 euros en 2022). Le produit est lui-même multiplié par 37,5, puis divisé par la durée d’assurance. A noter : la valeur du point est revalorisée tous les ans au 1er janvier selon le même taux d’indexation que les retraites de base des salariés.
La formule de calcul est la suivante :
Retraite proportionnelle (RP) = Nombre de points cumulés x Valeur du point x 37,5 / Nombre d’années de cotisation fixé en fonction de la date de naissance
Exemple d’un exploitant agricole né en 1955, qui a cumulé 3.000 points RP durant sa carrière et qui liquide ses droits en 2022 :
Sa RP sera égale à 3.000 points multiplié par 4,068 (la valeur du point en 2022) multipliés par 37,5 divisés par 41,5. Soit 14.703,61 euros par an (1.225,30 euros par mois).
Le versement de la retraite de base agricole
Le paiement des pensions de base agricoles est effectué le 8ème jour calendaire à terme « échu » (une fois que le mois est passé). Ainsi, les retraites de base de janvier 2022 ont été servies par la MSA le 9 février 2022. Si le 8ème jour n’est pas ouvré, le versement a lieu le jour d’après.
En Alsace-Moselle, le paiement MSA se fait à terme « à échoir » (avant que le mois ne commence). En fonction du jour ouvré, il intervient le dernier jour du mois précédent ou le premier jour du mois concerné. La MSA Alsace et la MSA Lorraine (pour le département de la Moselle) ont, de cette façon, versé les pensions de base le 2 janvier 2022 au titre de janvier 2022.
La pension de réversion de base agricole
Comme dans tous les régimes de base (mais aussi complémentaires), les veufs et veuves des exploitants agricoles peuvent percevoir une fraction de la pension de base que leur époux ou épouse touchait ou aurait dû toucher si il ou elle était parti(e) à la retraite. Les règles de la pension de réversion de base agricole sont alignées sur celle des salariés.
Ainsi, elle est réservée aux conjoints survivants mariés. Les partenaires de PACS et les concubins n’y ont pas droit. Elle est accessible à partir de 55 ans et à condition de remplir les critères de ressources. Pour toucher la réversion de base agricole, le veuf ou la veuve ne doit pas disposer en 202 d’un revenu annuel supérieur à 21.985,60 euros si il ou elle vit seul(e) ou à 35.176,96 euros si il ou elle vit en couple. La pension de réversion de base MSA équivaut à 54% de la pension de base du défunt. En revanche, aucune durée de mariage n’est exigée et le conjoint survivant peut être remarié.
La pension de réversion de base agricole n’est pas automatique. Le veuf ou la veuve doit en faire la demande auprès de la caisse MSA où était affilié l’agriculteur décédé. Depuis le 27 avril 2021, les affiliés à la MSA peuvent effectuer une demande unique de réversion en ligne (pour tous les régimes de retraite de base et complémentaire, y compris non agricoles) depuis leur espace personnel sur msa.fr. La réversion agricole est assujettie aux contributions sociales (CSG, CRDS, Casa) et est majorée de 10% si le défunt avait élevé au moins trois enfants.
La retraite complémentaire agricole
Le régime de retraite complémentaire obligatoire (RCO) est un régime en points qui comprend des droits gratuits (octroyés en fonction du nombre d’années d’activité agricoles avant la création de la RCO) et des droits acquis par le biais des cotisations.
Les chefs d’exploitations bénéficient de la RCO depuis 2003. Les collaborateurs d’exploitation et les aides familiaux en sont bénéficiaires depuis 2011.
Les non-salariés agricoles concernés
Sont affiliés obligatoirement à la RCO les chefs d’exploitation, les collaborateurs d’exploitation exerçant leur activité agricole à titre exclusif ou principal et les aides familiaux durant au maximum cinq ans.
Le calcul de la retraite complémentaire agricole
Au moment du départ à la retraite, le nombre total de points complémentaires cotisés ou attribués gratuitement est multiplié par la valeur du point (0,3475 euro en 2022). Les agriculteurs bénéficient de 100 points par année agricole travaillée avant 2003 (et dans la limite de 37,5 ans), à condition de justifier de la durée d’assurance requise et d’avoir cotisé au moins 17,5 ans en tant que chef d’exploitation. Depuis la réforme des retraites de 2014, les collaborateurs et les aides familiaux se voient également attribuer, sous certaines conditions, 66 points gratuits RCO par année travaillée avant 2011.
La formule de calcul est la suivante :
RCO = Nombre de points gratuits et cotisés cumulés x Valeur du point.
Exemple d’un exploitant agricole né en 1955, qui a travaillé 30 ans dans son exploitation et qui liquide ses droits en 2022.
Sa retraite complémentaire équivaudra à 3.000 points (dont 1.700 gratuits) multiplié par 0,3475. Soit 1.042,50 euros par an (86,87 euros par mois).
La pension de réversion complémentaire agricole
Sur le modèle de la pension de réversion de base, la réversion complémentaire agricole représente 54% du moment de la pension RCO que l’exploitant agricole défunt percevait ou aurait dû percevoir s’il était parti à la retraite. Les pensions de réversion complémentaires agricoles attribuées à compter du 1er février 2014 prennent désormais en compte les points gratuits RCO.
Pour bénéficier de la réversion, le conjoint survivant doit être âgé d’au moins 55 ans sauf s’il est invalide ou s’il a au moins deux enfants à charge au moment du décès. Il n’y a pas de condition de ressources. Toutefois, le veuf ou la veuve doit avoir été marié depuis au moins deux ans avec l’assuré défunt.
Une demande spécifique de réversion complémentaire n’est pas nécessaire si elle a été effectuée pour la réversion de base. La MSA traite systématiquement les deux volets à la fois.
La majoration des « petites retraites » agricoles
Les non-salariés agricoles qui bénéficient d’une retraite de base au taux plein (sans décote) ont droit à une majoration de retraite qui s’ajoute aux pensions versées. Ce « bonus » s’élève à 696,29 euros par mois pour un exploitant agricole et à 553,29 euros par mois pour un collaborateur d’exploitation ou un aide familial (valeur de 2020).
Pour en disposer, il faut non seulement justifier de tous ses trimestres au régime de base, mais aussi avoir liquidé l’ensemble de ses retraites (de base et complémentaires) et que le montant de ces dernières de droit direct et/ou indirect (réversion) n’excède pas 853,24 euros par mois (valeur de 2020). Dans le cas contraire, la majoration est réduite à concurrence et peut être égale à zéro.
La réforme des retraites de 2014 a également instauré un complément différentiel de retraite complémentaire, appelé « pension minimale de référence » (PMR). Ce complément de RCO vise à porter la retraite minimale (pensions de base et complémentaires comprises) à 75% du Smic net agricole (923,04 euros en 2021). Pour bénéficier de la PMR, l’exploitant agricole doit disposer de tous ses trimestres de cotisation, dont 70 trimestres (17,5 ans) cotisés en tant que chef d’exploitation.
Une proposition de loi a été adoptée le 18 juin 2020 portant la PMR à 85% du Smic net agricole à partir de 2022 pour les futurs retraités, mais également pour les retraités actuels. La garantie de retraite minimale a été portée à 1067,91 euros par mois au 1er janvier 2022 (soit, en moyenne, 105 euros de retraite en plus chaque mois pour les bénéficiaires). Près de 208.200 retraités agricoles bénéficient de cette revalorisation, selon la MSA.
La retraite des salariés agricoles
Les paramètres de la retraite de base des salariés agricoles (qui travaillent dans une exploitation agrile, une coopérative agricole, une mutuelle agricole ou une industrie agro-alimentaire) sont identiques à ceux des salariés des entreprises privées. Seule différence : les premiers sont affiliés à la Mutualité sociale agricole (MSA) tandis que les seconds dépendent de l’Assurance retraite qui fait partie de la branche vieillesse de la Sécurité sociale. Pour la retraite complémentaire, les salariés agricoles cotisent à l’Agirc-Arrco, comme les autres salariés.
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