Année blanche en France : c’est quoi, pour qui, quelles conséquences ?

Par Olivier Brunet

En 2026, une année blanche devrait entraîner l’absence d’augmentation des retraites de base, du barème de l’impôt sur le revenu et des prestations sociales. Les mesures clés à retenir.

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Année blanche en France 2026, en résumé

Une année blanche a été annoncée le 15 juillet par le Premier ministre François Bayrou pour 2026. Celle-ci devrait se traduire par une absence de revalorisation :

Ces mesures doivent être votées au cours de l’automne par le Parlement pour pouvoir entrer en vigueur, dans le cadre de l’examen des budgets de l’État et de la Sécurité sociale, sachant que le gouvernement actuel ne dispose pas de majorité pour les faire adopter.

Année blanche : définition et principe

Qu’est-ce qu’une année blanche ? Une année blanche n’a pas de définition juridique. C’est une formule politique pour désigner le gel général des dépenses publiques touchant les ménages, et vise à en faciliter la compréhension.

L’année blanche signifie qu’au cours de celle-ci, il n’y aura pas de revalorisation en fonction de la hausse des prix (l’inflation) :

  • ni des pensions de retraite de base
  • ni des prestations sociales (dont les allocations familiales, les aides au logement telles que les APL, les minimas sociaux comme le RSA)
  • ni du barème de l’impôt sur le revenu
  • ni des seuils d’exonération de taxe foncière
  • ni du barème de la contribution sociale généralisée (CSG) pour les retraités
  • ni du point d’indice, des primes et indemnités des agents de la fonction publique d’État (sauf progression de carrière)

Qui sera concerné par l’année blanche 2026 ?

« C’est un effort collectif qui concerne toutes les catégories de Français », a annoncé François Bayrou.

Seront ainsi concernées les personnes :

Quelle durée pour l’année blanche ?

L’année blanche ne devrait durer, comme son nom l’indique, qu’une année, en 2026.

« C’est un effort très important, temporaire », a souligné François Bayrou.

Si la perspective d’une seconde année blanche en 2027, année d’élections nationales (présidentielle, législatives) apparaît comme une mesure politiquement impossible à prendre, cette hypothèse ne peut être totalement exclue, en cas de nouvelle dégradation des finances publiques.

Impôts : quelles conséquences en 2026 ?

« Les barèmes de l’impôt sur le revenu et de la contribution sociale généralisée seront eux aussi maintenus à leur niveau de cette année », a averti François Bayrou.

Cette absence de revalorisation va concerner le barème de l’impôt, mais aussi de nombreux seuils et abattements qui évoluent habituellement dans les mêmes proportions que l’impôt sur le revenu parmi lesquels :

Résultat, pour les personnes imposables dont les revenus auront augmenté au même rythme que l’inflation, l’impôt pourrait croître.

Autre conséquence, les seuils d’exonération et de plafonnement de la taxe foncière resteraient en 2026 à leur niveau de 2025.

Enfin, les seuils au-delà desquels les retraités sont soumis à la contribution sociale généralisée (CSG) seraient inchangés l’an prochain. Certains retraités pourraient voir leur pension diminuer du fait d’une ponction de CSG (au lieu d’être exonérés), ou changer de tranche, entraînant un taux de CSG plus élevé (il existe trois taux pour les retraités, contre un seul pour les actifs).

Retraites : une année sans revalorisation en 2026

« Une année blanche, c’est une année où, en 2026, on aura exactement le même montant des retraites pour chaque pensionné que celle qu’on avait en 2025 », a déclaré François Bayrou.

En principe, les pensions de retraite sont indexées chaque année en janvier sur l’inflation de l’année précédente. Cela ne serait donc pas le cas en 2026.

Cette annonce concerne en fait uniquement les pensions de retraite de base du régime général de la Sécurité sociale, des régimes alignés (la Sécurité sociale des indépendants et la MSA salariés), des régimes de retraite de la fonction publique et des régimes de retraite des professions libérales (hormis les avocats) ; la décision de revaloriser ou non les retraites complémentaires des salariés du privé (Agirc-Arrco) relève des partenaires sociaux. De plus, la hausse des pensions Agirc-Arrco, pour 2025 et 2026 est déjà couverte par un accord national interprofessionnel (ANI) conclu entre patronat et syndicats de salariés.

Ce sont les conseils d’administration de chacune des 11 caisses libérales de retraite et de prévoyance qui décident du taux de revalorisation de leurs retraites complémentaires.

À noter : le taux d’indexation des retraites complémentaires de l’Ircantec (agents non titulaires de la fonction publique) étant aligné sur celui des retraites de base, elles ne devraient pas être revalorisées en 2026.

Prestations, aides sociales : ce qui va rester gelé en 2026

Habituellement, les prestations sociales sont revalorisées au 1er avril de chaque année, en fonction du niveau d’inflation constaté sur les 12 derniers mois. En 2026, elles resteront à leur niveau fixé pour 2025.

« L’ensemble des prestations sociales seront maintenues en 2026 à leur niveau de 2025, a déclaré François Bayrou. Il n’y aura pas d’exception ».

Cette absence d’augmentation devrait donc concerner les prestations suivantes (liste non exhaustive) :

Concernant les montants d’aide personnalisée au logement (APL), d’allocation de logement familiale (ALF) et d’allocation de logement sociale (ALS), habituellement revalorisés au 1er octobre, on ne sait encore pas si le gel annoncé s’appliquera en 2026 ou dès 2025.

Année blanche 2026 pour les fonctionnaires

« En 2026, il n’y aura pas de mesure de revalorisation générale ou catégorielle dans les ministères. En revanche, nous avons tenu à ce que les règles d’avancement dans la carrière des fonctionnaires soient intégralement respectées », a déclaré François Bayrou.

Traduction : les éléments de rémunération liés à la progression de la carrière (changements de grades, d’échelons) pourront augmenter, mais pas les indemnités ni les primes liées aux fonctions occupées.

Pourquoi une année blanche ?

L’année blanche a été décidée dans un contexte de nécessité absolue de réduire les déficits publics, afin « d’arrêter l’augmentation de la dette » des administrations publiques « en quatre ans » dixit le Premier ministre.

C’est surtout une mesure permettant de réaliser rapidement des économies de dépenses pour l’État et pour la Sécurité sociale : parmi toutes les mesures annoncées le 15 juillet par le Premier ministre, c’est celle dont la contribution est la plus importante, soit 7,1 milliards d’euros sur un effort total annoncé de 43,8 milliards d’euros.

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