Le programme d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle 2022, dont une large place était consacrée aux thématiques identitaires, de la sécurité et de l’immigration, contenait aussi des mesures économiques pour améliorer le pouvoir d’achat des Français. Fiscalité, retraites, transports, logement… Tour d’horizon des propositions du candidat de Reconquête !, arrivé en quatrième position au premier tour.
Présidentielle 2022 : pouvoir d’achat, impôts, retraites… Le programme d’Éric Zemmour
En résumé, le programme économique et social d’Éric Zemmour
Depuis sa déclaration officielle pour la course à la présidentielle 2022, le 30 novembre 2021, Éric Zemmour – arrivé en quatrième position au premier tour, avec 7,3% des suffrages -, avait livré une série de propositions visant essentiellement à améliorer le pouvoir d’achat des Français. Voici les principales mesures économiques et sociales annoncées par l’ancien journaliste, ex-essayiste et ex-polémiste passé à la politique :
- augmenter le salaire net des travailleurs modestes de 105 euros par mois via la baisse des impôts sociaux
- simplifier et défiscaliser la participation des salariés
- mise en place d’une « prime zéro charges », pouvant atteindre trois mois de salaire
- doublement du plafond du quotient familial
- une bourse de 10.000 euros pour toute naissance dans une commune rurale
- suppression de la redevance audiovisuelle
- suppression de la loi SRU sur les logements sociaux
- défiscalisation des successions jusqu’à 200.000 euros par enfant
- porter l’âge légal de la retraite à 64 ans
- suppression du permis à points
Baisser la CSG sur les bas salaires pour revaloriser les rémunérations nettes
Éric Zemmour, qui assure qu’il n’y a plus d’augmentation de salaire depuis vingt ans en France, promettait d’augmenter les salaires nets des travailleurs les plus modestes « jusqu’à plus de 105 euros par mois pour un travailleur au Smic ».
Pour y parvenir, le candidat du groupe Reconquête !, qui a dénoncé le « scandale des salaires trop bas sur lesquels pèsent des charges trop lourdes », lors d’un meeting à Lille (Nord) le 5 février 2022, prévoyait la suppression des prestations sociales non contributives (minima sociaux, aides au logement, allocations familiales). Une mesure qui, selon lui, correspondrait à une économie de « 20 milliards d’euros » par an dans les caisses du pays. Pour la financer, il entendait imposer des contrôles « systématiques » des allocataires et suspendre pendant cinq ans les fraudeurs.
Toujours dans cette optique, Éric Zemmour souhaitait baisser à 2,5% – contre 9,2% actuellement – le taux de la contribution sociale généralisée (CSG) sur tous les bas salaires inférieurs à 2.000 euros net par mois.
Défiscalisation des heures supplémentaires et prime « zéro charge »
Reprenant « à son compte » la formule du « travailler plus pour gagner plus » chère à l’ancien président Nicolas Sarkozy, Éric Zemmour proposait, dans son programme, d’exonérer totalement d’impôts et de charges sociales les heures supplémentaires, pour encourager et « récompenser » le travail. La mesure, abrogée en 2012 par François Hollande, avait été relancée par Emmanuel Macron en 2018 dans la limite de 5.000 euros par an.
Au chef de l’État sortant, le candidat classé à l’extrême droite empruntait l’idée d’une « prime zéro charge », avec « zéro taxe et zéro Urssaf ». Dévoilée à l’occasion du meeting d’Éric Zemmour à Lille (59), le 5 février 2022, cette prime exonérée de cotisations sociales patronales et salariales « pourra représenter jusqu’à trois mois de salaire net (…) Un 13ème, un 14ème voire un 15ème mois sans charges », disait-il. Une sorte de super « prime Macron », en quelque sorte. Car si Éric Zemmour jugeait que la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (PEPA), annoncée par Emmanuel Macron en plein cœur de la crise des Gilets jaunes et reconduite depuis, a été « une bonne chose », « pourquoi limiter cette prime à 1.000 euros pour la plupart des entreprises ? », interrogeait-il.
Épargne salariale : simplifier et défiscaliser la participation des salariés
Dans le cadre de la présidentielle 2022, Éric Zemmour voulait élargir l’accès des salariés à l’épargne salariale. Comme il l’avait rappelé sur France 2 le 9 décembre 2021, le candidat de Reconquête ! souhaitait que le versement de la prime de participation (environ 1.500 euros par an) soit « obligatoire pour les entreprises de plus de dix salariés ». Pour rappel, la mise en place d’accords de participation s’applique uniquement aux entreprises ayant employé sans interruption au moins 50 salariés par mois au cours des cinq dernières années. Pour les autres, elle est seulement facultative.
L’ancien polémiste proposait également de « défiscaliser complètement et sans conditions la prime de participation pour les salariés et les employeurs ». Cela aurait concerné une baisse de l’impôt sur le revenu, de la CSG et CRDS (contribution à la réduction de la dette sociale, NDLR) sur la participation, même quand elle n’est pas bloquée sur un compte d’épargne salariale.
Les propositions fiscales de Reconquête !
Outre les mesures fiscales visant à rendre du pouvoir d’achat aux travailleurs français (réduction de la contribution sociale généralisée sur les bas salaires, défiscalisation de l’épargne salariale, défiscalisation intégrale des heures supplémentaires…), Éric Zemmour avait dévoilé plusieurs autres propositions portant sur les impôts.
Comme Emmanuel Macron (président sortant et candidat de La République En Marche) et Marine Le Pen (candidate du Rassemblement National), le candidat de Reconquête ! promettait tout d’abord de supprimer la redevance audiovisuelle, qui s’élève en 2022 à 138 euros par foyer en France métropolitaine et à 88 euros dans les département d’Outre-mer. De facto, l’ancien éditorialiste propose de « privatiser les principales chaînes de l’audiovisuel public ». Mais comme le précisait « Le Monde », Éric Zemmour comptait toutefois maintenir franceinfo, ainsi que France Médias Monde et TV5 Monde « pour porter la voix de la France » à l’international.
Concernant l’impôt sur la fortune, Éric Zemmour ne comptait pas supprimer l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), qui a remplacé en 2018 l’impôt sur la fortune (ISF). En revanche, il entendait retirer purement et simplement la résidence principale de l’assiette de l’IFI.
En matière de fiscalité immobilière, l’ex-polémiste avait proposé, lors de l’émission « Élysée 2022 » diffusée le 9 décembre 2021 sur France 2, de supprimer les droits de mutation à titre onéreux (les fameux « frais de notaire ») pour les primo-accédants qui font l’acquisition d’une résidence principale. Pour en bénéficier, le montant de l’opération ne devait pas dépasser un plafond de 250.000 euros. Il souhaitait aussi, pour les primo-accédants, rendre déductibles des impôts 50% des intérêts d’emprunt pendant cinq ans.
Doublement de l’abattement des droits de succession
Éric Zemmour entendait encourager les donations effectuées du vivant. Pour ce faire, celui qui se présentait comme « le candidat de la droite » prônant le « rassemblement de la droite populaire et bonapartiste » souhaitait tout d’abord « porter à 200.000 euros au lieu de 100.000 la limite de dons à chaque enfant, tous les dix ans au lieu de tous les quinze ans aujourd’hui », ajoutant espérer que « cela bénéficie aussi aux grands-parents avec leurs petits-enfants » (interview au Figaro, le 22 février 2022).
Par ailleurs, l’ancien journaliste proposait également « une franchise pour ne pas payer de droits de transmission, quand il y a un décès, jusqu’à 200.000 euros par enfant ».
« La mesure combine un doublement de l’abattement actuel pour les donations des parents, une multiplication par plus de cinq de l’abattement des grands-parents et une réduction d’un tiers du délai entre deux donations bénéficiant de ces abattements, délai de rappel fiscal », analysait l’Institut Montaigne, pour qui l’estimation médiane du coût de la mesure était de 2,75 milliards d’euros par an.
Logement : suppression de la loi sur le logement social
Éric Zemmour proposait de mettre un coup d’arrêt au développement du logement social en abrogeant la loi solidarité et renouvellement urbain (SRU). « Je supprimerai la loi SRU, cette loi qui impose aux villes et aux villages de France de disposer d’au moins 25% de logements sociaux, alors que le logement social devient progressivement le logement de l’immigration », avait déclaré le candidat lors de son discours à Cannes, le 23 janvier 2022.
Invité du journal de 20 Heures de France 2, le 1er février 2022, l’ancien polémiste avait indiqué qu’il supprimerait aussi la loi Dalo qui, selon lui, « permet d’héberger des clandestins et des demandeurs de droit d’asile déboutés ou pas déboutés ». Datée de 2007, la loi instaurant le droit au logement opposable permet aux personnes mal logées d’être reconnues prioritaires afin de faire valoir leur droit à un logement ou un hébergement digne.
Le candidat de Reconquête ! voulait également donner un accès prioritaire aux logements sociaux aux mère célibataires françaises et aux Français ayant un emploi. Par ailleurs, toute personne condamnée par la justice se serait vue interdite de logement social. Il entendait « favoriser la mobilité dans le parc social en mettant fin au droit acquis au bail et en réexaminant la situation des locataires tous les deux ans ».
Pour faciliter l’accès à la propriété des jeunes, Éric Zemmour proposait que les primo-accédants soient exonérés de « frais de notaire » pour tout achat jusqu’à 250.000 euros (Europe 1, 6 janvier 2022).
Famille : doublement du quotient familial, prime naissance…
Concernant la politique familiale, Éric Zemmour proposait de « rétablir l’universalité de la politique familiale », affirmant qu’« il faut revenir sur les réformes de notre politique familiale menées par François Hollande » (« Petit déjeuner de campagne » sur RTL, le 15 décembre 2021). Le candidat de Reconquête !, qui considère que « les allocations familiales ne doivent plus être versées sous conditions de ressources », envisageait aussi de doubler le plafond du quotient familial, « de 1.592 à 3.000 euros, afin que la fiscalité tienne mieux compte de la composition des foyers ».
Comme il l’avait annoncé lors de son meeting à Chaumont-sur-Tharonne (Loir-et-Cher) 28 janvier 2022, Éric Zemmour voulait également instaurer une prime de naissance de 10.000 euros dans les communes rurales. Pour pouvoir prétendre à cette aide, dont le versement se ferait en trois fois, il aurait fallu prouver habiter dans une zone rurale depuis au moins deux ans et être de nationalité française. Le candidat évaluait le coût de sa mesure à 2 milliards d’euros.
Dans un souci de favoriser l’équilibre entre vie professionnel et vie familiale, l’ancien essayiste proposait aussi, en cas d’élection (conformément à ce qui était écrit dans son programme) :
- que le temps de congé parental puisse se répartir librement entre les deux parents
- la création de 60.000 places de crèches supplémentaires d’ici la fin du quinquennat
- donner la priorité aux mères célibataires françaises pour l’obtention des places en crèche
Éric Zemmour entendait porter l’âge de la retraite à 64 ans
Côté retraites, le candidat Zemmour avait déclaré, le 7 novembre 2021 dans l’émission « Politique dimanche » sur BFM, qu’il voulait faire passer l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans « progressivement, d’ici à 2030 ». Il précisait que des ajustements devraient toutefois être pensés pour les personnes ayant commencé à travailler tôt.
L’ancien journaliste ouvrait aussi la possibilité d’un système de « bonus-malus » pour les entreprises. Objectif affiché : les dissuader de licencier les salariés de plus de 55 ans.
Une autre de ses propositions visait les veuves et des veufs. « Pour celles qui ont perdu leur mari, pour ceux qui ont perdu leur femme et qui doivent soudain vivre avec la moitié d’une retraite, nous augmenterons les pensions de réversion à 75%, car je trouve qu’il n’est pas juste qu’à la douleur de la mort d’un être cher s’ajoute la crainte de la misère à venir », avait déclaré le candidat d’extrême droite en meeting à Lille, le 5 février 2022. Pour l’heure, ces pensions de réversion s’élèvent aujourd’hui à 54%. Éric Zemmour souhaitait aussi rétablir la demi-part fiscale des veuves et des veufs.
Automobilistes : le programme 2022 d’Éric Zemmour en matière de transports
Dans le volet transports de son programme en vue de l’élection présidentielle des 10 et 24 avril 2022, Éric Zemmour axait l’ensemble de ses mesures sur la voiture. Parmi ses propositions à destination des automobilistes, nous avions repéré :
- la suppression du permis à points (discours de Chaumont-sur-Tharonne, prononcé le 28 janvier 2022)
- la restauration de la limitation des 90 kilomètres/heure sur les routes nationales et départementales (programme de campagne)
- le retour du 50 kilomètres/heure en ville, excepté dans les zones spécifiques telles que les écoles ou les hôpitaux (programme de campagne)
- la fin des zones à faibles émissions (ZFE) qui empêchent la circulation en ville des voitures les plus polluantes, faute de vignette « Crit’Air » (programme de campagne)
- le plafonnement des amendes de stationnement à 17 euros sur l’ensemble du territoire (programme de campagne)
- l’allonger de la durée de vie du contrôle technique de deux à trois ans
Dans le contexte de conflit entre la Russie et l’Ukraine, le candidat de Reconquête avait déclaré, le 6 mars 2022 lors de son meeting à Toulon (Var) : « Je bloquerai les prix des carburants à son niveau d’avant-crise, soit 1,8 euro par litre, le temps nécessaire à la mise en œuvre d’un cessez-le-feu ». Une mesure qui n’aurait été, donc, que temporaire.
En outre, l’ancien journaliste avait émis l’idée de faire rembourser par les entreprises 50% des frais de carburant des salariés faisant domicile-travail (dans la limite de 40 euros et s’il n’y a pas d’alternatives en transports en commun).
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