Impôts et taxes : le programme des candidats à la présidentielle 2017

Par Olivier Brunet

Présentation et comparatif du programme des candidats à la présidentielle 2017 sur les impôts. Gauche, droite, ni gauche ni droite, extrêmes, leur projet fiscal est souvent révélateur de leur positionnement sur l’échiquier politique ou de leur opportunisme. Présentation et analyse de leur propositions.  


Liste officielle des 11 candidats à l’élection présidentielle 2017

– Nicolas Dupont-Aignan
– Marine Le Pen
– Emmanuel Macron
– Benoît Hamon
– Nathalie Arthaud
– Philippe Poutou
– Jacques Cheminade
– Jean Lassalle
– Jean-Luc Mélenchon
– François Asselineau
– François Fillon

La liste officielle des candidats à l’élection présidentielle a été arrêtée par le Conseil constitutionnel le 18 mars 2017, à la suite de la validation de leurs parrainages (le seuil était fixé à 500 signatures). Son ordre a été établi par tirage au sort.

Le programme fiscal des candidats, en résumé

La fiscalité est bien souvent le symbole d’un projet politique, d’une vision de la société. C’est aussi le terrain d’expression le plus fertile des propositions démagogiques.

Les candidats de gauche et d’extrême-gauche

A gauche, la priorité est clairement de redistribuer les richesses, d’une façon plus ou moins radicale selon les programmes.

Les deux représentants de l’extrême-gauche révolutionnaire, Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) et Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) appellent ni plus ni moins à une expropriation de ce que l’on pourrait appeler les grandes familles capitalistes. La fiscalité est certainement l’un des aspects les moins développés de leurs programmes respectifs.

Jean-Luc Mélenchon veut mettre en œuvre ce qu’il appelle la « révolution fiscale » : le candidat de La France Insoumise prône dans son programme fiscal un alourdissement de l’ISF de 3 milliards d’euros et une remise à plat de l’impôt sur le revenu avec un barème à 14 tranches, dont la dernière à 90% au-delà de 400.000 euros. Sous 4.000 euros de revenus mensuels, chaque contribuable devrait bénéficier de cette réforme, selon Jean-Luc Mélenchon.

Plus modéré, le projet de Benoît Hamon pour 2017 propose de baisser l’impôt sur le revenu des Français les plus modestes dans le cadre de la mise en œuvre de son revenu universel d’existence et d’alléger la taxe foncière des propriétaires qui n’ont pas fini de rembourser leur prêt immobilier.

Les candidats de droite et d’extrême-droite

Le programme fiscal de François Fillon a pour objectif prioritaire de favoriser l’investissement, l’innovation et la création d’emplois en France. Dans cette optique, la diminution de la fiscalité sur le capital est l’un des principaux instruments que le candidat LR (ex-UMP) entend mettre en œuvre, notamment via la suppression de l’ISF et l’application d’un taux d’imposition unique sur les revenus de placements financiers à 30%.

De son côté, Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France) voit davantage la fiscalité comme un moyen de restaurer le pouvoir d’achat des Français, au travers d’une baisse d’impôt sur le revenu de 10% et la suppression de la fiscalité sur les successions jusqu’à 500.000 euros par enfant, contre 100.000 euros actuellement.

La position de Marine Le Pen n’est pas très éloignée de celle de NDA. Le programme fiscal de la candidate du FN propose elle aussi une diminution de 10% de l’impôt sur le revenu, mais concentrée sur les trois premières tranches (la tranche supérieure à 45% n’y aurait pas droit).

On notera que François Asselineau (UPR) n’a pas prévu de réforme fiscale dans son programme législatif.

Les candidats « ni de droite, ni de gauche »

Emmanuel Macron veut favoriser l’investissement dans les entreprises pour relancer la machine économique du pays. En direction des ménages, cette volonté se traduit dans son programme présidentiel par deux propositions phares, l’exonération d’ISF pour toute l’épargne financière (actions, assurance vie…) et l’instauration d’une flat tax, prélèvement à taux unique sur la quasi-totalité des placements financiers (à 30%, incluant un relèvement du taux de CSG). Pour améliorer le pouvoir d’achat des Français, le fondateur du mouvement En Marche ! entend progressivement exonérer 80% des Français de taxe d’habitation.

De son côté, Jacques Cheminade (Solidarité & Progrès) planche davantage sur des réformes de fond comme une fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG que ne renieraient pas l’aile gauche du Parti socialiste ni Jean-Luc Mélenchon, tout en proposant dans son projet présidentiel d’alléger l’ISF pour les souscriptions au capital de PME qui investissent un France.

Le candidat centriste Jean Lassalle veut quant à lui récupérer l’argent de la fraude et de l’évasion fiscale pour le redistribuer.

Impôt sur le revenu : des promesses de baisse… et de hausse

Parmi les quatre candidats à la présidentielle 2017 favoris des sondages à quelques jours du premier tour, seule Marine Le Pen propose une baisse d’impôt sur le revenu (IR) quasi-immédiate. Cette diminution d’impôt de 10% ne sera cependant pas générale : outre les foyers non-imposables qui ne paient déjà pas d’IR (plus de 18 millions de contribuables), les plus hauts revenus soumis à la tranche à 45% en seront exclus. La candidate du FN a en effet choisi de réserver son geste aux classes moyennes situés dans les tranches d’impôt à 14%, 30% et 41%, soit un peu moins d’un foyer fiscal sur deux. Seul Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France) fait une promesse électorale similaire, sans exclure les plus hauts revenus.

En revanche, ni Emmanuel Macron, ni François Fillon ne proposent de baisse générale de l’impôt sur le revenu. Ce dernier propose tout de même une diminution d’impôt ciblée de relèvement du plafond du quotient familial en faveur des familles nombreuses aisées, tout comme Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen qui se montrent moins « généreux » que le candidat de la droite parlementaire.

De son côté, Jean-Luc Mélenchon a pris l’engagement de mener un big bang fiscal (il utilise l’expression de « révolution fiscale ») prévoyant avec une remise à plat totale :
– étalement du barème de l’impôt sur 14 tranches (contre 5 actuellement), dont une tranche à 90% au-delà de 400.000 de revenus annuels. Mélenchon assure que jusqu’à 4.000 euros de revenus, chaque Français paiera moins d’impôt à l’avenir
– individualisation de l’impôt
– suppression des niches fiscales comme la réduction d’impôt Pinel

Si Benoît Hamon poursuit lui aussi un objectif de redistribution des richesses, la baisse d’impôt sur le revenu constitue davantage pour le candidat PS un moyen de mettre en œuvre une partie de son projet de revenu universel d’existence (RUE) qu’une fin en soi.

Du côté des petits candidats, Jacques Cheminade veut revenir sur un certain nombre d’avantages fiscaux dont bénéficient les plus riches. Une politique qu’il amorcerait par un renforcement du plafonnement des niches fiscales à 8.000 euros par foyer fiscal et par an contre 10.000 euros actuellement. A terme, il souhaite parvenir à une fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG.

Plus radicale, Nathalie Arthaud propose ni plus ni moins de supprimer l’impôt sur le revenu.

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