La retraite obligatoire des médecins libéraux comporte trois niveaux de cotisations : une retraite de base, une retraite complémentaire et une retraite supplémentaire. Ces trois régimes sont gérés par la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF).
Tous les titulaires du diplôme de docteur en médecine, inscrits au conseil de l’Ordre et exerçant une activité médicale libérale, doivent obligatoirement cotiser à la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF). Les médecins experts des compagnies d’assurance ou des laboratoires privés ainsi que les praticiens des cliniques privées relèvent du statut libéral et sont donc, à ce titre, affiliés à la caisse. En d’autres termes, l’ensemble des médecins, à l’exception de ceux travaillant dans les hôpitaux et les établissements publics, cotisent à la CARMF.
Les médecins remplaçants, non assujettis à la Contribution économique territoriale (CET, l’ex-taxe professionnelle), peuvent demander à ne pas être affiliés à la CARMF si leur revenu professionnel annuel est inférieur à 12.500 euros en 2021.
Le conjoint collaborateur du médecin, c’est-à-dire son époux, épouse ou partenaire de PACS qui travaille pour lui sans être rémunéré ni associé du cabinet, peut être affilié à la CARMF. Pour cela, le praticien doit verser une cotisation facultative au nom de son conjoint collaborateur, basée sur son assiette de cotisation.
A savoir : Durant l’externat et l’internat effectués pendant leurs études de médecine, les médecins sont affiliés à l’Assurance retraite, le régime de retraite de base des salariés et à l’Ircantec, le régime complémentaire des agents non titulaires de la fonction publique.
Le régime de retraite de base (RB) des médecins est commun aux autres professionnels libéraux (hormis les avocats). Les règles de cotisation, d’acquisition des points de base, de validation de trimestres, de calcul de la pension, de versement et de revalorisation de la retraite de base sont régies par la Caisse nationale d’assurance vieillesse des professions libérales (CNAVPL). La mise en application de ces règles a été confiée à la CARMF pour les médecins non-salariés.
Pour découvrir le fonctionnement de la retraite de base des professionnels libéraux, reportez-vous à l’article : « Retraite des professions libérales : le régime de base des médecins, notaires, architectes, experts-comptables… ».
Comme le régime de base, le régime complémentaire vieillesse (RCV) est un régime en points. Le médecin est exonéré de cotisations au RCV durant les deux premières années d’activité libérale, sauf s’il est âgé de 40 ans et plus lorsqu’il se met à son compte.
A partir de la troisième année d’exercice, il cotise en proportion de ses revenus professionnels de l’année N-2 dans la limite de 3,5 fois le plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS) de l’année N. Le PASS ayant été fixé à 41.136 euros au 1er janvier 2021, son assiette de cotisation complémentaire s’élève au maximum à 143.976 (3,5 x 41.136) euros cette année. Comme le taux de cotisation au RCV est de 9,80%, la cotisation maximale au régime atteint 14.110 (9,80% x 143.976) euros en 2021. Elle permet l’attribution de 10 points RCV dans l’année.
Une dispense de cotisation au régime complémentaire peut être accordée en cas d’insuffisance de revenus. Elle est calculée en fonction des revenus imposables du médecin au titre de l’année N-1. Le médecin doit demander un formulaire de dispense auprès de la CARMF ou le télécharger sur le site de la caisse. Il doit envoyer le document à la CARMF accompagné d’une photocopie de son avis d’impôt.
En 2021, l’abattement va de 100% (exonération totale) pour les médecins justifiant de revenus perçus en 2020 inférieurs à 5.300 euros à 0% (cotisation normale) pour ceux ayant gagné au moins 28.601 euros dans l’année. L’abattement réduit à proportion le nombre de points RCV acquis.
| Barème des dispenses 2021 | |
|---|---|
| Source : CARMF | |
| Revenu imposable du médecin de l’année 2020 | Taux de dispense |
| jusqu’à 5.300 euros | 100% |
| de 5.301 euros à 12.500 euros | 75% |
| de 12.501 euros à 20.300 euros | 50% |
| de 20.301 euros à 28.600 euros | 25% |
| A partir de 28.601 euros | 0% |
Des points complémentaires sont attribués, sans cotisation, au titre de l’incapacité et de la maternité :
– 2 points RCV gratuits pour un arrêt de travail de trois mois consécutifs,
– 4 points RCV gratuits pour un arrêt de travail de six mois consécutifs,
– 2 points RCV gratuits pour un congé maternité d’au moins 90 jours.
Le montant de la pension complémentaire servie par la CARMF est calculé en fonction du nombre de points RCV acquis durant la carrière du médecin multiplié par la valeur de service du point au moment de la liquidation des droits. Celle-ci a été fixée à 69,70 euros au 1er janvier 2021.
La formule de calcul :
Pension complémentaire CARMF : Nombre de points acquis x Valeur de service du point RCV
Contrairement à la retraite de base, le nombre de trimestres de cotisation à la retraite n’est pas pris en compte dans le calcul de la retraire complémentaire des médecins. Les médecins nés à partir de 1955 bénéficient d’une majoration de leur pension complémentaire de 1,25% par trimestre civil travaillé s’ils partent après 62 ans (l’âge minimum de liquidation des droits à la retraite). Entre 65 et 70 ans, le bonus est abaissé à 0,75% par trimestre supplémentaire.
Les pensions complémentaires versées par la CARMF sont revalorisées tous les 1er janvier en fonction du taux décidé par le conseil d’administration de la CARMF.
Les veufs et veuves de médecins ont le droit de percevoir, à partir de 60 ans, 60% de la pension complémentaire que le praticien touchait ou aurait dû toucher de son vivant s’il était parti à la retraite. Seuls les conjoints survivants mariés ont accès à la réversion complémentaire. Il n’y a pas de condition de ressources à remplir.
En revanche, le veuf ou la veuve doit avoir été marié durant au moins deux ans avec l’assuré défunt. En cas de divorce et de remariage de l’affilié, la pension complémentaire de réversion est versée au prorata de la durée de mariage entre les conjoints survivants. Si le veuf ou la veuve du médecin se remarie, il ou elle perd ses droits à la réversion complémentaire.
Les médecins « conventionnés », c’est-à-dire signataires de la convention avec la Sécurité sociale, sont obligatoirement affiliés au régime des allocations supplémentaires vieillesse (ASV). Les médecins « non conventionnés » n’y ont pas accès.
L’ASV constitue une part non négligeable de la retraite globale des médecins conventionnés. Selon les données de la CARMF, sur une pension totale moyenne versée de 2.697 euros bruts servie en 2020, 21% étaient issus de la retraite mensuelle de base (568 euros), 45% de la retraite mensuelle complémentaire (1.2010 euros) et 34% de la pension ASV (919 euros).
Les cotisations à l’ASV comprennent une part forfaitaire (identique quel que soit le niveau des revenus professionnels) et une part dit « d’ajustement » (proportionnelle aux revenus professionnels).
Ces deux parts sont prises en charge aux deux-tiers par l’Assurance maladie pour les médecins conventionnés de secteur 1 (qui appliquent les tarifs de la Sécurité sociale). Les médecins conventionnés de secteur 2 (qui pratiquent des dépassements d’honoraires) paient à 100% les cotisations ASV forfaitaires et proportionnelles.
Pour l’année 2021, la part forfaitaire s’élève à 5.325 euros.
Pour les deux premières années d’exercice, la part forfaitaire de l’ASV est alignée sur les mêmes bases forfaitaires que le régime de base, soit une cotisation de 297 euros en 2021.
Les médecins dont le revenu professionnel de 2019 est inférieur à 59.167 euros, peuvent demander que soit substituée à la part forfaitaire de l’ASV 2021, une cotisation proportionnelle de leurs revenus, à hauteur de 3% pour les médecins en secteur 1 et de 9% ceux de secteur 2.
La part forfaitaire permet d’acquérir 27 points ASV dans l’année.
La part proportionnelle de l’ASV correspond à 3,80% des revenus professionnels de l’avant-dernière année dans la limite de 5 PASS (205.680 euros en 2021).
La part proportionnelle permet d’acquérir 9 points ASV dans l’année.
La pension ASV est calculée de la même manière que la pension RCV. La différence vient de la valeur du point fixée non par les administrateurs de la CARMF mais par décret. La valeur du point de service ASV à été fixée à 11,36 euros au 1er janvier 2021.
La pension de réversion ASV obéit presque aux mêmes règles que celle du RCV. Deux différence : elle peut être versée au veuf ou à la veuve du médecin décédé dès l’âge de 50 ans (60 ans pour la pension de réversion complémentaire) et elle représente 50% de la pension ASV du défunt (60% de la pension complémentaire).
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