Astuces pour payer moins d’impôt sans investir
Comment diminuer ses impôts en 2024 sans dépenser d’argent ? Récapitulatif des astuces à connaître pour réduire ses impôts, sans recourir aux investissements que nécessitent la plupart des mécanismes de défiscalisation en vigueur en 2024 :
Faire des enfants pour réduire ses impôts grâce aux demi-parts fiscales
Ce n’est pas le but premier – tout parent en conviendra – mais avoir un ou plusieurs enfants permet de diminuer le montant de son impôt sur le revenu (IR). Comment ? Il suffit juste de penser à cocher, au titre de l’année de naissance (dans la déclaration 2024 sur les revenus 2023), la ou les cases correspondant au nombre d’enfants à charge dans le foyer fiscal : il s’agit des cases F et/ou G du cadre Etat-civil du formulaire de déclaration 2042 ou au début de la procédure de déclaration en ligne. Les années suivantes, les cases sont en principe préremplies automatiquement.
Pourquoi les enfants permettent de réduire le montant de ses impôts ? Parce que chaque enfant donne droit à une demi-part fiscale supplémentaire pour le calcul de l’impôt pour les deux premiers enfants, et à une part fiscale complète par enfant supplémentaire à partir du troisième. Or pour un même revenu, plus le nombre de parts fiscales est élevé, plus l’impôt sur le revenu est réduit. C’est le principe dit du quotient familial.
Cet avantage fiscal est limité chaque année, pour le calcul de l’impôt sur le revenu. C’est ce que l’on appelle le plafonnement des effets du quotient familial.
Simulations pour un couple marié ou Pacsé avec 2 enfants gagnant 50.000 euros (25.000 euros de salaire annuel chacun), sur la base des règles et du barème fiscal en vigueur en 2024 sur les revenus de 2023 :
- Sans enfant (2 parts fiscales) : 2.136 euros d’impôt sur le revenu
- Avec 1 enfant à charge (2,5 parts fiscales) : 1.234 euros d’impôt sur le revenu
- Avec 2 enfants à charge (3 parts fiscales) : 332 euros d’impôt sur le revenu
- Avec 3 enfants à charge (4 parts fiscales) : 0 euro d’impôt sur le revenu
On constate ainsi qu’à revenu identique, plus un foyer compte d’enfants, plus l’impôt dû diminue.
A noter : l’année de naissance, l’attribution de la demi-part ou de la part fiscale complète s’applique pour l’ensemble de l’année, quelle que soit sa date de naissance, même si bébé arrive le 31 décembre.
Après l’école primaire, chaque enfant rattaché au foyer fiscal permet en plus de bénéficier de la réduction d’impôt pour frais de scolarité. Son montant évolue ensuite en fonction de son niveau d’études :
- 61 euros par enfant au collège
- 153 euros au lycée
- 183 euros dans l’enseignement supérieur.
Ces avantages fiscaux s’inscrivent dans le cadre de la politique familiale en France, qui vise à soutenir la natalité et compenser le surcoût lié à la présence d’enfants dans le foyer : plus la taille de la famille est importante, plus son niveau de vie diminue.
Pour les couples, le niveau de vie médian avant impôt et prestations familiales d’une famille est le suivant (base 100 = couple sans enfant, source REPSS famille, PLFSS 2022) :
- Couple avec 1 enfant : 89
- Couple avec 2 enfants : 80
- Couple avec 3 enfants : 53
En concubinage, bien répartir ses enfants sur les déclarations
Impossible de se déclarer en concubinage pour un couple non marié comme on le fait à deux quand on est marié ou Pacsé : sur le plan fiscal, chaque concubin est considéré comme un célibataire même si le couple vit sous le même toit et qu’un ou plusieurs enfants sont nés de cette union libre. Le fisc considère qu’il y a deux foyers fiscaux, donc deux déclarations de revenus distinctes à établir. > A lire : Déclarer à deux sans être marié ni pacsé, mode d’emploi
Il est tout de même possible de tirer avantage de la situation en procédant à une judicieuse répartition des enfants à charge entre les parents. L’idée consiste à déterminer à quelle déclaration de revenus rattacher le ou les enfants pour payer moins d’impôt.
Généralement, en cas d’écart de revenus important entre chacun des parents, le couple aura intérêt à déclarer les enfants sur la déclaration où les revenus sont les plus élevés, comme le démontre l’exemple ci-dessous (calcul réalisé à partir de la législation fiscale en vigueur en 2024 pour un couple) :
Le concubin 1 perçoit 50.000 euros de salaire annuel, le concubin 2 25.000 euros.
Le couple a deux enfants :
- Rattachement fiscal de 2 enfants par le concubin 1, 0 par le concubin 2 : 4.186 euros d’IR (3.268 euros + 918 euros)
- Rattachement fiscal d’1 enfant par le concubin 1, 1 par le concubin 2 : 5.041 euros d’IR (5.027 euros + 14 euros)
- Rattachement fiscal d’aucun enfant par le concubin 1, 2 par le concubin 2 : 6.786 euros d’IR (6.786 euros + 0 euros)
Dans le meilleur des cas (celle où celui ou celle qui gagne le plus compte les 2 enfants à sa charge), l’économie d’impôt se monte ici à 1.745 euros par rapport à la situation intermédiaire et à 2.600 euros par rapport à la pire option (celle où celui ou celle qui le moins compte les 2 enfants à sa charge). On notera qu’il y a encore mieux à faire dans ce cas : se marier ! L’IR calculé pour ce couple dans le cadre d’une déclaration commune se monterait à 3.698 euros.
Chaque couple de concubins ayant des enfants à charge doit donc effectuer plusieurs simulations d’impôt avant de remplir sa déclaration :
- une simulation d’impôt où l’un des parents prend tous les enfants à sa charge
- une seconde simulation d’impôt où l’autre parent ne prend aucun enfant à sa charge
- il faut ensuite faire la même chose en inversant les rôles
En fonction des résultats des calculs effectués, il faut procéder à l’affectation des enfants correspondant à la situation où le couple de concubins paie le moins d’impôt sur le revenu.
Père ou mère célibataire : penser à la case T parent isolé
Au moment de remplir sa déclaration de revenus, un père ou une mère célibataire doit ABSOLUMENT penser à cocher la case T « parent isolé ». Cela permet de bénéficier d’une demi-part fiscale supplémentaire et donc d’un calcul de l’impôt plus favorable.
ATTENTION ! Si on vit en concubinage, on n’a pas le droit à cette demi-part.
Autre conséquence : le revenu fiscal de référence, qui sert de base à l’attribution de nombreuses aides, est abaissé par rapport à une personne qui oublierait de cocher la case.
Frais de garde d’enfant : déclarer pour bénéficier d’un crédit d’impôt
Lorsqu’on emploie une nounou à domicile pour garder ses enfants, la tentation est grande de la payer « au black » pour payer moins cher en évitant les cotisations sociales, la CSG (contribution sociale généralisée) et la CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale).
Mais recourir travail au noir fait prendre des risques à l’employeur : c’est non seulement illégal (on parle de travail dissimulé), précaire pour la nounou qui ne bénéficie pas de droits sociaux, mais de surcroît, on perd le bénéfice du crédit d’impôt qui s’élève à 50% des sommes dépensées au titre des frais de garde dans l’année. > Explications en détails Impôts : comment déclarer les frais de garde d’enfants
L’avantage fiscal dépend du nombre d’enfants à charge, il se monte à 7.500 euros maximum la première année.
Déduction fiscale sans justificatif en cas d’enfant majeur non rattaché au domicile
Un « Tanguy » encore à la maison même s’il n’est compté plus à charge dans la déclaration de revenus de la famille ? Un enfant majeur vivant au domicile familial, qui a pris son indépendance fiscale à défaut d’être indépendant financièrement, peut faire bénéficier d’un avantage fiscal à ses parents en compensation de cette charge.
A condition que cet enfant nourri, logé, blanchi, vive toute l’année civile sous le même toit que papa et maman et qu’il ne dispose pas de ressources suffisantes pour s’assumer, l’administration fiscale admet que ses parents puissent déduire de leur revenu imposable une somme de 4.149 euros (plafond annuel déductible pour l’imposition des revenus de 2023). Avantage de ce dispositif : les parents n’ont aucun justificatif ni justification à fournir.
Attention cependant, le bénéficiaire du soutien financier parental doit déclarer la somme déduite par ses parents, somme qui est imposable pour lui. Par ailleurs, si l’hébergement de l’enfant majeur n’a duré qu’une partie de l’année, la somme déductible ne peut être prise en compte que prorata temporis selon le principe « tout mois commencé est retenu ».
Ainsi, l’hébergement du 1er janvier au 15 juin (soit 4 mois et demi) est pris en compte pour 5 mois alors que l’hébergement du 15 août au 31 décembre (4 mois et demi également) n’est pris en compte que pour 4 mois.
A noter : ce choix ne peut se cumuler avec le rattachement d’un enfant majeur au foyer fiscal de ses parents.
Opter pour les frais réels, ou comment réduire ses impôts grâce à la déduction des frais professionnels
Un salarié qui a d’importants frais professionnels non pris en charge par son employeur peut choisir un mode de déclaration spécifique de ces dépenses pour réduire ses impôts par rapport au calcul appliqué par défaut par l’administration fiscale. Cette possibilité s’appelle l’option pour les frais réels, par opposition à la déduction forfaitaire de 10%, plus connus sous l’expression d’abattement pour frais professionnels.
Inconvénient de la manœuvre, les modalités déclaratives sont fastidieuses : il faut effectuer de nombreux calculs et être en mesure de justifier les sommes déductibles au titre des frais réels.
Avant d’opter pour la déclaration des frais réels, il faut :
- calculer le montant total des frais professionnels 2023 (pour une déclaration en 2024) restant à charge
- être en mesure de justifier les dépenses, en conservant les factures
- penser qu’il faut déclarer comme un salaire les indemnités pour frais professionnels versées par l’employeur
Payer moins d’impôts sur les intérêts des livrets bancaires
Les Français détenaient, fin 2023, plus de 197 milliards d’euros sur des comptes sur Livret (CSL) bancaires soumis à l’impôt, d’après les statistiques de la Banque de France. Un paradoxe financier – ces placements sans risque rapportaient en moyenne seulement 0,82% à fin 2023 avant impôt – mais aussi fiscal : sauf cas particuliers, une large part des intérêts perçus va dans la poche de l’État au taux de 12,8% en cas d’application de la flat tax ou, en cas d’option pour l’imposition au barème de l’impôt sur le revenu, au taux de 11, 30, 41 et 45% en fonction de la tranche d’imposition du foyer. Une charge fiscale qui monte même de 17,2% (pour les personnes non imposables) à 66,2% maximum en incluant les prélèvements sociaux servant au financement de la protection sociale, soit entre près d’un à deux tiers du rendement rogné par les différents niveaux de taxation.
Il y a donc mieux à faire. Le minimum est de réorganiser l’allocation de ses placements sûrs en déplaçant les dépôts des livrets imposables vers ceux qui ne le sont pas comme le Livret A et le LDDS (LDD solidaire, anciennement LDD).
Pour un couple sans enfant, cela représente tout de même un montant de 69.900 euros maximum à placer sans impôt sur le revenu, plafond qui se décompose de la façon suivante :
- plafond du Livret A du conjoint 1 : 22.950 euros
- plafond du LDD solidaire du conjoint 1 : 12.000 euros
- plafond du Livret A du conjoint 2 : 22.950 euros
- plafond du LDD solidaire du conjoint 2 : 12.000 euros
Dans l’hypothèse la plus favorable et sur une base annuelle, un couple sans enfant qui déplacerait 69.900 euros de ses CSL imposables vers des livrets réglementés, passerait d’une situation :
- de 699 euros d’intérêts annuels calculés au taux de 1%, soumis à l’impôt sur le revenu
- à 2.097 euros d’intérêts annuels non imposables au taux de 3% (sur la base du taux du Livret A en vigueur depuis février 2023).
Attention ! Ce raisonnement est uniquement fiscal, mais l’impôt à payer ne doit pas être le seul critère d’allocation de l’épargne. Dans un contexte de forte inflation, le rendement doit être pris en compte avant de mettre de côté et l’épargne réglementée, disponible à tout moment, est avant tout destinée au financement de besoins d’argent immédiats, en cas d’imprévus.