Chaque année, tout retraité ou couple à la retraite doit remplir sa déclaration de revenus. Facile puisque c’est pré-rempli ! Pas si sûr. Car au-delà des pensions versées par les régimes obligatoires, les retraités ont parfois des rentes d’épargne retraite à déclarer au fisc, des indemnités de préretraite ou d’autres sources de revenus. De plus, tous les revenus ne sont pas imposables, donc à ne pas déclarer, à l’image des allocations de la Caf ou de certaines prestations sociales liées à l’invalidité. Explications.
Quel formulaire de déclaration utiliser pour l’impôt 2024 ?
Une personne retraitée ou un couple de retraités peut utiliser l’un des formulaires suivants pour remplir sa déclaration des revenus 2023 en avril, mai ou juin 2024 (liste non exhaustive) :
- déclaration en ligne sur Impots.gouv.fr, sur « Votre espace particulier »
- formulaire 2042 K : déclaration préremplie (feuille d’impôt papier)
- formulaire 2042 : feuille d’impôt vierge imprimée
- formulaire 2042 K AUTO : déclaration automatique
- formulaire de déclaration 2042 RICI : réductions et crédits d’impôt
- déclaration 2044 : revenus fonciers (loyers)
- Déclaration 2047 : revenus de source étrangère
- Déclaration 2074 : plus-values et moins-values de cession de titres
Dates de déclaration de revenus pour les retraités en 2024
Les dates limites de déclaration pour les retraités sont les mêmes que pour les autres contribuables encore en activité. Le calendrier pour 2024 n’est pas encore connu.
En 2023, l’ouverture de la période de déclaration est intervenue le 13 avril (date d’ouverture de la télédéclaration sur Impots.gouv.fr) et jusqu’au :
- lundi 22 mai avant minuit pour la déclaration avec la feuille d’impôt
- jeudi 25 mai 23h59 pour la zone 1 (départements 1 à 19) en cas de déclaration en ligne
- jeudi 1er juin 23h59 pour la zone 2 (départements 2A à 54) en cas de déclaration en ligne
- jeudi 8 juin 23h59 pour la zone 3 (départements 55 à 976) en cas de déclaration en ligne
Abattement de 10% sur les retraites en 2024
Abattement fiscal automatique
Les retraités bénéficient d’un abattement de 10% sur les montants déclarés au titre des pensions et rentes de retraite, rentes à titre gratuit, pensions de retraite en capital taxables à 7,5% et pensions alimentaires. Cet abattement s’applique quel que soit l’âge auquel une perçoit une pension de retraite.
Le fisc déduit automatiquement la somme correspondante des revenus déclarés, de sorte qu’en principe, le revenu imposable au barème de l’impôt est égal à 90% de la somme déclarée.
Pour la déclaration 2024 des retraites 2023, le montant de l’abattement est de :
- 442 euros minimum par bénéficiaire (soit 884 euros pour un couple de retraités)
- 4.321 euros pour l’ensemble du foyer fiscal
Lorsque le montant annuel de la pension est inférieur à 442 euros, l’abattement est égal au montant de la pension et le revenu correspondant n’est pas inclus dans le calcul de l’impôt.
Au-delà de 4.123 euros d’abattement, les sommes déclarées sont prises en compte pour 100% de leur montant dans le calcul de l’impôt.
Montant de l’abattement sur les pensions 2023 et historique
Les montants de l’abattement de 10% sur les pensions de retraite sont actualisés chaque année dans les mêmes proportions que le barème de l’impôt sur le revenu.
Abattement spécial pour les plus de 65 ans
Passé un certain âge, le calcul de l’impôt peut s’avérer plus favorable. En plus de l’abattement de 10%, les seniors de plus de 65 ans au 31 décembre 2023 bénéficient d’un abattement spécial sous conditions de ressources, qui minore encore davantage la somme soumise au barème de l’impôt.
Le montant de l’abattement spécial sur les retraites des personnes âgées de plus de 65 ans se monte pour la déclaration 2024 (revenus 2023) :
> Pour une personne seule ou un seul membre du couple âgé de plus de 65 ans
– à 2.746 euros jusqu’à un maximum de 17.200 euros de revenus annuels
– à 1.373 euros pour des revenus 2023 compris entre 17.200 et 27.670 euros
> Pour un couple de retraités âgés tous les deux de plus de 65 ans
Le montant de l’abattement fiscal est doublé si les deux membres du couple sont âgés de plus de 65 ans, soit :
– à 5.492 euros jusqu’à un maximum de 17.200 euros de revenus annuels
– à 2.746 euros pour des revenus 2023 compris entre 17.200 et 27.670 euros
Lorsque les revenus annuels du foyer fiscal sont supérieurs à 27.670 euros, aucun abattement spécial n’est accordé (seul l’abattement de 10% s’applique).
Pour le bénéfice de cet abattement, les revenus annuels pris en compte sont le revenu net global.
Déclaration automatique pour une retraitée, un retraité
La déclaration automatique est une déclaration simplifiée en vigueur depuis 2020 et reconduite en 2024. Elle permet de valider les informations déjà connues de l’administration fiscale par consentement tacite, sans devoir remplir ni renvoyer le moindre formulaire au fisc. La déclaration automatique s’adresse à tout contribuable (retraité inclus) n’ayant déclaré en 2023 que des revenus préremplis connus de l’administration et n’ayant signalé aucune modification de situation en 2023 (même adresse, même configuration familiale : pas de divorce, pas de décès, etc.).
Cette déclaration s’effectue au moyen du formulaire 2042 K AUTO (déclaration préremplie spéciale). Si les informations figurant sur la fiche de synthèse sont exactes et complète, il n’y a rien à faire et le fisc considère que l’obligation de déclarer est respectée.
S’il y a des informations à corriger ou à ajouter, il faut utiliser le formulaire 2042 K AUTO, le compléter et le renvoyer à son centre des impôts (à compléter éventuellement avec d’autres formulaires si nécessaire). Pour tout savoir sur la procédure de déclaration automatique, cliquer ici
LES REVENUS IMPOSABLES
Quel montant de retraite à déclarer aux impôts ?
Le montant de retraite à déclarer aux impôts dépend, entre autres, de la nature de la pension que l’on perçoit.
Différence entre la retraite perçue et la retraite déclarée
La somme à déclarer correspond au montant imposable de la retraite (qui figure dans les attestations fiscales des régimes de retraite à la ligne « Montant imposable de l’année » ou « Somme à déclarer »). Ce montant est généralement supérieur à la pension nette perçue sur le compte en banque. Une partie de la contribution sociale généralisée (appelée CSG non déductible) et l’intégralité de la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) sont comptés comme des revenus imposables. C’est ce qui explique la différence entre la retraite perçue et la retraite déclarée, pour les personnes soumises au taux normal (ou taux plein) de CSG sur les retraites.
Lorsqu’une pension de retraite est soumise à un taux de CSG réduit, la CSG est entièrement déductible.
Le montant net fiscal ou montant imposable de l’année 2022 sur l’attestation délivrée par la Caisse de retraite correspond au montant déclaré (prérempli).
Retraite déclarée (imposable ou net fiscal) = retraite brute – CSG déductible (avant prélèvement à la source)
Retraite perçue = retraite brute – CSG déductible – CSG imposable – contribution de solidarité – prélèvement à la source (ou retenue à la source).
Pensions imposables des régimes de base, complémentaires et facultatifs
En France, les retraités reçoivent une pension d’un régime de base obligatoire, à laquelle s’ajoute la pension d’un régime complémentaire généralement obligatoire. A ces deux étages (régime de base et régime complémentaire) s’ajoute parfois un troisième étage constitué des rentes servies par régime facultatif destiné à compléter ses revenus à la retraite (que l’on appelle communément l’épargne retraite), dont, par exemple, les prestations de la complémentaire retraite des hospitaliers CGOS servies à titre de rente.
Ces trois sources de revenus à la retraite sont en principe imposables dans les mêmes conditions et à déclarer à la ligne « Total des pensions, retraites, rentes » :
- Case 1AS : déclarant 1
- Case 1BS : déclarant 2
- Case 1CS : 1ère personne à charge
- Case 1DS : 2ème personne à charge
- Case 1ES : 3ème personne à charge
- Case 1FS : 4ème personne à charge
Par exemple, pour un retraité seul ayant passé toute sa carrière en tant que salarié dans le secteur privé, c’est l’addition des pensions de base versées par la Sécurité sociale (Cnav ou Carsat) et de la retraite Agirc-Arrco qu’il faut déclarer, ou plutôt vérifier, case 1AS le montant étant en principe prérempli.
En revanche, certains revenus ne sont pas imposables, comme l’Aspa (ex-minimum vieillesse), il n’est donc pas nécessaire de les déclarer.
Déclaration de la retraite de base, de la retraite complémentaire, de la réversion
Déclarer la retraite Cnav, Carsat, Agirc-Arrco…
Les pensions des régimes obligatoires perçues par les retraités sont soumises au barème de l’impôt sur le revenu et doivent donc être déclarées. Cela vaut pour l’ensemble des pensions de base du secteur privé (Cnav, Carsat, Sécurité sociale des indépendants, MSA…) et publiques (fonctionnaires d’Etat, collectivités territoriales et hospitalières…).
Même chose pour les retraites complémentaires versées par l’Agirc-Arrco (salariés et cadres du privé), l’Ircantec (fonctionnaires)… Les pensions des régimes spéciaux (SNCF, RATP, EDF…) doivent également être déclarées.
Il faut indiquer le montant annuel des pensions touchées en page 3 de l’imprimé 2042, dans le cadre « Traitements, salaires, pensions, rentes » (cases 1AS à 1FS en ligne, cases 1AS à 1DS sur la feuille d’impôt papier).
A noter : Si une partie de la pension est payée en nature (logement, électricité…), il faut en estimer le montant et l’ajouter aux revenus imposables.
Les pensions de réversion touchées par les veufs et veuves sont aussi à reporter sur la déclaration de revenus. Par exemple, une veuve âgée de 58 ans encore en activité dont le défunt mari était à la retraite lors de son décès doit déclarer ses propres salaires case 1AJ et le total de la pension de réversion (de base + complémentaire) case 1AS.
Déclaration de la retraite pré-remplie à vérifier
En principe, le montant total annuel imposable des pensions est transmis automatiquement par les caisses de retraite à la Direction générale des finances publiques (DGFiP) afin d’établir une déclaration pré-remplie pour simplifier les démarches administratives des retraités. Il faut donc simplement vérifier le montant pré-rempli case 1AS (déclarant 1) et case 1BS (déclarant 2) en additionnant le net imposable annuel figurant sur chacune des attestations fiscales.
Attention cependant, les pensions et retraites des personnes à charge ou rattachées au foyer fiscal ne sont pas préremplies.
Certaines caisses de retraites, depuis la déclaration 2015 des revenus de 2014, n’envoient plus d’attestation fiscale à leurs assurés par La Poste et transmettent directement ces informations aux services des impôts. Les retraités concernés doivent dans ce cas vérifier eux-mêmes les montants pré-remplis sur leur déclaration, en demandant une attestation en ligne (voir plus bas).
Majoration de retraite pour famille nombreuse
Les majorations de pensions versées aux retraités ayant élevé trois enfants ou plus sont désormais imposables. Cette mesure votée sous François Hollande dans le Budget 2014 s’applique aux majorations servies depuis le 1er janvier 2013 : ces sommes constituent donc un revenu imposable pour la déclaration 2024 des parents de familles nombreuses désormais en retraite.
Cette fiscalisation touche toutes les majorations de pensions de droit direct et de réversion (versées aux conjoints survivants), aussi bien des retraites de base que des retraites complémentaires et ce quel que soit le régime de retraite.
L’administration fiscale intègre d’office les majorations de pensions pour charge de famille dans les déclarations pré-remplies à partir du montant imposable communiqué par la ou les caisses de retraite :
- dans les cases 1AS à 1DS (déclaration papier)
- et dans les cases 1AS à 1FS (déclaration en ligne).
Rente d’un PER, Perp ou Préfon, d’une retraite Madelin imposable comme une pension
Rente de retraite supplémentaire : déclaration ligne 1AS
En cas de perception d’une rente d’épargne retraite, le contribuable qui la perçoit est tenu de déclarer les sommes touchées dans les cases 1AS à 1DS, les mêmes que celles servant à la déclaration des pensions de retraite des régimes de base et complémentaires.
La somme doit être pré-remplie et il faut simplement en vérifier le montant.
Ces rentes sont touchées au titre du :
- Plan d’épargne retraite (PER individuel, Pereco, Pero) si versements déductibles
- Plan d’épargne retraite populaire (Perp),
- Plan d’épargne retraite entreprise (Pere),
- Préfon (Retraite complémentaire pour les fonctionnaires),
- Corem (Complémentaire retraite mutualiste),
- CGOS (Complémentaire retraite des hospitaliers),
- Contrat retraite Madelin (travailleurs non-salariés – TNS)
- Retraite supplémentaire d’entreprise à cotisations définies (article 83)
- Retraite supplémentaire d’entreprise à prestations définies (article 39)
Attention ! Le montant des pensions en capital issues des nouveaux plans d’épargne retraite (PER) est à déclarer case 1AI (déclarant 1) et/ou case 1BI (déclarant 1). Cliquer sur le lien ci-après pour connaître toutes les informations sur la déclaration des prestations en capital ou en rente issues d’un PER : PER et déclaration de revenus
Pensions de retraite en capital taxables à 7,5%
Sur option, le capital touché dans le cadre d’un Perp et d’un Préfon peut être taxé au taux forfaitaire de 7,5% et non pas imposé comme une pension.
Depuis la réforme des retraites de 2010, il est en effet possible de sortir de ces deux produits de retraite à hauteur de 20% en capital. Le Perp offre également la possibilité d’une sortie en capital à 100% en cas d’acquisition de la résidence principale à la retraite.
Cette option d’imposition à taux forfaitaire (quelle que soit la tranche d’imposition du contribuable) n’est disponible qu’à la condition de respecter les deux critères qui suivent :
- paiement en une seule fois : le versement en capital ne fait pas l’objet d’un fractionnement
- les cotisations versées étaient déductibles du revenu imposable.
Pour déclarer le capital perçu, il faut :
- remplir les cases 1AT et/ou 1BT
- corriger le montant pré-rempli ligne 1AS : il faut déduire de la somme pré-inscrite le montant déclaré case 1AT
Attention, cette option est irrévocable : une fois la déclaration validée, on ne peut pas changer d’avis. Il faut donc s’assurer que cette taxation forfaitaire est plus favorable que le barème de l’impôt sur le revenu.
Rentes viagères à titre gratuit
Une rente viagère à titre gratuit correspond à un versement effectué en dehors de tout engagement ou contrepartie. Elle ne présente pas non plus de contrepartie, se distinguant ainsi d’un viager immobilier. Il peut s’agir par exemple d’une rente constituée en dot par un père à son enfant ou d’une rente reçue en donation ou en testament.
Les montants sont à renseigner en cases 1AS à 1DS.
Pensions alimentaires
Les pensions alimentaires versées par un ex-conjoint doivent être déclarées. Il en va de même pour les rentes et versements en capital (sur plus de douze mois) au titre de prestations compensatoires post-divorce ou la contribution aux charges du mariage lorsque son versement résulte d’une décision de justice. Il faut renseigner ces montants dans les cases 1AO à 1DO.
Rentes et pensions d’invalidité imposables
Une pension d’invalidité versée par la Sécurité sociale, pour accident ou maladie, doit être déclarée au fisc (cases 1AS à 1DS).
Des exonérations existent cependant pour les pensions servies suite à un accident du travail ou une maladie professionnelle.
De plus, toute pension d’invalidité échappe à l’impôt :
- si son montant ne dépasse pas celui de l’allocation aux vieux travailleurs salariés (AVTS) soit 3.709,08 euros pour les revenus 2022 et 3.738,75 euros pour les revenus 2023
- et si les revenus du retraité, pension comprise, ne dépassent pas le plafond annuel de ressources fixé pour le bénéfice de l’AVTS soit :
– 11.441,49 euros pour une personne seule pour les revenus 2022 et 11.533,02 euros pour les revenus 2023
– 17.762,96 euros pour un couple pour les revenus 2022 et 17.905,06 euros pour les revenus 2023
Versement forfaitaire unique (VFU)
Lorsque le montant de la pension de retraite ne dépasse pas un certain seuil, elle est délivrée en capital, sous la forme d’un versement forfaitaire unique (VFU). Il est égal à 15 fois le montant de la pension.
Ce versement forfaitaire unique peut être déclaré de trois façons différentes :
- comme une pension de retraite classique, case 1AS (déclarant 1), case 1BS (déclarant 2)
- sur option pour l’imposition au taux forfaitaire de 7,5% cases 1AD et suivantes
- sur option selon le système du quotient
Les cas 2. et 3. constituent des alternatives à la déclaration comme une pension de retraite, que l’on peut utiliser quand ce choix s’avère plus favorable pour le contribuable.
En cas d’option pour le système du quotient pour déclarer un VFU, la somme perçue est alors déclarée comme revenu exceptionnel, en page 3 du formulaire 2042 C (case ØXX). Dans ce cas, au moment de calculer l’impôt, le fisc ajoute le quart du revenu exceptionnel au revenu net imposable. L’impôt supplémentaire dû sur cette fraction du revenu est multiplié par 4 et additionné à l’impôt sur les autres revenus.
Pour la déclaration, le même choix est possible pour la déclaration et la taxation du capital perçu à l’échéance d’un Perp versé en capital.
Allocations de préretraite
Les allocations perçues en préretraite doivent être déclarées en cases 1AP à 1DP, . Ces cases se situent à la page 3 du formulaire 2042, pour les personnes utilisant une feuille d’impôt papier.
Rentes viagères à titre onéreux
Les rentes viagères à titre onéreux, comme les viagers immobiliers, doivent être déclarées à l’administration fiscale. Il peut s’agir également des rentes servies dans le cadre d’un plan d’épargne pour la retraite collectif (Perco), à l’exception des sorties en capital qui sont exonérées d’impôt. Les rentes d’assurance vie versées par une compagnie d’assurance ou la Caisse nationale de prévoyance (CNP) sont également soumises au même régime d’imposition s’il y a versement d’un capital en espèces.
Elles subissent une imposition particulière variable avec l’âge : seulement une partie de la rente est imposée. Vous devez indiquer dans les cases 1AW à 1DW le montant des rentes perçues pour chaque âge d’entrée en jouissance. Le fisc détermine lui-même les fractions imposables qui varient comme suit :
- 70% si le premier versement est effectué avant 50 ans
- 50% entre 50 et 59 ans
- 40% entre 60 et 69 ans
- 30% au-delà de 70 ans
Pour un couple dans lequel chaque conjoint perçoit une rente, il faut déterminer la fraction imposable en fonction de l’âge de chacun au moment où le versement a débuté.
Indemnités et prime de départ à la retraite ou en préretraite : déclaration 2024
Les modalités d’imposition de l’indemnité ou de la prime perçue lorsqu’on part à la retraite varient selon la forme du départ à la retraite (mise à la retraite résultant d’une décision de l’employeur ou départ volontaire). Ce qui a des conséquences sur la déclaration.
« Le total des sommes perçues est, en principe, déjà imprimé sur votre déclaration de revenus pré remplie », rappelle l’administration fiscale. Toutefois, en cas d’erreur ou d’oubli, il faut renseigner le montant réel des indemnités de départ en retraite ou de préretraite.
La somme correspondante est comprise dans les revenus d’activité déclarés case 1AJ (pour une personne seule) et le contribuable doit en plus déclarer sa prime case 1AX en tant que salaire de nature exceptionnelle (sauf cas particulier : option pour le système du quotient).
Départ volontaire à la retraite
Les indemnités perçues suite à un départ volontaire en retraite ou préretraite sont imposables (sauf dans le cadre d’un plan social ou PSE).
La somme perçue est à déclarer pour son montant total, sans abattement fiscal spécifique, dans la rubrique traitement et salaires (cases 1AJ et 1BJ pour les déclarants 1 et 2, 1CJ à 1FJ pour les personnes à charge).
Départ en retraite à l’initiative de l’employeur
En cas de mise en retraite à l’initiative de l’employeur, les indemnités bénéficient d’une exonération partielle : elle ne sont pas imposables « dans la limite du montant prévu par la loi ou par la convention collective, l’accord professionnel ou interprofessionnel ».
Cette part de prime ou indemnité de départ à la retraite est exonérée d’impôt dans la limite du plus élevé des 3 montants ci-après (montants pour la déclaration 2024) :
- montant légal de départ à la retraite (variable en fonction de l’ancienneté) ou du montant fixé par la convention collective ou un accord interprofessionnel, sans limitation ;
- ou 50% de l’indemnité totale (indemnité légale ou conventionnelle + indemnités de fin de carrière facultatives), dans la limite de 5 Pass (plafond annuel de la sécurité sociale), soit 219.960 euros en 2023
- ou double de la rémunération annuelle brute de l’année civile précédente (2022 pour une prime perçue en 2023), dans la limite de 5 Pass (plafond annuel de la sécurité sociale), soit 219.960 euros en 2023
Passé ce seuil, le reste de vos indemnités est ajouté au revenu imposable et à déclarer dans la même ligne et les mêmes conditions que les salaires (sauf en cas d’option pour le quotient ou étalement, voir ci-après).
Départ en préretraite
Le régime d’imposition des primes et indemnités de préretraite dépend du type de préretraite et du contexte de leur attribution. On peut distinguer 3 situations :
- Si le départ en préretraite survient avec rupture du contrat de travail, les indemnités perçues sont imposables pour leur montant total (sans exonération) dans la catégorie des traitements et salaires. La somme correspondante est à déclarer ligne 1AJ.
- Si les indemnités de départ volontaire en préretraite sont versées dans le cadre d’un plan social, elles bénéficient d’une exonération totale d’impôt sur le revenu, il n’est pas nécessaire de les déclarer.
- S’il n’y a pas de rupture du contrat de travail (préretraite progressive par exemple) l’indemnité de départ est imposable pour son montant total et à déclarer ligne 1AJ.
Le mécanisme de l’étalement (lissage à parts égales sur 4 ans de la part imposable de l’indemnité) ne peut plus être demandé pour les indemnités touchées depuis le 1er janvier 2020 (voir ci-dessous).
Prime de départ à la retraite : le système du quotient
Afin d’éviter d’augmenter brutalement le montant d’impôt sur le revenu en lien avec la perception d’une indemnité de départ à la retraite ou en préretraite, on peut déclarer cette somme en utilisant le seul mécanismes d’atténuation de l’impôt proposé par le fisc, le système du quotient, le mécanisme de l’étalement n’existant plus.
Pour plus d’infos, lire l’article : Étalement et système du quotient : avantages méconnus des impôts en cas de prime ou de revenus exceptionnels
Le système du quotient permet quant à lui de bénéficier d’un calcul de l’impôt en conservant sa tranche habituelle d’imposition (pas d’imposition de la prime de départ imposable dans une tranche supérieure). Il consiste :
- à ajouter le quart du revenu exceptionnel au revenu courant
- puis à quadrupler le supplément d’impôt correspondant au quart du revenu exceptionnel.
Pour en bénéficier, il faut cocher la case 0XX ou ØXX. Si cette case est cochée, il ne faut pas déclarer le montant imposable de la prime case 1AJ (ou 1BJ à 1FJ pour les autres déclarants).
Ce dispositif est valable pour les revenus exceptionnels suivants :
- prime ou indemnité de départ à la retraite hors plan social
- part imposable de la prime versée en cas de mise à la retraite par l’employeur
- prime ou indemnité de départ en préretraite hors plan social
L’étalement permettait quant à lui de déclarer seulement un quart de l’indemnité perçue, le solde étant divisé à parts égales sur les trois déclarations suivantes. Le dispositif de l’étalement a été supprimé pour les revenus exceptionnels perçus depuis le 1er janvier 2020.
L’option pour l’étalement s’exerçait de la façon suivante :
- joindre une demande écrite à la déclaration de revenus
- inscrire cases 1AJ à 1FJ le quart de la part fraction non exonérée de l’indemnité au titre de l’année de perception
- inscrire cases 1AP à 1FP « Autres revenus imposables » de chacune des déclarations des trois années suivantes, le quart de la part imposable de la prime
Attestation fiscale de retraite 2023, comment l’obtenir
Pour vérifier le montant de sa retraite imposable, on peut se référer à l’attestation fiscale 2023 de son ou de ses régimes de retraite.
Désormais, pour la plupart des régimes, cette attestation n’est plus envoyée par La Poste mais mise à disposition en ligne, dans l’espace personnel de chaque organisme de retraite.
Il n’y a donc pas d’attestation fiscale unique commune à tous les régimes. Cela signifie qu’il faut faire ses propres additions pour calculer le montant total annuel de sa retraite nette imposable quand on est affilié à plusieurs régimes.
A l’assurance retraite (régime de base de la Sécurité sociale : caisses Cnav, Carsat), le montant imposable de la pension de retraite est disponible sur le site de l’Assurance retraite, dans l’espace personnel, à la rubrique « Consulter le montant déclaré à l’administration fiscale ». L’information est en principe disponible au plus tard le 15 avril de chaque année.
LES REVENUS NON IMPOSABLES
Allocations non imposables à la retraite
La plupart des prestations sociales ou allocations touchées par les retraités ne sont pas soumises à l’impôt et ne doivent pas être déclarées. Les allocations suivantes sont exonérées de fiscalité :
• Retraité handicapé : ne pas déclarer l’AAH
L’Allocation aux adultes handicapés (AAH) n’est pas imposable, de même que l’ensemble des prestations au handicap servies par l’État, les collectivités territoriales et les établissements publics.
La prestation compensatoire du handicap, la garantie de ressources pour les personnes handicapées et la majoration pour la vie autonome échappent également à l’impôt sur le revenu.
Les sommes perçues en 2023 au titre de l’AAH ou d’une autre allocation servie en compensation du handicap ne sont donc pas à déclarer.
Revenus d’invalidité non imposables
L’allocation supplémentaire d’invalidité (ASI) est exonérée d’impôt, il n’est donc pas nécessaire de déclarer le montant perçu aux impôts. L’ASI est versée en complément d’une pension d’invalidité aux personnes qui n’ont pas encore l’âge légal de la retraite et qui ne peuvent pas encore bénéficier de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa).
Les pensions militaires d’invalidité ne sont pas soumises à l’impôt sur le revenu. Même traitement fiscal pour les allocations temporaires versées aux grands invalides, aux grands mutilés de guerre et l’indemnité de soins aux tuberculeux de guerre. Enfin, les pensions versées aux veuves de guerre (fonctionnaires civils et militaires) sont également exonérées.
Il n’est pas nécessaire de déclarer les sommes correspondantes.
La retraite mutualiste du combattant
La rente de la retraite mutualiste du combattant (RMC), versée notamment par la Carac et l’Union mutualiste retraite (UMR) aux combattants, anciens combattants et victimes de guerre, n’est pas imposable en dessous de 1.881 euros sur l’année 2022.
Ce plafond d’exonération est égal au plafond de rente annuelle fixé chaque année par l’État.
Les sommes perçues au-delà de ce seuil sont imposables comme des rentes viagères à titre onéreux.
Petite retraite : cas de l’aide financière versée par un enfant ou sans lien de parenté
Si on dispose de très faibles ressources (par exemple quand on est bénéficiaire de l’Aspa), les sommes versées par son enfant ou un autre descendant pour payer une maison de retraite ou un établissement de type Ehpad où l’on réside, ainsi que les frais d’hospitalisation, ne sont pas soumis à l’impôt.
Aucun plafond ou barème n’est défini légalement : l’administration fiscale détermine le montant maximum d’exonération au cas par cas.
Par ailleurs, on a droit à une contrepartie fiscale quand on héberge chez soi une autre personne que ses ascendants (frère, sœur, oncle, tante, personne sans aucun lien de parenté) en situation de grand âge et disposant de faibles ressources, en vertu de l’article 156 du CGI II-2° ter.
Précisément, les dépenses pour l’accueil sous son toit d’une personne âgée de plus de 75 ans sont déductibles des revenus dans la limite de 3.968 euros dans la déclaration 2024.
Pour y prétendre, la personne recueillie doit respecter les conditions suivantes :
- être âgée de plus de 75 ans (née avant le 1er janvier 1949 pour la déclaration et l’imposition des revenus de 2023)
- ne pas bénéficier d’une pension alimentaire,
- vivre en permanence sous le toit du contribuable
- disposer d’un revenu imposable qui ne dépasse pas le plafond de ressources permettant de bénéficier de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa).
L’avantage en nature dont bénéficie la personne recueille n’est pas imposable et ne doit pas être déclaré par cette dernière.
Dans la rubrique « Charges déductibles et imputations diverses » de la déclaration (formulaire 2042 C pour les utilisateurs d’une feuille d’impôt), l’hôte doit remplir les cases suivantes à ce titre :
- case 6EU : montant des frais d’accueil 2023
- case 6EV : nombre de personnes recueillies